NOTES
1- Le lecteur voudra bien excuser cette mention biographique,
peut-être pas inutile cependant à un moment de la campagne électorale où
les discrédits ad hominem et les arguments de pure autorité semblent
avoir pris le pas sur la stricte considération des contenus, auxquels
j’en viens immédiatement.
2- Dans le cadre de la campagne électorale, Dialogue &
Initiative orchestre le soutien au projet de Constitution des ministres
(Dominique Perben, Dominique Bussereau…) et parlementaires (François
Baroin, Valérie Pécresse…) liés à ce club, par l’organisation de
dîner-débats, la création d’un site Internet
www.lesamisduoui.com,
la production d’argumentaires, de petits films humoristiques et de
"cartes à gratter".
3- Composées de membres de cabinets ministériels, de
membres du Service d’Information du Gouvernement (SIG), d’un membre du
Cabinet du Premier Ministre, de membres de l’état-major de Dialogue &
Initiative, ainsi que des membres de la Commission Europe.
4- C’est à ce moment précis de la campagne électorale
que, face à la montée du Non dans les sondages, a été décidé de se
battre non plus sur le terrain des idées mais en discréditant le camp du
Non (on nous a juste informés de ce changement de stratégie, décidé
ailleurs). Pour cela, il s’agissait de « faire donner la charge » par
des personnalités de la société civile (intellectuels, sportifs, stars
en tous genres) influentes sur l’opinion publique, tout en s’autorisant
à employer des méthodes contestables dans leur principe et douteuses
dans leur expression, comme les attaques personnelles ou ces cartes à
gratter dont Le Monde du 08 mai s’est fait l’écho. On me dira sans doute
que c’est là le lot de toute campagne électorale : sans doute, mais cela
n’autorise pas à s’en satisfaire et à ne pas chercher à s’en distinguer.
5- via la signature, depuis quelques dizaines d’années,
des traités antérieurs qui se trouvent intégrés à la partie III. Le
concert unanime des soutiens au projet de Constitution, de François
Hollande à DSK, de Jacques Chirac à Nicolas Sarkozy, étonnamment soudés,
manifeste combien droite et gauche libérale confondues se reconnaissent
également responsables d’un texte qu’ils appellent de leurs vœux depuis
plus d’une dizaine d’années. Ils le revendiquent d’ailleurs
explicitement.
6- Cela est même très expressément prévu par la
Déclaration A 30 de l’acte final du texte « concernant la ratification
du Traité établissant une Constitution pour l’Europe » (p. 186 dans
l’exemplaire du Traité constitutionnel envoyé à tous les Français).
7- puisque les arguments de raison n’étaient plus
écoutés
8- Ce libéralisme liberticide, qui restreint
dogmatiquement la liberté de choix économiques, se condamne lui-même en
se contredisant ainsi. Dès 1952 d’ailleurs, de Gaulle stigmatisait les
absurdes prétentions à s’absolutiser d’un « libéralisme qui ne libère
personne ».
9 - Que toute autre considération soit subordonnée à ce
principe libéral, c'est en effet incontestable : pour la première fois
dans un Traité européen, le principe d’une « concurrence libre et non
faussée » se voit élevé au rang d’objectif de l’Union. Ce n’était
jusqu’ici qu’un simple moyen (cf. le traité CE consolidé, article
I-3-g). L’article I-3-2 définit la réalisation d’un « marché intérieur
où la concurrence est libre et non faussée » comme le deuxième objectif
de l’Union par ordre d’importance, auquel tous les autres se trouvent
par conséquent subordonnés.
10 - Cela éclate dans plusieurs aspects : dans son
caractère illisible pour le commun (ce qui présente pour avantage de
contraindre le citoyen à devoir s’en remettre, pour se déterminer, aux
arguments d’autorité des "experts" et des "personnalités" plutôt qu’à sa
raison), dans le fait qu’à propos d’un même article on puisse
juridiquement soutenir une chose et son contraire, dans le fait qu’elle
proclame une « Charte des droits fondamentaux » pour aussitôt la vider
de son contenu (cf. argument 4), qu’elle allie curieusement dispositions
institutionnelles et politiques économiques, etc.
11- La partie constitutionnelle proprement dite
(c’est-à-dire celle qui concerne la répartition des pouvoirs au sein de
l’Union) ne concerne que les parties I et IV du texte. La partie III,
qui reprend les politiques économiques définies dans les traités
antérieurs, est subrepticement glissée pour recevoir du même coup
l’approbation des citoyens : on nous assure benoîtement que puisqu’elle
ne fait que reprendre les traités antérieurs, elle n’ajoute rien de
nouveau…oui, à ceci près que c’est la première fois que l’on nous
demande notre avis sur cette partie là des traités européens, et
que, surtout, l’on nous demande d’élever au rang de Constitution ce qui
n’était jusqu’alors que de simples traités internationaux. Ces
politiques économiques contenues dans la partie III n’ont rien à faire
dans une Constitution, sauf si justement l’on poursuit d’autres
objectifs que ceux que l’on proclame.
12- Conscients des réticences de certains peuples, et
du peuple français entre tous, face aux évolutions libérales de la
société, on a recours à un subterfuge pour faire passer (et inscrire
dans la durée, au nom de la générosité de l’idée d’une union européenne)
une pilule un peu difficile à avaler.
13- Le décalage croissant entre l’exigence d’un projet
social ambitieux traditionnellement porté par la France et l’idéologie
libérale bruxelloise que l’on nous demande aujourd’hui de ratifier est
chaque jour plus manifeste : c’est en France que la directive Bolkestein
a provoqué le plus grand tollé (auquel les politiques ne se sont joints
que sur le tard pour ne pas être dépassés). On peut être sûr que cette
directive, actuellement « mise en sommeil » à Bruxelles, ressurgira
sitôt le référendum français passé (cf.argument 18) .
14- En pratique, toute possibilité de retour en arrière
est écartée puisqu’il s’agit d’une Constitution qui ne peut être
modifiée que par une double unanimité : d’une part celle de tous les
chefs d’Etat, d’autre part celle de tous les peuples. Outre donc
l’extrême difficulté technique qu’il y aura à modifier la Constitution
européenne (mais cela est relativement compréhensible si l’on souhaite
lui assurer la stabilité d’une Constitution), il va sans dire que, le
peuple français étant le plus socialement exigeant des peuples
européens, il ne sera très vraisemblablement pas suivi par l’unanimité
des peuples européens quand il exprimera des velléités de progrès social
rognant l’orthodoxie libérale
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Je m’appelle Thibaud de La Hosseraye,
j’ai 28 ans et une formation à la fois commerciale (HEC, spécialisation
« Europe ») et philosophique (D.E.A). Sur les mérites supposés de ces
diplômes (et, peut-être, d’un prix de l’Académie des Sciences morales et
Politiques) (1), j’ai été recruté en décembre 2004 par
le club Dialogue & Initiative pour participer bénévolement à leurs
travaux. Laboratoire d’idées du courant de pensée de Jean-Pierre
Raffarin, donc véritable « brain trust » du Premier Ministre, Dialogue &
Initiative est structuré en Commissions chargées d’approfondir
différentes thématiques en vue d’alimenter la réflexion des
parlementaires se reconnaissant dans cette sensibilité politique
(2).
J’ai pour ma part intégré la
Commission Europe. Mais ce que je n’avais pas prévu, c’est que, d’une
réflexion de fond devant initialement porter sur le contenu de
l’identité européenne, nous allions bientôt nous trouver engagés de
plain-pied dans la campagne référendaire. Dès janvier 2005, il n’a plus
été question de réfléchir posément à la définition de « la meilleure
Europe possible », nous étions activement mobilisés pour produire des
argumentaires en faveur du Oui.
Ayant toujours été très
favorable à la construction européenne et n’éprouvant aucune réticence à
l’idée de la doter d’une Constitution, je me suis volontiers adapté, et
j’ai commencé à étudier de près ce projet de Constitution pour produire
des argumentaires de soutien. Cela était somme toute cohérent : c’est
parce que ma spécialité supposée était l’argumentation que l’on me
missionnait à présent en priorité sur la rédaction d’argumentaires.
Alors que je m’acquittais du
moins mal que je pouvais du travail que l’on m’avait confié, j’ai été,
au milieu de la campagne, lors d’une de nos réunions hebdomadaires du
lundi (3), troublé d’entendre le participant le plus
autorisé énoncer sur le ton de l’évidence que « comme on ne peut pas
contrer les arguments du Non, il faut le discréditer, le ringardiser »(4)
…. sans que cela ne soulève la moindre vague de protestation chez les
participants.
Outre son caractère déontologiquement contestable, cette stratégie me
paraissait se fonder sur la résignation à une déconvenue théorique : or,
pour ma part, c’était parce que j’étais convaincu de la plus grande
pertinence des arguments du Oui que j’acceptais de militer en sa faveur.
Mais, du jour où je constatais
que ceux-là même qui proclamaient haut et fort leur attachement au
projet de Constitution n’hésitaient pas, dans le même temps, à
reconnaître la supériorité théorique des arguments du Non… sans en tirer
pour eux-mêmes de conséquences, j’étais en droit de m’interroger sur
leurs motivations réelles à soutenir leur camp. Si ce n’était pas par
conviction, pour quelle raison, alors ?
Nul ne peut le dire à leur
place. Mais, pour ce qui est des responsables politiques eux-mêmes, dont
les participants aux réunions de Dialogue & Initiative ne sont que les
fidèles collaborateurs (plus ou moins directs), il suffit ici de
constater combien leur engagement si fébrile en faveur d’un Oui qui ne
les convainc pas paraît à tout le moins accréditer l’hypothèse que leur
spontanéité à choisir leur camp se trouve limitée par l’intérêt direct
qu’ils ont à ce que cette Constitution soit ratifiée : en cas de
victoire du Non, ils seraient les premiers à en faire les frais dans la
mesure où ils seraient définitivement discrédités pour renégocier
quelque nouvelle Constitution que ce soit.
Et en effet, si cette
Constitution dont gouvernements de droite comme de gauche se sont rendus
responsables(5) ne passe pas, le problème n’est pas
qu’elle ne pourra pas être renégociée (6), mais
seulement que c’est par eux qu’elle ne pourra pas l’être (cf. l’argument
11). Dès lors il devient impératif, pour tout professionnel de la
politique disons un minimum soucieux de son avenir, d’user de tous les
moyens disponibles pour faire passer cette Constitution, qu’il soit ou
non convaincu de ses bienfaits.
Ce à quoi nous assistons.
Pour ma part, la prise en
compte de ce caractère irrationnel(7) du soutien au
projet de Constitution m’a enjoint à un surcroît d’exigence
intellectuelle : puisque les arguments d’autorité qui m’avaient
jusqu’alors impressionné en faveur de la Constitution ne me paraissaient
plus recevables, parasités qu’ils étaient par des calculs personnels, je
ne pouvais désormais prendre appui, pour soutenir mon Oui, que sur des
arguments dûment fondés en raison.
Autrement dit, cette remarque
si révélatrice faite tout haut en réunion, jointe à mon côtoiement
régulier des membres de cabinets ministériels (lors de nos réunions
hebdomadaires), m’a donné une succincte mais suffisante connaissance du
contexte qui m’a reconduit à une lecture plus attentive, davantage
littérale du texte lui-même.
Pour mon travail sur les argumentaires, on ne me demandait d’ailleurs
pas autre chose, et puis, n’avais-je pas été recruté aussi pour
l’indépendance d’esprit censée permettre un authentique travail
intellectuel ?
Or justement, en revenant au
texte, rien qu’au texte, je n’ai pu qu’être intrigué par son caractère
disparate, mêlant curieusement dispositions institutionnelles et
prescriptions de politique économique qui n’ont a priori rien à faire
dans une Constitution. Pourquoi diable avoir brouillé le message
proprement constitutionnel avec des prescriptions économiques relevant
d’un autre ordre juridique, celui d’une loi-cadre ? Et quelle conclusion
en tirer, sinon que cette Constitution poursuit manifestement d’autres
objectifs que strictement constitutionnels ?
C’est par un tel raisonnement,
aussi scrupuleusement impartial et documenté que possible, que j’ai peu
à peu réalisé une chose qui a choqué le démocrate en moi, la fonction
inavouée du projet de Constitution : servir de machine d’accréditation
exclusive et définitive d’une idéologie politique déterminée, celle du
libéralisme.
Tout se passe comme si les rédacteurs de cette Constitution, de droite
comme de gauche, avaient cherché à profiter d’une nécessaire réforme des
institutions européennes –que nul ne conteste dans une Europe élargie à
25 membres– pour constitutionnaliser en douce la politique économique à
laquelle ils étaient unanimement favorables.
Inutile de préciser que je ne
suis pas pour autant passé du libéralisme social (à vocation humaniste)
qui caractérise le courant Raffarin au socialisme, même libéral, d’un
Cohn-Bendit ou d’un DSK. Pour moi, le libéralisme est tout à fait
défendable, au moins à moyen terme, comme orientation d’une politique
économique salutaire dans une conjoncture économique donnée, mais pour
autant seulement qu’on ne prétende pas l’absolutiser en principe
directeur exclusif de toute autre possibilité d’orientation économique
(8). Il me semble que toute la puissance de
rassemblement du gaullisme résidait précisément dans cette capacité
d’ouverture théorique, éminemment démocratique et pragmatique,
permettant de conjuguer, selon les circonstances et les domaines,
jusqu’aux extrêmes du capitalisme et de la planification.
Ce qu’il y a d’inacceptable,
dans le projet de Constitution, c’est que le libéralisme n’y est pas
présent seulement comme une politique parmi d’autres possibles, mais
comme l’unique principe normatif d’un processus qui s’affirme
irréversible et qui se subordonne explicitement l’ensemble des objectifs
déclarés, y compris d’ordre social (9).
Et, ce qui est plus inacceptable encore, c’est que toutes les
précautions soient prises pour le dissimuler à une lecture honnête
(10).
C’est donc la prise de
conscience que cette Constitution avait pour fonction d’être un écran de
fumée constitutionnalisant une idéologie déterminée, qui m’est apparu
comme un grave danger pour la démocratie, et qui a converti mon « oui du
cœur » en un « non de raison ».
Bien que les références et contraintes
libérales courent dans toutes ses parties (I, II, III et IV), ce que
l’on cherche en priorité à constitutionnaliser, dans cette Constitution
c’est la partie III, qui est une reprise des traités antérieurs et qui
élève de ce fait leur contenu au rang de Constitution.
Je m’explique :
L’objectif officiel de cette Constitution est d’apporter à l’Union
européenne les modifications institutionnelles lui permettant de
fonctionner à 25 membres.
Mais très vite, on s’aperçoit que cet objectif est dépassé, et sert en
fait de prétexte pour faire passer autre chose de bien plus important
(11). En effet, la Constitution consacre 60 articles
aux questions proprement institutionnelles et tout le reste – si on
exclut la longue et inefficiente « Charte des droits fondamentaux » (54
articles) – à la définition des politiques de l’Union, soit 325 articles
sur un total de 448 ! C’est dire si cette Constitution décrit moins des
institutions que des politiques, moins un contenant que des contenus.
L’objectif officieux, bien réel, est de consacrer enfin en un seul texte
référent plus de 10 ans de dérive européenne vers un modèle de politique
économique tendancieux, exclusivement libéral, et en cela éminemment
idéologique par sa prétention à exclure toute possibilité d’alternative
réelle.
On nous demande donc en réalité bien plus que notre avis sur de simples
évolutions institutionnelles : on nous demande si oui ou non nous
voulons constitutionnaliser ce texte là qui, à des dispositions
proprement institutionnelles, ajoute des prescriptions économiques
d’exclusivisme libéral.
Il ne me paraît par conséquent
pas trop fort de parler de manipulation démocratique, dans la mesure où
l’on use sciemment d’un subterfuge(12) (la promotion
d’évolutions institutionnelles, habillées d’une rassurante rhétorique
sociale et humaniste) pour faire enfin ratifier, sans avoir l’air d’y
toucher, ce que l’on sait pertinemment être une doctrine économique des
plus suspectes aux yeux de l’opinion publique française (en raison même
de l’attachement toujours manifesté de celle-ci à l’idéal social et
républicain hérité de la Révolution de 1789 et précisé dans le programme
de la Résistance mis en œuvre par le Général de Gaulle dès 1945).
C’est même précisément en raison de son caractère notoirement
incompatible avec la spécificité du projet social français que les
dirigeants européens de droite comme de gauche, prévoyant les réticences
du peuples français à sanctuariser la doctrine économique du libéralisme
si on le lui demandait clairement, ont trouvé ingénieux de confier à
Valéry Giscard d’Estaing, fin connaisseur des réalités françaises et fin
tacticien, le soin de diriger la rédaction d’une Constitution glissant
habilement ce qui pouvait être contesté au milieu d’aménagements
institutionnels incontestés (13). On ne cherche rien
de moins qu’à forcer la main aux peuples, et d’abord à celui d’entre eux
dont la priorité sociale est sans doute la plus exigeante.
En définitive, tout indique que
cette Constitution a été rédigée dans le but très précis d’impliquer la
volonté populaire –et plus particulièrement française- dans la
constitutionnalisation d’une certaine doctrine économique, à l’exclusion
de toute autre, alors même que le propre d’une Constitution
démocratique, ou même simplement authentiquement libérale, est de
permettre au peuple souverain de pouvoir choisir entre différentes
théories économiques.
Si, après l’adoption de cette Constitution, il n’a plus le choix
qu’entre le libéralisme et le libéralisme –que l’on y soit ou non
favorable, là n’est pas la question–, où est encore la liberté ?
Dès lors, la responsabilité du peuple français dans le scrutin du 29 mai
est la suivante : cautionner ou non, par son suffrage, des évolutions
libérales qui excluent toute possibilité de retour en arrière(14),
et donc toute possibilité de faire à l’avenir d’autres choix en matière
économique. Souhaitons-nous, oui ou non, nous attacher définitivement le
cou à une doctrine économique, quelles que puissent être ses dérives
ultérieures ou ses contre-performances ?
C’est l’ampleur de ce danger
que je vais à présent m’efforcer de montrer, à travers l’exposé de 15
arguments, à ma connaissance inédits, en faveur du Non. Par mon rôle
même chez Dialogue & Initiative, j’ai une certaine familiarité avec les
arguments du Non, mais les points suivants n’ont, me semble-t-il, jamais
encore été relevés, en dépit de leur importance, à mes yeux décisive. A
quoi tient le fait qu’ils soient encore inédits ? Je ne me l’explique
pas. Peut-être fallait-il d’abord toute la distance d’une position
longtemps favorable au Oui pour permettre leur ébauche, puis les
nombreux débats qui m'en ont précisé les contours.
Exposé
des arguments |