14/02/2002 (texte publié dans le courrier des lecteurs du "Figaro")
La dissolution de 1997

 

Philippe Seguin a raison. Il est indispensable que Jacques Chirac, maintenant candidat déclaré, s’explique sur les raisons réelles de la triste dissolution de 1997 et sur la stratégie anti-gaullienne conduite dans le cadre d’une cohabitation de 5 ans.

La raison de cette dissolution semble concerner, aux dires du Président lui-même, la construction de l’Europe : la France pouvait-elle remplir les conditions du Traité de Maastricht pour se qualifier dans le club Euro ? Mais quel lien pouvait-il exister entre  ce point et la composition de l’Assemblée Nationale majoritairement favorable à Jacques Chirac ? Je n’en vois aucun … à moins de considérer que cette majorité législative n’était pas la bonne pour permettre à Jacques Chirac de mener sa politique européenne.

La majorité « gauche plurielle » était-elle plus conforme à ses vœux ?

La décision de Jacques Chirac d’accepter une cohabitation longue, la plus anti-Vème République de toutes, donnant, notamment à l’extérieur, une perception stéréophonique de l’exécutif de la France, est bien la preuve qu’entre Jacques Chirac et Lionel Jospin il n’y a aucune différence fondamentale. Cette cohabitation acceptée et non subie comme certains veulent le faire croire s’est déroulée, sans problème majeur, pendant 5 ans. Cette union a même « accouché », avec l’aide du très anti-gaulliste Giscard D’Estaing, de l’alignement du mandat présidentiel sur celui des députés dont les effets dévastateurs ne tarderont pas à se manifester. Ainsi, le travail de sape contre la Vème République initialisé par François Mitterrand, s’est poursuivi sous la responsabilité de Lionel Jospin accompagné de ses alliés de la gauche plurielle, avec le soutien d’une partie de la droite traditionnelle et la bénédiction de Jacques Chirac. Contrairement à ce qu’affirme P-H de LIMBERT dans son article (Le Figaro du 12/02/2002), Jacques Chirac n’a pas su reconstituer le lien avec les Français.

En 1995, j’ai soutenu activement, notamment dans sa primaire face à Balladur, la candidature de Jacques Chirac. Aujourd’hui, son bilan pèse lourd à la veille des échéances électorales. Il s’est, lui et ses amis, notamment ceux du RPR, disqualifié. La confiance, si importante dans une élection présidentielle, n’est plus au rendez-vous. C’est la raison essentielle pour laquelle un candidat comme Chevènement attire autant de gaullistes sincères qui considèrent que le moment est venu de mettre fin à cette supercherie en rétablissant une moralité politique aujourd’hui chloroformée. Jacques Chirac renie ses origines ; c’est son droit, mais c’est notre devoir de le combattre.

 

La cohabitation ou le retour de la 4ème République.