Communiqué du 22 novembre 2006

 

Le convaincu du "non" national

 
  • LE MONDE | 20.11.06 | Christiane Chombeau

Gaulliste convaincu, Nicolas Dupont-Aignan, député UMP de l'Essonne et président du mouvement Debout la République, cherche à faire entendre sa musique personnelle dans le concert présidentiel. Candidat "libre" dans la course à l'Elysée, il s'adresse plus particulièrement à ces Français "républicains", qui, attachés à l'idée de nation, ont, le 29 mai 2005, rejeté la Constitution européenne. Ce jour-là, commente-t-il, "nos compatriotes ont refusé cette Constitution qui consacrait le renoncement à nos exigences républicaines, verrouillait le dispositif de dépossession démocratique et signait non seulement la fin du modèle national (...) mais la mort de notre pays comme entité souveraine, libre de choisir son avenir". "Ils ne supportaient plus ce jeu de rôles convenu entre une droite et une gauche qui mènent la même politique de démission" insiste-t-il.

A ces Français, il lance à sa façon le fameux "Je vous ai compris" du général de Gaulle. Comme eux, dit- il "j' avais naïvement cru que le message du peuple français allait être entendu". Et il s'est senti "trahi" par "les élites" - le mot recouvrant tant les responsables politiques que la presse et le monde culturel - qui n'ont pas renoncé au traité constitutionnel et à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne.

Dans son livre mi-analyse, mi-programme, Français, reprenez le pouvoir, Nicolas Dupont-Aignan dénonce en vrac le démantèlement de la nation par ces élites qu'il compare à de "nouveaux riches" cherchant à plaire à une "nouvelle confrérie" dominée par les Etats-Unis : "abandonnant la langue française sans remords, plaçant son patrimoine dans les paradis fiscaux, se plaignant en permanence de son propre pays sauf pour profiter de ses plages ou de la gratuité de son système de soins, elles s'inscrivent résolument dans une perspective mondialiste, post-nationale et post-démocratique, OMCéenne, où le bien des affaires l'emporte sur le bien commun" affirme-t-il.

Le député cherche à convaincre les électeurs que la présidentielle de 2007 peut être le deuxième tour du 29 mai 2005. Qu'ils peuvent reprendre le pouvoir "confisqué par un régime de partis" tant décrié en son temps par le général de Gaulle, représenté aujourd'hui par "l'UMP et le PS".

M. Dupont-Aignan décrit la future élection présidentielle comme "un duel fratricide entre deux têtes d'affiche". Avec, à gauche, Ségolène Royal qui aura "du pain sur la planche, car il suffit de lire le projet socialiste pour comprendre qu'aucune leçon n'a été tirée des précédents échecs" et, à droite, Nicolas Sarkozy dont le projet s'inspire "de la droite américaine". "Pourquoi une fois élu, M. Sarkozy ne mènerait-il pas la politique qu'il a toujours défendue (...) : un engagement pour l'Europe supranationale, une société multiculturelle, une économie libérale. En définitive, un projet conservateur et libéral à l'anglo-saxonne. Tout ce que la France rejette depuis vingt ans", feint-il de se demander.

A ce projet-là, le président de Debout la République en oppose un autre qui revient aux fondamentaux gaullistes, avec le retour à un régime présidentiel en rétablissant le septennat, et la restauration du service public. Partisan d'une Europe des nations, il veut rendre obligatoire le référendum pour ratifier tout traité européen et demande un changement de statut pour la Banque centrale européenne. Toujours côté institutions, il se prononce entre autres pour le référendum d'initiative populaire et pour une dose de proportionnelle lors des élections législatives. Lorsqu'il évoque l'école, M. Dupont-Aignan parle "effort", "mérite", "autorité", et "renforcement du budget universitaire par les entreprises". En ce qui concerne la justice et la police, il se range parmi ceux qui veulent un durcissement des lois sur la délinquance, l'abaissement de la majorité pénale à seize ans, ainsi que la possibilité de déposer plainte "de manière anonyme".


FRANÇAIS, REPRENEZ LE POUVOIR ! de Nicolas Dupont-Aignan. L'Archipel, 278 pages, 18,95 €