Allocution
télévisée de Georges Pompidou,
Durant le voyage officiel organisé par les gouvernements d'Iran
et d'Afghanistan, et qui a révélé l'immense prestige intellectuel,
politique et moral dont jouit la France actuelle dans ces pays
lointains, je n'ai cessé de suivre avec une grande tristesse le
développement du malaise universitaire, des manifestations
auxquelles il a donné lieu et qui ont trop souvent dégénéré,
contraignant le Gouvernement, comme c'est son devoir, à rétablir
l'ordre.
Aussi, dès mon retour, il y a à peine trois heures, j'ai réuni
les ministres compétents, puis après avoir conféré avec le président
de la République, et avec son accord, j'ai décidé que la Sorbonne
serait librement rouverte à partir de lundi, les cours reprenant à
la diligence du recteur et des doyens.
Des mesures seront prises pour que les candidats aux examens
n'aient pas à souffrir des retards pris dans leur travail.
À partir de lundi également, la Cour d'appel pourra,
conformément à la loi, statuer sur les demandes de libération
présentées par les étudiants condamnés.
Ces décisions sont inspirées par une profonde sympathie pour
les étudiants et par la confiance dans leur bon sens.
En rendant la Sorbonne à sa destination, nous la rendons aussi
à sa vocation qui est l'étude dans la discipline librement consentie
et, il le faut, dans la concertation, pour la rénovation de notre
Université.
Cette rénovation, le Gouvernement et moi-même n'avons cessé de
la proclamer indispensable. Nous l'avons déjà entreprise et nous la
poursuivons en collaboration avec tous les intéressés, maîtres et
étudiants.
Je demande à tous, et en particulier aux responsables des
organisations représentatives d'étudiants, de rejeter les
provocations de quelques agitateurs professionnels et de coopérer à
un apaisement rapide et total. Cet apaisement, j'y suis pour ma part
prêt.
Puisse chacun entendre mon appel. |