Législatives 1967

Retour                                                                                                                  Mis en ligne le 28 octobre 2007

  •  Le pacte Ribbentrop-Molotov

La signature du Pacte Molotov-Ribbentrop le 23 août 1939, était un pacte de non-agression entre l'Allemagne nazie et l'Union Soviétique. Ce protocole secret établissait comment la Finlande, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Roumanie devaient être partagées entre les 2 puissances. L'invasion de la Pologne en Septembre 1939 vit l'application du protocole qui, tout comme la guerre d'Hiver et les chantages diplomatiques de Staline de Juin 1940,  menaçait d'utiliser la force contre la Roumanie pour obtenir la Bessarabie et les régions moldaves. Presque tous les pays du protocole cédèrent (sauf la Finlande ce qui déclencha la guerre d'Hiver) et au final l'Union soviétique annexa "pacifiquement" l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie, la Bessarabie roumaine, et ses régions biélorusses moldaves et ukrainiennes roumaines sans que les pays occidentaux ne fassent de commentaires.

 

Un pacte de non agression

D'un côté, Hitler cherchait à s'assurer de l'intervention soviétique dans la guerre que le Troisième Reich préparait à l'ouest. De l'autre côté, l'échec des pourparlers anglo-franco-soviétiques en août 1939, dû aux atermoiements de Chamberlain et aux refus polonais de laisser l'Armée rouge passer sur le territoire polonais[1], fit comprendre à Staline qu'il ne pourrait pas imposer un pacte de réciprocité entre l'Union soviétique, l'Angleterre et la France, De plus, la signature des accords de Munich en septembre 1938 donnaient à penser à Staline qu'il ne pourrait pas non plus compter sur l'Angleterre et la France pour s'opposer sérieusement à l'expansion agressive du Troisième Reich. Ceci conduisit la diplomatie soviétique à signer un traité de non-agression le 23 août entre le Troisième Reich et l'Union soviétique - le pacte Molotov-Ribbentrop.

La paternité du pacte est parfois attribuée à Hitler uniquement. Dans Deux ans d'alliance germano-soviétique, Angelo Tasca, le fondateur du Parti communiste italien, membre du Komintern écrit : «L'idée d'un accord germano-russe n'était pas d'origine allemande, mais russe, Elle a été lancée par Staline dans un discours du XVIIIème Congrès du PCUS [note : en mars 1939]»

 

Protocoles secrets

En plus de la clause de non-agression, le pacte comportait plusieurs protocoles restés longtemps secrets. Notamment un partage de la Pologne était déjà prévu, anticipant l'invasion allemande du 1er septembre 1939 et celle, consécutive, de l'Armée rouge le 17 septembre 1939. Les deux armées occupèrent alors chacune une moitié du pays. un protocole stipulant que les deux parties avaient l'obligation de prendre des mesures pour prévenir et empêcher toute action de la Résistance polonaise, allant même jusqu'à prévoir des consultations mutuelles à propos de toutes les actions répressives qui sembleraient utiles :

"Aucune des deux parties ne tolérera sur son territoire d'agitation polonaise quelconque qui menacerait le territoire de l'autre partie, Chacune écrasera sur son propre territoire tout embryon dune telle agitation, et les deux s'informeront mutuellement de tous les moyens adéquats pouvant être utilisés à cette fin."

Ces moyens font l'objet d'échanges constants entre la Gestapo et le NKVD, durant 'tout l'hiver 1939 – 1940, moment à partir duquel chacun des deux occupants s'appliquera à se débarrasser des élites polonaises, Les Allemands mettent en avant des critères raciaux et les Soviétiques des critères de classes, mais l'Église catholique, pilier de l'identité nationale de la Pologne, sera persécutée par les deux parties. Fort logiquement, les exactions commises par chacune des deux parties furent tues et ne reçurent aucun écho dans les presses nationales.

D'autres clauses secrètes attribuaient à l'Union soviétique le contrôle des pays baltes et de la Bessarabie (actuelle République de Moldavie), en échange de quoi Staline livrait à Hitler de nombreux réfugiés antifascistes allemands et autrichiens réfugiés en Union soviétique (ce fut notamment le cas de Margaret Buber-Neumann et du fondateur du Parti communiste autrichien, Franz Koritschoner).

 

Rôle stratégique du pacte

Chaque partie pouvait trouver son intérêt dans ce pacte. D'un côté, l'Union soviétique le voyait comme un répit pour combler son important retard militaire sur le Troisième Reich, ceci avant une guerre perçue comme inéluctable (Hitler disait d'ailleurs qu'il ne tiendrait ses engagements qu'aussi longtemps qu'ils lui seraient profitables), De l'autre côté, ce pacte permettait au Troisième Reich de rapatrier des divisions, notamment blindées, vers l'ouest, saris craindre une attaque soviétique venant de l'est. Les Allemands purent ainsi envahir la France par une Blitzkrieg, avant de s'appuyer sur ce front ouest pour se retourner finalement contre l'Union soviétique, l'envahissant le 22 juin 1941 (opération Barbarossa[2]), rompant ainsi de facto le pacte.

 


[1] Le gouvernement polonais craignait à juste titre que le gouvernement soviétique ne cherche à annexer les territoires litigieux reçus par la Pologne en 1920 après la paix de Rïga qui mit fin à la guerre Sovieto-polonaise

[2] Nommée en référence à l'empereur Frédéric Barberousse, l'opération Barbarossa (en allemand. hunternehmen Barbarossa) fut le nom de code pour l'invasion par le Ille Reich de l'URSS pendant la Seconde Guerre mondiale. Déclenchée le 22 juin l94l, elle ouvre le front de l'Est qui devient le théâtre d'opération principal de la guerre, terrestre en Europe (de 19,41 à 1945, 80% des pertes de la Wehrmacht sont subies sur le front russe) et le facteur crucial dans le succès ou la défaite du Troisième Reich nazi. Ce front va être le théâtre de l'essentiel des plus grandes et des plus sanglantes batailles de la Seconde Guerre mondiale. Cette invasion marque aussi un tournant dans la guerre, jusque-là, encore assez localisée et européenne. Elle va bientôt embraser le monde entier.

  •  Normandie-Niemen : 65 ans après, Russes et Français se souviennent

Lors de la visite de Sarkozy en Russie, un monument a été inauguré en l'honneur des pilotes français et soviétiques qui ont combattu ensemble l'Allemagne nazie.

A cette occasion, "L'Humanité" du 10 octobre 2007, journal du Parti Communiste Français, a rappelé l'épopée des pilotes français de Normandie-Niemen. Mais il est aussi important de préciser, une nouvelle fois, la position ambiguë qui a été celle de l'URSS et du PCF au début de l'invasion Allemande.

 

 

La fraternité d'armes entre la Russie et la France va être célébrée cet après-midi à Moscou par Nicolas Sarkozy et Vladimir Poutine avec l'inauguration d'un monument à la mémoire de l'escadrille Normandie-Niemen, au parc de Lefortovo. Lors des commémorations de mai 2005 pour le 60e anniversaire de la victoire des Alliés, Jacques Chirac avait déposé une gerbe à la mémoire des as de ce régiment à la résidence Normandie-Niemen, sur les bords de la Moskova.

Les deux chefs d'État avaient rendu un hommage vibrant aux combats communs des deux peuples contre le nazisme et rencontré les derniers survivants de cette épopée de la Seconde Guerre mondiale. Vladimir Poutine avait repris alors les propos du général de Gaulle et salué sa vision d'une « Europe de l'Atlantique à l'Oural ».

Le 28 novembre 1942, les premiers pilotes et mécaniciens français de l'escadrille Normandie, qui sera la seule force occidentale à combattre aux côtés de l'Armée rouge sur le sol soviétique, débarquaient en URSS, Alors que la France est occupée par la Wehrmacht et que Pétain est à Vichy, cette unité d'aviation a été créée le 1er septembre 1942 par de Gaulle pour représenter la France libre combattante sur le front de l'Est. Le nom de l'escadron "Normandie" est choisi car c'est une des régions les plus touchées par la guerre.

Le général de Gaulle, qui est à son QG à Londres, souhaite à cette époque s'affranchir de la -tutelle des Britanniques. Pour le chef de la France libre, le front de l'Est apparaît capital dans le conflit mondial et la force qui l'emportera aura un avantage décisif pour la victoire finale sur le régime hitlérien.

Après de longues négociations avec l'URSS, le groupe quitte la base aérienne de Rayack, au Liban, afin de rejoindre la base d'Ivanovo (située à 250 kilomètres au nord-est de Moscou). via l'Irak et l'Iran.

Au total, l'escadron a participé à trois campagnes majeures contre les forces de l'Axe et effectué 5 240 missions. 42 pilotes sont morts au combat sur les 96 volontaires qui ont formé les rangs du régiment aérien. L'unité a reçu pour ses combats sur le fleuve Niémen le titre de «régiment du Niémen» le 21 juillet 1944. À compter de ce jour, Normandie portera l'appellation de "régiment Normandie-Niemen".

L'escadrille a reçu plusieurs décorations militaires russes et françaises. Le 20 juin 1945, les militaires français pourront se poser au Bourget où ils seront accueillis en héros. Quatre pilotes ont été élevés à la dignité de « Héros de l'Union soviétique ». Vingt et un ont été faits Compagnons de la Libération par le général de Gaulle.

Aujourd'hui, sur la maison Normandie-Niemen figure une plaque de marbre commémorative en l'honneur des pilotes du groupe de chasse. C'est dans cet immeuble que le général Petit, représentant la France libre à Moscou, prépara l'arrivée des premiers volontaires. En hommage à ces pilotes, l'écrivain soviétique Ilya Grigorievitch Ehrenbourg affirmait : "La Russie n'oubliera jamais que les Français pilotes au "Normandie" sont venus chez nous avant Stalingrad."