Le billet de Michel Anfrol

 (l'Indépendance n° 22 -  avril 2005)
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Les résistants du NON

 

 

S’achemine-t-on vers une excommunication majeure, une incarcération en quartier de haute sécurité intellectuelle et constitutionnelle, une expulsion du territoire national (si tant est qu’il y ait encore un) de tous ceux qui s’apprêtent à voter « non » ? Les déclarations de nombreux dirigeants politiques laissent présager les pires sanctions contre les « dissidents » qui refusent la pensée unique politiquement correcte estampillée « Bruxelles ».

En 1936, une majorité de Front Populaire avait été élue pour donner aux Français « le pain, la paix, la liberté ». Il y eu le rationnement, la guerre, l’asservissement. En juillet 1940, cette même majorité à laquelle se joignit la droite modérée ou extrême, abandonna entre les mains d’un très vieux Maréchal de France tous les pouvoirs parlementaires et démocratiques. La majorité des grands partis approuva cette décision comme elle avait approuvé la capitulation que les légalistes appelaient armistice. Quatre vingt parlementaire irréductible avaient voté « non ». Plusieurs d’entre eux furent traînés sur le banc d’infamie.

Au même moment, un jeune général de brigade à titre temporaire votait « non » à sa manière en choisissant de continuer le combat. Il fut condamné à la peine maximale et déchu de tous ses droits. Quelques militaires de haut rang et des centaines de jeunes volontaires se rangèrent à ses côtés. O, les appela tout d’abord les « dissidents » avant de les qualifier de traîtres puis de terroristes dont l’attitude inconsciente et irresponsable allait provoquer cataclysmes et catastrophes, et empêcher la construction de l’Europe nouvelle que le Maréchal appelait de ses vœux avec l’accord de son voisin d’outre-Rhin.

On sait comme tout cela se termina. Les « dissidents » de 2005, déjà qualifiés de « traîtres » à leur parti, peuvent attendre avec sérénité la sanction de l’Histoire.