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De Gaulle et mai 68

 

Allocution télévisée de Georges Pompidou,
 

Discours du 11 mai

 

     Durant le voyage officiel organisé par les gouvernements d'Iran et d'Afghanistan, et qui a révélé l'immense prestige intellectuel, politique et moral dont jouit la France actuelle dans ces pays lointains, je n'ai cessé de suivre avec une grande tristesse le développement du malaise universitaire, des manifestations auxquelles il a donné lieu et qui ont trop souvent dégénéré, contraignant le Gouvernement, comme c'est son devoir, à rétablir l'ordre.
     Aussi, dès mon retour, il y a à peine trois heures, j'ai réuni les ministres compétents, puis après avoir conféré avec le président de la République, et avec son accord, j'ai décidé que la Sorbonne serait librement rouverte à partir de lundi, les cours reprenant à la diligence du recteur et des doyens.
     Des mesures seront prises pour que les candidats aux examens n'aient pas à souffrir des retards pris dans leur travail.
     À partir de lundi également, la Cour d'appel pourra, conformément à la loi, statuer sur les demandes de libération présentées par les étudiants condamnés.
     Ces décisions sont inspirées par une profonde sympathie pour les étudiants et par la confiance dans leur bon sens.
     En rendant la Sorbonne à sa destination, nous la rendons aussi à sa vocation qui est l'étude dans la discipline librement consentie et, il le faut, dans la concertation, pour la rénovation de notre Université.
     Cette rénovation, le Gouvernement et moi-même n'avons cessé de la proclamer indispensable. Nous l'avons déjà entreprise et nous la poursuivons en collaboration avec tous les intéressés, maîtres et étudiants.
     Je demande à tous, et en particulier aux responsables des organisations représentatives d'étudiants, de rejeter les provocations de quelques agitateurs professionnels et de coopérer à un apaisement rapide et total. Cet apaisement, j'y suis pour ma part prêt.
Puisse chacun entendre mon appel.