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L'arbre
cache-t-il la forêt ? Les informations distillées avec
beaucoup de retenue par le gouvernement laissent
présager une réforme de nos institutions nationales à
minima contrairement aux affirmations du candidat
Sarkozy à la présidentielle et au contenu du rapport
présenté par Edouard Balladur. A moins que le pouvoir
prépare, en catimini, une rupture bien plus profonde
avec les institutions de la Vème république
en instituant un régime présidentiel copié sur les
Etats-Unis !
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Le Conseil d'Etat a été saisi, le
20 mars, de l'avant-projet de loi constitutionnelle sur la
réforme des institutions, qui sera débattu dans les prochaines
semaines au Parlement.
Le PS, dont l'apport est
indispensable pour l'adoption du texte au parlement à la
majorité des trois-cinquièmes, a immédiatement fait savoir, par
la voix de son premier secrétaire François Hollande, qu'il ne
voterait pas le texte "en l'état".
Le Premier ministre, François
Fillon, a présenté en conseil des ministres une communication
sur la réforme, qui vise notamment, affirme-t-il, à renforcer
les prérogatives du Parlement.
Partager l'ordre du jour
L'avant-projet, rédigé avec
l'objectif de favoriser un consensus entre droite et gauche,
propose notamment de partager l'ordre du jour des assemblées
entre le gouvernement et le Parlement, de limiter le recours à
la procédure du 49-3 - qui permet au gouvernement de faire
adopter un texte sans vote du Parlement - et de renforcer les
pouvoirs du Parlement en matière de politique internationale et
européenne.
Le texte, critiqué par la gauche, limite à deux le nombre de
mandats présidentiels consécutifs. Il prévoit de "rénover les
modalités d'exercice du droit de message du président de la
République au Parlement".
L'une des propositions de la
commission Balladur sur la réforme des institutions, dont
Nicolas Sarkozy souhaitait faire la pierre angulaire du texte,
concerne la levée de l'interdiction pour le chef de l'Etat de
s'exprimer devant l'Assemblée nationale ou le Sénat, ou devant
les deux chambres réunies en congrès à Versailles.
Majorité des trois
cinquièmes
Pour que la réforme soit adoptée,
la voie référendaire étant exclue par l'exécutif, il lui faut
obtenir une majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés
au Congrès. Une majorité impossible à atteindre sans le soutien
des socialistes.
"En l'état, nous ne voterons pas
la réforme des institutions", a dit dans les couloirs de
l'Assemblée le premier secrétaire du PS. "Si ce texte n'est pas
modifié, n'est pas expurgé de ce qui ne devrait pas y figurer et
n'est pas complété par ce qui devrait y être, nous ne le
voterons pas", a-t-il affirmé.
François Hollande a également
réaffirmé l'opposition de son parti à la possibilité pour le
chef de l'Etat de s'exprimer devant l'Assemblée nationale ou le
Sénat, ou devant les deux chambres réunies en congrès à
Versailles.
L'avant-projet de loi prévoit
également d'instituer un Défenseur des droits des citoyens,
d'instaurer une exception d'inconstitutionnalité, qui
permettrait aux justiciables de contester devant le Conseil
constitutionnel la conformité des lois à la Constitution.
Le Conseil économique et social, dont la compétence serait
étendue aux questions environnementales, pourrait être saisi par
voie de pétition.
"Le consensus le plus
large possible"
Le président de l'Assemblée
nationale, Bernard Accoyer (UMP), s'est félicité "vivement" que
la révision constitutionnelle "entre dans sa phase active" avec
la transmission du projet de loi au Conseil d'Etat.
"Les avancées proposées pour renforcer les droits et l'exercice
des missions du Parlement auront des effets considérables sur le
fonctionnement de nos institutions, en particulier sur le
travail législatif", dit-il dans un communiqué.
Bernard Accoyer ajoute "qu'au
regard de l'enjeu fondamental de cette révision
constitutionnelle, il travaillera activement avec tous les
groupes parlementaires de l'Assemblée pour rechercher le
consensus le plus large possible".
La présidente du groupe
communiste, républicain et citoyen du Sénat a critiqué "une
révision en trompe-l'œil".
Le parlement "ne retrouve aucun
pouvoir réel par rapport à l'exécutif", écrit Nicole Borvo dans
un communiqué.
"Cette réforme comporte des
avancées sur le droit du Parlement et elle ne devrait comporter
que ces dispositions", a estimé François Hollande.
"Pas véritablement
rupture"
"Parce qu'en définitive, il y a
dans ce texte la présence du chef de l'Etat devant les
assemblées ce qui serait une aggravation, une accentuation
encore du pouvoir présidentiel", a-t-il dit.
"Il y a dans ce texte toujours la
possibilité pour le gouvernement, avec la majorité, de maîtriser
l'ordre du jour. Donc il n'y a pas véritablement rupture avec ce
qu'est la domination de l'exécutif sur le Parlement", a
poursuivi le député de la Corrèze.
Pour le premier secrétaire du PS,
"il y a surtout des absences dans ce texte. La première c'est ce
qui a trait aux règles du pluralisme puisque rien n'est dit
notamment sur le temps de parole du président de la République
qui resterait toujours hors de toute règle, c'est-à-dire qu'il
pourrait parler autant qu'il le voudrait sans compensation de la
part de l'opposition".
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