Debout la République : le parti "gaulliste et républicain"                                                                                                             Retour

 
  • Intervention de Laurent Pinsolle

De Gaulle, ma boussole

Mes chers compagnons,

Si j’interviens aujourd’hui, c’est pour apporter mon témoignage sur l’Europe. Je tiens à l’apporter parce que nous avons partagé beaucoup de combats. Mais je tiens aussi à l’apporter parce que nos routes se sont croisées tardivement.

L’Europe est LA question qui m’a structuré politiquement. J’ai voté pour la première fois de ma vie le 20 septembre 1992. C’est la date du référendum sur le traité de Maastricht. J’avais pris ma carte au RPR un an auparavant pour soutenir Jacques Chirac mais les arguments de Philippe Séguin et Jean-Pierre Chevènement m’ont rapidement poussé à faire campagne et voter contre ce traité. Mais surtout, j’y ai découvert le gaullisme. C’est à ce moment que le Général de Gaulle est devenu la boussole de ma vie politique.

Ensuite, je crois que mon parcours doit être assez proche du vôtre. J’ai voté pour la liste de Philippe de Villiers aux élections européennes de 1994. J’ai soutenu avec d’autant plus d’enthousiasme la campagne de Jacques Chirac aux élections présidentielles que son premier lieutenant était alors Philippe Séguin. En 1999, j’ai voté pour la liste conduite par Charles Pasqua et Philippe de Villiers. En 2002, déçu par le président sortant, j’ai soutenu Jean-Pierre Chevènement. Enfin, en 2005, comme vous, j’ai fait campagne et voté contre le Traité Constitutionnel Européen. Pourtant, je n’ai rejoint Debout la République qu’en 2007.

Dans l’absolu, l’énoncé de mon parcours n’a strictement aucun intérêt. Cependant, il est peut-être intéressant qu’une personne comme moi ait finalement tardé pour rejoindre DLR. C’est la lecture du livre de Nicolas, « Français, reprenez le pouvoir » et ce que j’ai entendu à la Maison de la chimie en mars 2007 qui m’ont décidé.

J’ai découvert un mouvement qui correspond parfaitement à mes convictions gaullistes. J’ai découvert des militants qui se battent pour des idées et pas des places. J’ai découvert un chef qui ne savait pas seulement analyser les carences de la construction européenne mais qui portait également une vision ainsi que des propositions, à la fois crédibles et radicales pour répondre aux questions que nous nous posons.

J’ai découvert que je partageais la même vision de l’Europe :

  •  la volonté de passer d’une Europe bureaucratique, rigide et normatrice à une Europe démocratique, souple et respectueuse des cultures nationales

  • la volonté de passer d’une Europe de la déréglementation dogmatique qui nivelle par le bas à une Europe du mieux-disant salarial, social et environnemental

  • enfin, la volonté de passer d’une Europe alignée sur les Etats-Unis et l’OTAN à une Europe européenne et porteuse d’un autre message pour le monde

Malheureusement, quand on ne milite pas à Debout la République ou qu’on ne lit pas les livres de Nicolas, la perception du mouvement est complètement déformée par des médias qui ne nous sont rarement favorables. Cela a été mon cas jusqu’en 2007, malgré tout ce que nous partageons.

On peut alors se dire que c’est la faute des médias, qui nous ignorent ou nous caricaturent quand ils parlent de nous. Mais, pouvons-nous faire quelque chose pour éviter ces caricatures ? N’y a-t-il pas des éléments de notre discours qui peuvent les pousser à nous présenter de la sorte ? Bref, pouvons-nous mieux travailler notre discours pour mieux faire passer nos idées ?

La campagne de juin est une campagne cruciale. Elle sera la première grande campagne nationale de Debout la République, LA campagne qui va définir notre mouvement aux yeux de la France et des Français.

Et, le travail de forme sera essentiel pour réussir en juin. Le fond, ce qu’il y a de plus important, n’est pas le plus difficile pour nous. Depuis 2005, voire 1992, beaucoup d’entre nous réfléchissent à un projet européen alternatif.

Mais la forme représente aussi un enjeu essentiel. Dans les premières semaines de campagne, nous serons sans doute à peine couverts par la plupart des médias. Ils chercheront systématiquement à reprendre le moindre mot malheureux pour nous discréditer ou nous caricaturer. Nous serons tentés d’utiliser des mots très forts pour exister. Mais la force des mots peut parfois faire oublier le sens de nos idées. Elle peut aussi projeter une image complètement différente de ce que nous sommes, surtout en des mains qui ne nous serons pas favorables.

C’est pourquoi il est important de mettre notre discours au service de nos convictions. Comment arriver à faire passer nos idées sans qu’elles puissent être caricaturées ? Notre espace médiatique sera petit : il faudra frapper juste !

Je vais vous donner deux exemples. Le premier est le terme « souverainiste ». À cette heure, les journalistes ne sont pas là. Alors, entre nous, je peux vous le dire, je suis souverainiste. Parce qu’être souverainiste, c’est reconnaître la supériorité du peuple souverain. Le souverainisme est indissociable de la démocratie. Malheureusement, ce mot est mal compris. Il est présenté de manière tendancieuse et est aujourd’hui porteur d’un imaginaire volontiers réactionnaire et passéiste peu flatteur pour qui le prononce. C’est pourquoi, à part aujourd’hui, je ne le fais jamais.

On pourrait se dire qu’il faut mener bataille pour défendre ce mot. Mais notre bataille n’est pas une bataille pour les mots. C’est une bataille pour les idées, que les mots doivent nous aider à gagner. De même, les médias ont trouvé un moyen commode de nous disqualifier. Nous serions au mieux des eurosceptiques, au pire des anti-européens, par opposition aux bons européens qui sont ceux qui acceptent tous les traités qu’on leur propose…

Soyons donc des alter européens ! Et renvoyons nos adversaires dans le camp des oui-ouistes ou des euro-béats ! Menons également cette bataille des mots pour remporter la bataille des idées !

Mais dans cette bataille des mots, nous devrons faire attention. Il y a des mots qui nous plaisent, des mots qui plaisent à des militants convaincus, mais qui peuvent agir comme de véritables repoussoirs pour des gens qui partagent nos idées mais ne sont pas autant impliqués que nous dans le débat politique. Veillons à ne pas les effrayer !

Il ne s’agit pas d’être tiède ou moins sévère à l’égard d’un système qui revient sur le vote démocratique ou donne des centaines de milliards d’euros pour les banques et des clopinettes pour les citoyens.

Mais nous devons veiller aux termes que nous employons. Certains mots peuvent nous paraître légitimes, entre nous. Mais, pour beaucoup, y compris des sympathisants, ils sont des outrances qui nous renvoient dans une sphère purement protestataire. Ne faisons pas cette faveur à nos adversaires !

Pour gagner ce combat, nous devons donc nous forcer à adapter notre discours. Nous ne devons pas seulement nous adresser à des militants passionnés. Nous devons également convaincre des personnes qui partagent nos idées mais dont le moindre intérêt pour le débat public les fait voir les choses de manière moins passionnée que nous et qui peuvent prendre notre emphase pour de l’extrémisme.

Il ne s’agit pas de changer nos idées mais simplement d’essayer de mieux les présenter. Ainsi, nous pourrons changer d’Europe et construire un nouveau projet européen, vraiment démocratique, protecteur et indépendant.