Alain KERHERVE Militant Gaulliste adhérent UMP
15/12/2004
Suivi : 26 janvier 2005, aucune réponse 27 février, aucune réponse. 23 mars, toujours aucune réponse. 14 mai. Aucune nouvelle!!! |
Monsieur le Président, Le 23 novembre 2003, la Commission[1] des Affaires étrangères du Parlement européen de Strasbourg fut saisie d’un projet de résolution du député allemand Laschet (groupe PPE) dont le point central était la « communautarisation » des sièges permanents français et anglais au Conseil de sécurité de l’ONU. Ce « rapport d’initiative » traitant d’un sujet qui n’est pas (encore) dans les attributions du Parlement européen, a fait l’objet d’un vote en séance plénière au cours de la mini-session additionnelle de celui-ci à Bruxelles les 28 et 29 janvier 2004. Les conclusions de ce rapport sur «les relations entre l’Union européenne et l’Organisation des Nations unies » ont été approuvées à une très large majorité (367 pour, 62 contre), au sein de laquelle la totalité des députés français RPR, UDF, PS et Verts. Pour donner encore plus d’éclat à ce vote, il fut organisé en couplé avec la remise du prix Sakharov à Monsieur Kofi ANNAN, Secrétaire Général des Nations Unies. Bien entendu, les intentions ainsi présentées sont louables : renforcer le rôle des Nations-Unies et accroître le poids de l’Europe. Mais cette proposition tendant à mettre en place une « diplomatie hors sol » se traduit par des conséquences importantes pour la France et les autres pays européens : - substitution d’un contrôle démocratique national par un contrôle du Parlement européen ; - disparition à moyen terme des sièges français et anglais du Conseil de sécurité. Car le texte est très clair : ce rapport û « demande instamment aux états membres de l’UE de se mettre de toute urgence d’accord sur la réforme institutionnelle du système des Nations unies, dans la perspective de l’acquisition prochaine, par l’UE, de la personnalité juridique », û propose au Conseil européen, donc aux Etats membres, « la participation de l’Union européenne comme membre à part entière du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU », û et précise « que le ministre des Affaires étrangères de l’UE, dont les fonctions sont définies dans le projet de Constitution européenne, devrait occuper ce siège ». Il n’est pas interdit de concevoir un tel scénario, mais il doit alors être clairement affirmé et présenté aux Français. Il est notoirement évident que ce n’est pas le cas, le rapport Laschet étant quasiment inconnu de nos concitoyens. De plus, les propositions de ce rapport doivent être analysées à la lumière du projet de traité constitutionnel européen qui doit faire l’objet d’une ratification par référendum au cours de l’année 2005, avec, notamment, la mise en œuvre de la personnalité juridique de l’Union Européenne. D’ailleurs, une partie des députés européens britanniques a compris l’enjeu majeur de ce rapport, et a déposé lors du débat un amendement n°1 tendant à garantir à la France et à la Grande-Bretagne la conservation de leur siège au Conseil de sécurité. Cet amendement a été rejeté majoritairement, avec l’aide des députés français RPR, UDF, PS et Verts. Cette proposition est très préoccupante. Quelle aurait été la position de la France dans l’affaire irakienne si l’organisation de l’UE avait été telle qu’elle est conçue dans ce rapport voté ? Il est évident que le siège de la France au Conseil de sécurité représente l’un des derniers atouts majeurs de la diplomatie française. La position de la France a été approuvée sans réserve par nos concitoyens, mais également par une très large majorité des peuples des nations européennes et des autres continents. Ainsi, la coalition américano-britannique n’a pu se prévaloir de l’assentiment de l’Organisation des Nations Unies. Les députés européens français, et en particulier ceux qui ont été élus sous nos couleurs en 1999, avaient-ils reçu mandat pour aller si prestement en ce sens ? Ceux qui viennent d’être élus sous l’étiquette UMP ont-ils, à partir des thèmes évoqués lors de la campagne électorale (personne n’a abordé ce point), l’intention de poursuivre sur cette voie ? Et vous, Monsieur le Président, - vous qui nous avez promis lors du magnifique congrès du Bourget de dire tout haut ce que vous pensez, - vous qui avez promis de donner aux militants le droit de s’exprimer et de trancher sur les grands problèmes, - vous qui avez été plébiscité pour conduire l’UMP, répondez clairement et sans faux-fuyants à nos préoccupations concernant la France, sa place dans le monde, son indépendance et son droit d’être en désaccord avec d’autres Nations, fussent-elles des Nations amies et alliées. Je suis un militant de l’UMP, un de ces innombrables citoyens qui vibrent encore au son de notre hymne national. Je ne suis qu’un, mais je sais qu’une très grande majorité de ceux qui se réclament notamment de la sensibilité gaulliste pense ainsi. Pour terminer, je soumets à votre appréciation cette déclaration du Général de Gaulle (29 mars 1969) qu’évidemment vous connaissez : "Notre Europe tout entière, après avoir subi tant de déchirements, de guerres et de révolutions, discerne dans ses profondeurs que, pour elle, la vie - oui la vie ! - exige désormais la détente, l'entente et la coopération, par-dessus toutes les barrières dressées par les idéologies rivales, les rancunes accumulées, les blocs opposés, les régimes différents. Mais qui ne voit, en même temps, qu'un tel changement ne peut avoir d'autre base que l'action délibérément conjuguée d'états qui soient maîtres d'eux-mêmes et d'autre ferment, pour chacun d'entre eux, que sa personnalité nationale ?" Certain que votre réponse sera sincère ... [1] Dans cette commission, outre le Président Elmar Brock (Allemand), la résolution était défendue au nom du groupe PPE par Madame Doris PACK (Allemande), Monsieur Hans-Gert Pöttering, président allemand du PPE, Monsieur Jannis Sakellariou ( également Allemand) pour le groupe socialiste.
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