Les dossiers d'Objectif-France Magazine
20 mars 2007

 

Nécessité de l’indépendance

 
  • Pierre LE FRANC, ancien chef de Cabinet du général de Gaulle

Il n’y a pas de personnalité sans indépendance. La subordination en imposant des contraintes aux sentiments et aux actes obstrue l’esprit d’initiative et entrave l’action. Il en est de même pour les nations qui n’existent plus dès lors qu’elles sont occupées ou régentées d’ailleurs. Notre époque en fournit maints exemples, ne serait-ce que les malheureuses nations soumises hier à la tutelle de l’URSS.

De nos jours, les peuples ressentent si profondément cette nécessité de l’indépendance que dans nombre de parties du monde, ils se soulèvent pour rejeter le joug qui les fait plier.

Certes, à notre époque de mondialisation, il n’existe pas de totale indépendance puisque chacun est tributaire de ses importations et de ses exportations, mais dans l’exercice même de ce commerce persistent des intérêts nationaux qu’il est impératif de défendre sous peine de disparition.

Les questions économiques et sociales sont devenues primordiales et c’est à l’Etat d’assurer les meilleures conditions possibles. L’indépendance, c’est sans aucun doute pour lui la défense des intérêts propres aux membres de sa communauté. Sur le plan de la philosophie humaine les Etats riches ont le devoir d’aider les Etats pauvres, mais ceci dans la limite de leurs moyens et sans mettre en danger leur propre richesse. Sinon tous les associés deviendront pauvres et le résultat souhaité ne sera pas atteint.

La fusion de deux entités nationales est un projet peut-être séduisant mais irréaliste. L’Histoire démontre que de telles tentatives se soldent immanquablement par des révoltes. Le poids du passé, la survivance des habitudes, la force des croyances, les langues constituent des foyers jamais éteints.

Ainsi l’indépendance représente-t-elle la garantie de survie d’une nation mais, libre de ses choix, tout nation peut naturellement se lier à une autre pour des accords bilatéraux. Un groupe de nations peut également se constituer sur des bases de coopération pour des objectifs précis et dans des domaines arrêtés. Les exemples ne manquent pas de telles associations réussies, fructueuses et durables.

Toutefois, il importe que les partis engagées présentent le même équilibre économique, social et culturel ou, en tous cas, un équilibre comparable sous peine d’échec.

Il ne semble pas que l’on puisse réellement avancer dans les relations entre nations si une harmonisation des règles de la vie n’est pas réalisée. L’es règles de la vie, ce sont les lois qui se présentent le plus souvent sous la forme d’impôts, de taxes, de contrôles ; de limitations, d’innombrables obligations qui permettent le fonctionnement relativement harmonieux d’une société humaine. Comment coordonner des sociétés au fonctionnement extrêmement compliqué sans les faire reposer sur des bases identiques. Prenons l’exemple le plus simple : celui du tabac. Le même paquet coûte au-delà de la ligne symbolique d’une frontière la moitié du prix de l’autre côté de la ligne. Plus gravement, il en est de même de l’essence ; plus grave encore de la couverture sociale, du système des retraites, etc…

Dans l’analyse des résultats du récent référendum, il serait coupable de ne voir comme motivations que des considérations d’ordre matériel ; il existe un fort sentiment national qui, sans aucune ambition dominatrice, n’accepte pas la subordination.

L’indépendance n’est donc ni une valeur dépassée, ni une exigence incompatible avec l’évolution, c’est une nécessité pour toute nation qui veut survivre, c’est la référence dans le tumulte du progrès qui supprime les distances, réduit la valeur du temps et veut ignorer les identités. Or, l’humanité n’a progressé que par la coexistence et la rencontre de sociétés aux diverses personnalités apportant chacune la richesse de son histoire et de son visage.

 

Extrait de la revue Libres


 

" Ma première rencontre avec un soldat allemand date de septembre 1940. J'ai dix-huit ans. Trop jeune pour avoir été mobilisé, je rentre à Paris pour continuer mes études... a jeune sœur et moi voyageons par le train. Le convoi entre lentement dans la gare de Vierzon qui marque la ligne de démarcation, il s'arrête. Mon premier soldat allemand est installé sur une des passerelles qui supportent les signaux. Sa main est posée sur une mitrailleuse. Nos regards se heurtent. Dès cet instant, jusqu'à une nuit en Allemagne quatre années plus tard, tout Allemand, civil ou militaire, ne sera pour moi que la matérialisation d'un mal affreux qu'il faut abattre sans merci. Pendant toute la lutte, je m'efforcerai de conserver la résolution de ce premier affrontement... " De 1940 à 1947, à la mesure de l'histoire de notre pays, l'auteur a effectué un parcours impressionnant qui nous mène des prisons parisiennes et espagnoles, des centres de filtrage de l'Angleterre assiégée, aux combats pour la libération, en passant par les mystérieuses écoles pour agents secrets et autres saboteurs. Enfin, d'une résistance l'autre, Pierre Lefranc revient sur les raisons et les circonstances de son engagement politique, dès la libération avec le Général de Gaulle. Il fait partie de ceux dont le Général a dit: " Dans son chagrin, ils ont consolé la France ".

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