De Gaulle à l'Élysée
Élu par 80000 grands électeurs en décembre, de Gaulle prend ses
quartiers élyséens le 8 janvier 1959. Il nomme
Michel Debré à Matignon,
André Malraux à la Culture,
Maurice Couve de Murville aux
Affaires étrangères. Un nouveau style de pouvoir se met en
place, avec un exécutif à deux têtes, le président et le premier
ministre. Pour le Général, la grande affaire reste l'Algérie. Le
16 septem-bre, il propose « l'auto-détermination » pour sortir
de la guerre.
Proclamation des
résultats du scrutin du 21 décembre 1958 pour l'élection du
Président de la République, Président de la Communauté
La Commission constitutionnelle provisoire,
Vu la Constitution du 4 octobre 1958 ...
...
les résultats du scrutin du 21 décembre 1958 ...
ont été définitivement arrêtés ainsi qu'il
suit :
Électeurs inscrits
: 81.764
Votants
: 81.290
Suffrages
exprimés
: 79·470
Suffrages obtenus
:
par le Général
Charles de GAULLE : 62 394
par
Monsieur Georges MARRANE : 10.355
par
Monsieur Albert CHATELET : 6.721
.../
En conséquence,
Proclame CHARLES DE GAULLE élu Président de la
République, Président de la Communauté.
Fait à Paris, au siège de la Commission
constitution-nelle provisoire, le 8 janvier 1959
RENÉ CASSIN - ROGER LEONARD - NICOLAS BATTESTINI.
Publication Journal officiel du 9
janvier 1959, p. 673
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Palais de l'Elysée - 8 janvier 1959
Discours d'investiture du général de Gaulle,
Président de la République et de la Communauté
(s'adressant à René Coty, dernier
Président de la IVème République)
Monsieur
le Président,
Messieurs,
A tout ce que
cette cérémonie comporte d'imposant et d'émouvant je suis
profondément sensible.
Vos paroles,
Monsieur le Président, d'une sagesse d'autant plus frappante
qu'elles ont été prononcées par un grand citoyen quittant
aujourd'hui avec une dignité parfaite le mandat qu'il a exercé
d'une manière vraiment exemplaire ; la proclamation solennelle
de l'élection du 21 décembre ; la noble adresse du Président de
la Commission constitutionnelle ; la présence du gouvernement,
du doyen et de l'un des membres du corps diplomatique, des
présidents et des membres des bureaux de l'Assemblée nationale,
du Sénat, du Conseil économique, des Premiers ministres des
Etats de la Communauté, d'un maréchal de France, du Grand
Chancelier de la Légion d'honneur et du chancelier de l'ordre de
la Libération, des représentants de tous les corps et services
de l'Etat et du commandement des armées, de la délégation de
l'Académie française et de l'Institut de France, confèrent à
notre réunion le caractère de majesté qui répond à son objet.
Ainsi, entrent en
vigueur les institutions renouvelées de la République française
et celles, nouvelles, de la Communauté. Ainsi, prend ses
fonctions celui à qui l'une et l'autre ont, une fois de plus,
attribué la charge de les conduire vers leur destin.
Destin de la
France ! Ces mots évoquent l'héritage du passé, les obligations
du présent et l'espoir de l'avenir. Depuis qu'à Paris, voici
bientôt mille ans, la France prit son nom et l'Etat sa fonction,
notre pays a beaucoup vécu. Tantôt dans la douleur et tantôt
dans la gloire, il a durement surmonté les innombrables
vicissitudes du dedans et du dehors. Au cours du dernier demi
siècle, il a subi les blessures et les déchirements les plus
graves de son histoire. Mais, voici qu'une occasion soudaine
s'est offerte à lui de sortir du doute, des divisions, des
humiliations. Voici qu'il veut la saisir en faisant passer
l'intérêt général au-dessus de tous les intérêts et préjugés
particuliers. Voici que le meilleur est, grâce à Dieu !, à la
portée des Français, pourvu qu'ils restent fidèles à l'effort et
à l'unité.
Destin de la
Communauté ! Il s'agit de faire vivre cette institution
magnifique qui unit, en vertu d'un contrat passé en toute
indépendance, d'une part la métropole française ainsi que les
départements et les territoires d'outre-mer, d'autre part, les
Républiques nées dans les contrées d'Afrique, où, sous les plis
du drapeau tricolore, ont fleuri la Liberté, l'Egalité et la
Fraternité. Dans l'ensemble ainsi formé, une place de choix est
destinée à l'Algérie de demain, pacifiée et transformée,
développant elle-même sa personnalité et étroitement associée à
la France. Au milieu d'un monde dangereux, quel atout pour la
paix des hommes, quelle carrière ouverte au progrès, quel
honneur pour les Français et pour leurs frères africains.
L'intérêt
national pour la Nation, l'intérêt commun dans la Communauté,
voilà donc ce que, maintenant comme hier, j'ai le devoir de
représenter et de faire valoir en tout cas, même d'imposer s'il
arrivait que le salut public l'exigeât. Pour le faire, il me
faut le concours de ceux qui servent la République, l'appui des
hommes qui sont désormais responsables en Afrique, par dessus
tout le soutien du peuple français et des peuple d'outre mer. Ce
concours, cet appui, ce soutien, qui me furent naguère assurés
dans les angoisses du péril national, je les demande encore une
fois tandis qu'à l'horizon paraît la lumière de nos grandes
espérances.
Vive la
Communauté ! Vive la République ! Vive la France |