18/05/2002


François Hollande
se trompe de République.


F. Hollande

Sa biographie

 

 

 

 

 

 

 

François Hollande, nouveau patron du PS depuis la déroute de Lionel Jospin au premier tour des élections Présidentielles, lance une attaque d’envergure contre les institutions de la Vème République. Il n’est pas seul : les Verts dont le destin semble se confondre de plus en plus avec celui des socialistes, l’accompagnent. Plus étrange est le copinage de F. Bayrou qui se dit pourtant de la majorité présidentielle.

F. Hollande s’émeut de la concentration des pouvoirs. Qu’en est-il réellement ?

Si l’U.M.P. qui s’engage à soutenir l’action du Président de la République élu le 5 mai obtient une majorité à l’Assemblée Nationale, nous nous trouverons dans le schéma normal et cohérent prévu par nos institutions. Jacques CHIRAC pourra exercer totalement la mission qui lui a été confiée par les électeurs. C’est lui qui inspire la politique à mener pour la France et les Français. C’est au Gouvernement qu’il a désigné de conduire les réformes nécessaires pour y parvenir.

Enfin, le parlement pourra légiférer : les nouvelles lois accompagneront l’action de l’exécutif, un, indivisible et cohérent, afin d’asseoir dans la durée cette nouvelle politique.

Il n’est donc pas étonnant, ni dangereux, que le Président de la République, son Premier Ministre, les membres du Gouvernement et le Président de l’Assemblée Nationale soient de la même tendance politique. C’est la condition nécessaire pour assurer une bonne gouvernance de la France.

F. Mitterrand, pourtant grand pourfendeur de la Vème République, a usé de cette potentialité. On peut même affirmer qu’il l’a appréciée. Dès son élection en mai 1981, il nomme un Premier Ministre socialiste. Il en est de même de la très grande majorité des membres du Gouvernement. Le Président de la nouvelle Assemblée Nationale élue dans la foulée est également socialiste. Il n’y avait alors aucune raison de le blâmer.

Il est essentiel de rappeler à François Hollande que dans le cas contraire nous vivons dans un système de cohabitation qu’il conteste par ailleurs. « Ce n’est pas bon pour la France ! » a-t-il clamé sans cesse pendant la campagne présidentielle. Maintenant, aigri par la défaite, assoiffé de vengeance, il veut une VIème République : un Président confiné aux inaugurations des chrysanthèmes, un Conseil Constitutionnel composé en fonction de la majorité parlementaire afin de ne plus contester les projets de lois et un Sénat docile afin d’aller vers une modification en profondeur de notre constitution.

François Hollande et ses amis se trompent de République. L’application de la Constitution gaullienne implique que :

. le Président, représentant la France dans le Monde, assure la continuité de l’Etat, impulse la politique correspondant au contrat passé avec les Français lors du scrutin présidentiel. Pour ce faire, il nomme le premier Ministre et les membres du Gouvernement. Il arbitre en cas de conflit entre l’exécutif et le législatif. Il détient seul, par son élection au suffrage universel, la légitimité nationale.

- le Gouvernement « met en musique » les orientations présidentielles, notamment en proposant les textes législatifs nécessaires à son action. La composition du gouvernement ne doit répondre qu’à cet impératif. La compétence des femmes et des hommes appelés à y siéger prime, et de loin, sur les considérations purement politiciennes. Ce ne sont pas les partis politiques qui sont au gouvernement de la France. Les Ministres n’ont aucun pouvoir individuel. Collectivement, sous la responsabilité du Premier Ministre, ils assurent, chacun dans sa sphère de compétence, la mise en œuvre du projet France dont le maître d’ouvrage par délégation du peuple est le Président de la République.

- le parlement vote les lois et contrôle l’action du gouvernement, ce dernier étant responsable devant l’Assemblée Nationale qui peut le renverser..

La somme des légitimités partielles des députés ne pouvant prétendre se substituer à celle, globale, du Président de la République, Jacques CHIRAC, s’il veut être crédible, doit appliquer toute la Constitution, telle qu’elle est aujourd’hui. Il doit s’engager à la conserver, pour l’essentiel, intacte.

Alain KERHERVE