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Résister, encore et encore …
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n°26 du 23/03/2005
Alain KERHERVE Militant gaulliste de la France d'en bas. Alain KERHERVE Responsable du site |
Les sondages qui ont émaillé les dernières semaines de campagne ont au moins un point commun : seul un tiers des Français se déclare intéressé par le débat sur le traité constitutionnel européen qui est soumis à ratification par voie référendaire.
Les partisans du « OUI » à cette constitution, PS-Verts (sauf les "dissidents" !), UMP (sauf les "dissidents" !), et UDF (sauf quelques "dissidents" !), se sont organisés autour de deux thèmes centraux, à défaut de pouvoir convaincre à partir du texte lui-même.
Pour beaucoup de nos concitoyens, la complexité du sujet alimente ce désintérêt, mais il convient aussi de noter ce sentiment d’impuissance qui se manifeste : quoi qu’ils fassent ou pensent, les dés sont jetés. La responsabilité des médias sur ce point est évidente. La diabolisation du vote négatif est particulièrement pesante : dire non à ce traité, c’est être un anti-européen primaire et ringard. C’est vouloir la guerre, alors que ceux qui disent oui sont les messagers de la paix. Ils veulent nous faire croire que l’Europe a fait la paix, alors que c’est la paix qui fait l’Europe. Dans les réunions publiques, sur Internet, sur les marchés… les distributions de tracts explicatifs (par nature modérés) exaspèrent ceux qui n’acceptent pas l’éventualité d’un NON majoritaire. Pour eux, nous sommes des anti-européens, comme s’il ne pouvait exister qu’une seule façon de concevoir l’Europe (dans ce cas, pourquoi demander l’avis des Français ?). Leur déchaînement frôle bien souvent l’inquisition. Ce raccourci simpliste basé sur la peur perturbe beaucoup de nos concitoyens, notamment ceux qui n’ont pas encore arrêté leur position. Mais comme le précise Michel Anfrol, « Les dissidents de 2005, déjà qualifiés de " traîtres " à leur parti, peuvent attendre avec sérénité la sanction de l’Histoire ». Patience ! Courbons l’échine, mais n’abdiquons pas. - En votant NON, la France serait montrée du doigt ; elle deviendrait le « vilain mouton noir » nous promet le Président de la République. - Que faire le 30 mai si la veille les Français rejettent cette Europe supranationale, ultralibérale et atlantiste, refusant ainsi de tourner la page d’une " certaine idée de la France " écrite par le Général de Gaulle et ceux qui l’ont suivi et soutenu ? Poursuivre notre chemin avec le traité de Nice approuvé par l’ensemble des pays de l’Union, faut-il le rappeler, traité valable jusqu’en 2009. L’Europe fonctionne aujourd’hui, elle ne fonctionnera pas plus mal demain : il n’y aura pas de chaos ! - Qui peut penser sérieusement que l’Europe va disparaître si le peuple de France se rebiffe ? La France en a vu d’autre, et ceci est le lot des peuples libres et des nations qui avancent. Si l’Europe sans la France n’a plus de raison d’être comme aiment à nous le susurrer nos « amis » européens ou d’outre atlantique, la France sans la maîtrise de son destin n’est rien. - Par contre, l’abaissement de la France, phantasme secret de certains qui estiment la France trop gênante, est insupportable et inacceptable pour nos concitoyens. " L'Europe ne peut servir à camoufler l'effacement d'une France qui n'aurait plus, sur le plan mondial, ni autorité, ni idée, ni message, ni visage. " clamait bien fort Jacques Chirac face à Valéry Giscard d’Estaing dans son fameux appel de Cochin approuvé par tous les héritiers du gaullisme.
Mais en ce début mai 2005, un autre constat s’impose à tous : les partisans du oui squattent les médias. Des associations, des syndicats, des journalistes protestent contre «l'omniprésence» des partisans du traité dans toute la presse.
En disant NON, les Français donneront à la
France et Le renouveau de la construction européenne nécessite une méthode simple, pédagogique, interactive et organisée en trois phases : un constat partagé, une vision de l’Europe, une feuille de route pour y parvenir.
Le constat, état des lieux instantané, identifie nos atouts et nos faiblesses. Il doit être partagé par une large majorité des acteurs politiques, notamment par le parlement de chacun des Etats membres. Il ne peut y avoir de projet sans un constat préalable globalement approuvé de tous.
La vision de l’Europe ne peut se concevoir qu’à long terme. A ce niveau, il est évident que plusieurs conceptions peuvent s’affronter. C’est la condition indispensable à un véritable débat sur ce que nous voulons (Limites de l’Europe, organisation fédérale ou confédérale, degré plus ou moins prononcé d’intégration, répartition des compétences dans les différents scénarii, conditions du partage du pouvoir, etc.) C’est à ce niveau que doit intervenir la décision souveraine du peuple. Ce dessein doit s’appuyer sur un texte simple et compréhensible de tous, sans orientation politique gravée dans le marbre comme c’est le cas aujourd’hui, laissant ainsi aux peuples des Etats membres le soin de décider de leur avenir en toute souveraineté. Pour être forte, l’Europe doit concentrer ses efforts sur des domaines essentiels. Avons-nous besoin d’un « machin » pour fixer le taux de TVA des restaurants Français ?
Ce projet s’imposant à tous, il s’agit, dans cette troisième phase, de définir les étapes et les moyens nécessaires pour sa mise en œuvre. Sous le contrôle de leurs institutions parlementaires respectives et des instances européennes existantes, en constante relation avec les acteurs sociaux-économiques et dans le cadre d’une parfaite information en direction des citoyens, les exécutifs des Etats membres mèneront les politiques nécessaires à la réalisation des objectifs définis. Chaque Etat ira à son propre rythme, dans les domaines où il excelle ; il ne peut pas en être autrement sauf au risque de créer des tensions permanentes mettant en péril l’ensemble de l’édifice.
A partir de ces quelques considérations, le véritable débat sur l’avenir de l’Europe pourra être engagé : quelle Europe voulons-nous ?
Cette chance, nous devons la saisir. Il n’y en aura pas d’autre avant longtemps.
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