Chez Albin Michel

Tome 4 des Mémoires de Michel Debré.

"Les partisans de l'Europe supranationale, notamment sous la forme de l'Europe dite des régions dont la conséquence immédiate, et d'ailleurs voulue par certains dirigeants de ce mouvement, est de remettre notre destin aux mains de l'étranger! C'est contre cette tendance qui condamne les Français à servir d'appoint dans des jeux qui ne sont pas les leurs que j'ai le devoir de m'élever. Notre intérêt est cependant aisé à définir : notre force doit faire contrepoids, hier à l'impérialisme germanique, demain à un expansionnisme similaire, par exemple arabe. Le rôle de notre diplomatie, au lieu de plaider pour notre effacement, se doit d'expliquer, notamment à Washington, la valeur éminente de notre indépendance, base de cette force. L'organisation de bons rapports européens est une nécessité de cette longue paix dont nous avons tant besoin pour nous refaire après un siècle éprouvant, mais cette exigence ne peut nous conduire à l'abandon de la Patrie.

Quant à l'idéologie de la mort des nations, elle est à ce point contraire à la réalité qu'il convient de la considérer comme un cauchemar. Les nations demeurent la base du monde. Et s'il est une nation, c'est bien la nôtre."