W. Churchill

G. de Courcel

René Pleven

Monclar

Koenig

Juin 40 : De gaulle, René Cassin, la France.

Retour                                                                              Mis en ligne le 31 janvier 2007

 

"Vous tombez à pic" lui a dit le général de Gaulle quand il s'est présenté à Saint-Stephen's House, ce 29 juin 1940.

René Cassin connaît les effectifs de la France libre en ce chaud mois de juin. 2265 Français. Toute l'indignation de la France. Maigre "armée" pour un peuple de quarante et un millions d'individus. Heureusement qu'il y a la Grande-Bretagne. W. Churchill fait confiance à de Gaulle pour lequel il éprouve de l'amitié : "C'est le seul Français qui soit venu à nous. C'est un démocrate, un vrai", note le Premier ministre britannique.

Le 28 juin, recevant le Général, W. Churchill l'a reconnu de manière officielle comme "Chef des Français libres". Au cours de cet entrevue, il a précisé sa pensée : "Il n'a pas pu encore se former de comité national français composé d'hommes politiques, de chefs militaires et de diplomates que le gouvernement de sa Majesté puisse reconnaître. Eh bien, je vous reconnais tout seul, en ce pays, comme leader des Français libres, qui en n'importe quel lieu, seront prêts à se joindre à vous, pour soutenir la cause des alliés".

Le bel acte de naissance de la France libre a été bien reçu par la presse britannique. Pour de Gaulle, l'important maintenant est d'entériner cela par un accord qui pose les bases de l'armée française. Il lui reste le cadre juridique à définir lorsque René Cassin franchit la porte de son bureau.

"Nous ne sommes pas une légion étrangère dans l'armée britannique. Nous sommes l'armée française" constate le juriste, un peu dubitatif.

- "Nous sommes la France" réplique le Général.

Sur son banc, René Cassin sourit en consultant le dossier de presse que le chétif secrétariat du Général lui a fourni. Deux documents lui paraissent, cependant, intéressants. L'un émane du gouvernement britannique en date du 23 juin. Après avoir critiqué les termes de l'armistice signé entre la France et l'Allemagne, il conclut : " En conséquence, le gouvernement de sa majesté ne peut plus considérer le gouvernement de Bordeaux comme celui d'un pays indépendant."

L'autre est le corollaire de cette conclusion. Le gouvernement britannique, en effet, annonce qu'il reconnaîtra un comité français qui serait décidé à continuer la lutte et à remplir les obligations internationales de la France.

 

La France libre est née

Le professeur Cassin possède là deux éléments précieux auxquels s'ajoute la déclaration de W. Churchill qui vient de paraître dans le "Times".

Pour lui, la force militaire qui a rejoint le général de Gaulle est "française par sa composition, son drapeau, sa langue et son commandement unique". Bien entendu, les combattants auront la garantie des soldes et pensions diverses. Toutes ces sommes attribuées par les Britanniques ne seront, en fait, que des avances. Ainsi, de Gaulle peut traiter d'égal à égal avec ses hôtes.

René Cassin présente son projet au général de Gaulle qui l'accepte tout comme d'ailleurs w. Churchill. La France libre est née. Elle possède désormais sa légitimité.

De Gaulle organise son état-major. De Courcel (Sur la photo avec le Général) demeure son chef de cabinet, René Cassin prend en charge le conseil de défense de l'Empire. René Pleven gère les finances. Maurice Schumann devient le porte-parole. André Labarthe est à l'armement et le capitaine Leclerc prend la responsabilité des opérations. Quant à Dewavrin (dit "Passy"), il est chargé du service de renseignement ; Monclar, le capitaine Koenig et Thierry d'Argenlieu réorganisent les forces aériennes, terrestres et navales sous l'autorité de l'amiral Muselier.

En août, la France libre compte 7000 personnes dans ses rangs. Elle est structurée. Il ne lui reste plus qu'à conquérir l'Afrique afin de préparer le retour en France.

Au Tchad, un modeste gouverneur, Félix Eboué, décide de rallier les Forces françaises libres. Le 15 juillet 1940, le Général lui adresse un télégramme pour l'assurer de son concours. "Qui tient le Tchad, tient l'Afrique" disait déjà Mangin. Le 26 août, le Cameroun tombe aux mains de Leclerc et de Boislambert qui, avec 23 hommes prennent le pouvoir à Douala. Le Congo, grâce à de Larminat, tombe dans l'escarcelle gaulliste. En agissant de cette manière, de Gaulle protège l'Empire français et s'installe en territoire national. L'Afrique-Equatoriale lui est dans l'ensemble favorable. Mais l'Occidentale demeure, en cet été 40, fidèle à Vichy.