Législatives 1967

Retour                                                                                                                  Mis en ligne le 30 octobre 2007

  •  30 juin 40

"Je crois que la Russie entrera dans la guerre avant l'Amérique, mais qu'elles y entreront l'une et l'autre. Avez-vous lu Mein Kampf ? Hitler pense à l'Ukraine. Il ne résistera pas à l'envie de régler le sort de la Russie, et ce sera le commen-cement de sa perte… Si Hitler avait dû venir à Londres, il y serait déjà. Maintenant, la bataille d'Angleterre ne se livrera plus que dans les airs, et j'espère que quelques aviateurs français y prendront part. En somme, la guerre est un problème terrible, mais résolu. Il reste à ramener toute la France du bon côté."[1]

C'est ainsi que Charles de Gaulle confie, ce 30 juin 1940, à Daniel-Rops sa vision de la guerre et du rôle qu'il faut y jouer.

 

"Pendant que nous réduisions, pas à pas et non sans peine, la distance diplomatique qui séparait Washington de la France Libre, nous parvenions, d'un bond, à nouer avec Moscou des relations d'alliance. Il faut dire qu'à cet égard l'attaque déclenchée par Hitler, en mettant la Russie en péril de mort s'simplifiait la procédure. D'autre part, les Soviets constataient l'absurdité de la politique par laquelle ils avaient, en 1917 et en 1939, traité avec l'Allemagne en tournant le dos à la France et à l'Angleterre. On vit les dirigeants du Kremlin, dans l'extrême désarroi où les plongeait l'invasion, retourner leur attitude immédiatement et sans réserve. Alors que la radio de Moscou n'avait pas cessé d'invectiver contre "les impérialistes anglais" et "leurs mercenaires gaullistes" jusqu'à l'instant même où les chars allemands franchissaient la frontière russe, on entendit les ondes de Moscou prodiguer les éloges de Churchill et à de Gaulle littéralement une heure après.

Dans tous les cas, pour la France écrasée, le fait que la Russie se trouvait jetée dans la guerre ouvrait les plus grandes espérances. A moins que le Reich ne réussît rapidement à liquider l'armée des Soviets, celle-ci ferait subir à l'adversaire une constante et terrible usure. Je ne doutais évidemment pas qu'une victoire à laquelle les Soviets auraient pris une part capitale pourrait, de leur fait, dresser ensuite d'autres périls devant le monde. On devrait en tenir compte, tout en luttant à leurs côtés. Mais je pensais qu'avant de philosopher il fallait vivre, c'est-à-dire vaincre. La Russie en offrait la possibilité."

Mémoires de Guerre – L'appel

 


[1] "De Gaulle" de Paul-Marie de la Gorce – La France Libre Page 278

  •  Surprise du 22 juin ! Surprise totale.

"C'est une de ces nuits de week-end pendant lesquelles les hommes d'Etat paresseux s'absentent, les soldats paresseux boivent et les chefs nazis aiment à déclencher leurs grandes opérations". La phrase est de Fabre-Luce, journaliste et écrivain français favorable au régime de Vichy.

Surprise d'abord pour Staline qui, même après les premières bombes, croit toujours à la solidité de ce pacte germano-soviétique au nom duquel il est volontairement resté sourd aux avertissements de ses espions et n'a même pas réagi aux incursions des avions allemands dont les photos ouvrent toutes les voies à l'invasion.

Surprise d'une armée soviétique qui, mal réveillée, mal commandée, insuffisamment armée, doit, en quarante-huit heures, reculer de cinquante à cent vingt kilomètres, sous l'assaut de cinq millions d'hommes, appuyés par 50.000 canons, 3.000 chars, précédés par 2.900 avions qui, en toute tranquillité, ont pu opérer contre soixante-dix aérodromes russes.

Surprise des communistes français qui, le premier jour, reprochent essentiellement à Hitler sa "trahison". Dans l'édition spéciale de L'Humanité clandestine annonçant le déclenchement du conflit, un grief majeur est fait à l'Allemagne : celui d'avoir violé le pacte de non-agression signé avec l'U.R.S.S. en s'abstenant (remarque pleine de sel lorsque l'on sait le respect que Staline porte aux traités) de "la moindre représentation diplomatique[1]".

Certes, très vite, le parti communiste va se reprendre, affirmant que le devoir des Français est "d'aider le pays du socialisme par tous les moyens", ces moyens étant la propagande pour lutter contre l'image d'une Allemagne aisément victorieuse, la grève et surtout l'attentat moins pour gêner directement l'occupant que pour créer, autour de lui, un climat d'insécurité. Mais, pendant les premières heures qui suivent l'agression, il a été ce parti que l'évènement surprend même s'il le délivre de toutes les ambigüités et lui donne enfin licence de se lancer dans des actions dont, la veille encore, il ne savait pas si elles étaient pures ou impures, permises ou défendues.


[1] Le cynisme d'Hitler violant un pacte lui-même parfaitement cynique, est rappelé dans le discours prononcé par Staline le 3 juillet et encore dans la plupart des textes de L'Humanité suivant l'agression

 

u  Lors de la visite de Sarkozy en Russie, un monument a été inauguré en l'honneur des pilotes français et soviétiques qui ont combattu ensemble l'Allemagne nazie.

A cette occasion, "L'Humanité" du 10 octobre 2007, journal du Parti Communiste Français, a rappelé l'épopée des pilotes français de Normandie-Niemen. Mais il est aussi important de préciser, une nouvelle fois, la position ambiguë qui a été celle de l'URSS et du PCF au début de l'invasion Allemande.  lire la suite
 

u  La signature du Pacte Molotov-Ribbentrop le 23 août 1939, était un pacte de non-agression entre l'Allemagne nazie et l'Union Soviétique. lire la suite