La
signature du Pacte Molotov-Ribbentrop le 23 août 1939, était un
pacte de non-agression entre l'Allemagne nazie et l'Union
Soviétique. Ce protocole secret établissait comment la Finlande,
l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Roumanie
devaient être partagées entre les 2 puissances. L'invasion de la
Pologne en Septembre 1939 vit l'application du protocole
qui,
tout comme la guerre d'Hiver et les chantages diplomatiques de
Staline de Juin 1940, menaçait d'utiliser la force contre
la Roumanie pour obtenir la Bessarabie et les régions moldaves.
Presque tous les pays du protocole cédèrent (sauf la Finlande ce
qui déclencha la guerre d'Hiver) et au final l'Union soviétique
annexa "pacifiquement" l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie, la
Bessarabie roumaine, et ses régions biélorusses moldaves et
ukrainiennes roumaines sans que les pays occidentaux ne fassent
de commentaires.
Un pacte de non agression
D'un côté, Hitler cherchait à s'assurer de l'intervention
soviétique dans la guerre que le Troisième Reich préparait à
l'ouest. De l'autre côté, l'échec des pourparlers
anglo-franco-soviétiques en août 1939, dû aux atermoiements de
Chamberlain et aux refus polonais de laisser l'Armée rouge
passer sur le territoire polonais[1],
fit comprendre à Staline qu'il ne pourrait pas imposer un pacte
de réciprocité entre l'Union soviétique, l'Angleterre et la
France, De plus, la signature des accords de Munich en septembre
1938 donnaient à penser à Staline qu'il ne pourrait pas non plus
compter sur l'Angleterre et la France pour s'opposer
sérieusement à l'expansion agressive du Troisième Reich. Ceci
conduisit la diplomatie soviétique à signer un traité de
non-agression le 23 août entre le Troisième Reich et l'Union
soviétique - le pacte Molotov-Ribbentrop.
La paternité du pacte est parfois attribuée à Hitler uniquement.
Dans Deux ans d'alliance germano-soviétique, Angelo Tasca, le
fondateur du Parti communiste italien, membre du Komintern
écrit : «L'idée d'un accord germano-russe n'était pas
d'origine allemande, mais russe, Elle a été lancée par Staline
dans un discours du XVIIIème Congrès du PCUS [note : en mars
1939]»
Protocoles secrets
En plus de la clause de non-agression, le pacte comportait
plusieurs protocoles restés longtemps secrets. Notamment un
partage de la Pologne était déjà prévu, anticipant l'invasion
allemande du 1er septembre 1939 et celle, consécutive, de
l'Armée rouge le 17 septembre 1939. Les deux armées occupèrent
alors chacune une moitié du pays. un protocole stipulant que les
deux parties avaient l'obligation de prendre des mesures pour
prévenir et empêcher toute action de la Résistance polonaise,
allant même jusqu'à prévoir des consultations mutuelles à propos
de toutes les actions répressives qui sembleraient utiles :
"Aucune des deux parties ne tolérera sur
son territoire d'agitation polonaise quelconque qui menacerait
le territoire de l'autre partie, Chacune écrasera sur son propre
territoire tout embryon dune telle agitation, et les deux
s'informeront mutuellement de tous les moyens adéquats pouvant
être utilisés à cette fin."
Ces moyens font l'objet d'échanges
constants entre la Gestapo et le NKVD, durant 'tout l'hiver 1939
– 1940, moment à partir duquel chacun des deux occupants
s'appliquera à se débarrasser des élites polonaises, Les
Allemands mettent en avant des critères raciaux et les
Soviétiques des critères de classes, mais l'Église catholique,
pilier de l'identité nationale de la Pologne, sera persécutée
par les deux parties. Fort logiquement, les exactions commises
par chacune des deux parties furent tues et ne reçurent aucun
écho dans les presses nationales.
D'autres clauses secrètes attribuaient à l'Union soviétique le
contrôle des pays baltes et de la Bessarabie (actuelle
République de Moldavie), en échange de quoi Staline livrait à
Hitler de nombreux réfugiés antifascistes allemands et
autrichiens réfugiés en Union soviétique (ce fut notamment le
cas de Margaret Buber-Neumann et du fondateur du Parti
communiste autrichien, Franz Koritschoner).
Rôle stratégique du pacte
Chaque partie pouvait trouver son intérêt dans ce pacte. D'un
côté, l'Union soviétique le voyait comme un répit pour combler
son important retard militaire sur le Troisième Reich, ceci
avant une guerre perçue comme inéluctable (Hitler disait
d'ailleurs qu'il ne tiendrait ses engagements qu'aussi longtemps
qu'ils lui seraient profitables), De l'autre côté, ce pacte
permettait au Troisième Reich de rapatrier des divisions,
notamment blindées, vers l'ouest, saris craindre une attaque
soviétique venant de l'est. Les Allemands purent ainsi envahir
la France par une Blitzkrieg, avant de s'appuyer sur ce front
ouest pour se retourner finalement contre l'Union soviétique,
l'envahissant le 22 juin 1941 (opération Barbarossa[2]),
rompant ainsi de facto le pacte.
[2] Nommée en
référence à l'empereur Frédéric Barberousse, l'opération
Barbarossa (en allemand. hunternehmen Barbarossa) fut le nom de
code pour l'invasion par le Ille Reich de l'URSS pendant la
Seconde Guerre mondiale. Déclenchée le 22 juin l94l, elle ouvre
le front de l'Est qui devient le théâtre d'opération principal
de la guerre, terrestre en Europe (de 19,41 à 1945, 80% des
pertes de la Wehrmacht sont subies sur le front russe) et le
facteur crucial dans le succès ou la défaite du Troisième Reich
nazi. Ce front va être le théâtre de l'essentiel des plus
grandes et des plus sanglantes batailles de la Seconde Guerre
mondiale. Cette invasion marque aussi un tournant dans la
guerre, jusque-là, encore assez localisée et européenne. Elle va
bientôt embraser le monde entier. |
Lors
de la visite de Sarkozy en Russie, un monument a été inauguré en
l'honneur des pilotes français et soviétiques qui ont combattu
ensemble l'Allemagne nazie.
A cette occasion, "L'Humanité" du 10
octobre 2007, journal du Parti Communiste Français, a rappelé
l'épopée des pilotes français de Normandie-Niemen. Mais il est
aussi important de préciser, une nouvelle fois, la position
ambiguë qui a été celle de l'URSS et du PCF au début de
l'invasion Allemande.
La fraternité d'armes entre la
Russie et la France va être célébrée cet après-midi à Moscou par
Nicolas Sarkozy et Vladimir Poutine avec l'inauguration d'un
monument à la mémoire de l'escadrille Normandie-Niemen, au parc
de Lefortovo. Lors des commémorations de mai 2005 pour le 60e
anniversaire de la victoire des Alliés, Jacques Chirac avait
déposé une gerbe à la mémoire des as de ce régiment à la
résidence Normandie-Niemen, sur les bords de la Moskova.
Les deux chefs d'État avaient
rendu un hommage vibrant aux combats communs des deux peuples
contre le nazisme et rencontré les derniers survivants de cette
épopée de la Seconde Guerre mondiale. Vladimir Poutine avait
repris alors les propos du général de Gaulle et salué sa vision
d'une « Europe de l'Atlantique à l'Oural ».
Le 28 novembre 1942, les premiers
pilotes et mécaniciens français de l'escadrille Normandie, qui
sera la seule force occidentale à combattre aux côtés de l'Armée
rouge sur le sol soviétique, débarquaient en URSS, Alors que la
France est occupée par la Wehrmacht et que Pétain est à Vichy,
cette unité d'aviation a été créée le 1er septembre 1942 par de
Gaulle pour représenter la France libre combattante sur le front
de l'Est. Le nom de l'escadron "Normandie" est choisi car c'est
une des régions les plus touchées par la guerre.
Le général de Gaulle, qui est à
son QG à Londres, souhaite à cette époque s'affranchir de la
-tutelle des Britanniques. Pour le chef de la France libre, le
front de l'Est apparaît capital dans le conflit mondial et la
force qui l'emportera aura un avantage décisif pour la victoire
finale sur le régime hitlérien.
Après de longues négociations
avec l'URSS, le groupe quitte la base aérienne de Rayack, au
Liban, afin de rejoindre la base d'Ivanovo (située à 250
kilomètres au nord-est de Moscou). via l'Irak et l'Iran.
Au total, l'escadron a participé
à trois campagnes majeures contre les forces de l'Axe et
effectué 5 240 missions. 42 pilotes sont morts au combat sur les
96 volontaires qui ont formé les rangs du régiment aérien.
L'unité a reçu pour ses combats sur le fleuve Niémen le titre de
«régiment du Niémen» le 21 juillet 1944. À compter de ce jour,
Normandie portera l'appellation de "régiment Normandie-Niemen".
L'escadrille a reçu plusieurs
décorations militaires russes et françaises. Le 20 juin 1945,
les militaires français pourront se poser au Bourget où ils
seront accueillis en héros. Quatre pilotes ont été élevés à la
dignité de « Héros de l'Union soviétique ». Vingt et un ont été
faits Compagnons de la Libération par le général de Gaulle.
Aujourd'hui, sur la maison
Normandie-Niemen figure une plaque de marbre commémorative en
l'honneur des pilotes du groupe de chasse. C'est dans cet
immeuble que le général Petit, représentant la France libre à
Moscou, prépara l'arrivée des premiers volontaires. En hommage à
ces pilotes, l'écrivain soviétique Ilya Grigorievitch Ehrenbourg
affirmait : "La Russie n'oubliera jamais que les Français
pilotes au "Normandie" sont venus chez nous avant Stalingrad." |