Après
avoir liquidé dans le dos des Français le référendum du 29 mai 2005, qui
avait rejeté un traité affirmant pour la première fois une compatibilité
totale entre la défense européenne naissante et l’OTAN, Nicolas Sarkozy
tombe le masque en réalisant - selon le quotidien Le Monde daté du 5
février - la réincorporation unilatérale de la France dans le
commandement militaire intégré de l’Alliance atlantique.
La preuve est ainsi faite que le renforcement, l’année
dernière, de nos troupes en Afghanistan et leur incorporation dans les
unités combattantes de la coalition internationale (contrairement aux
promesses d’entre-deux-tours faites par le candidat Sarkozy aux
Français), étaient bel et bien des gages d’alignement donnés aux
Etats-Unis, en grande difficulté sur place à cause de leur propre
aveuglement stratégique et politique.
Nicolas Sarkozy devra assumer devant l’histoire le rôle
de fossoyeur d’un symbole fort de l’identité française : la politique
d’indépendance nationale instaurée par le général de Gaulle il y a plus
d’un demi-siècle. Même François Mitterrand, adversaire personnel du
Général et président socialiste issu d’un parti très atlantiste, n’avait
pas osé remette en cause cet élément majeur du consensus national !
Quant aux raisons et aux soi-disant contreparties censées
justifier cette honteuse politique d’alignement, elles paraissent bien
faibles, pour ne pas dire virtuelles :
La
France ne sera pas plus forte face aux Etats-Unis et à ses partenaires
européens en étant à l’intérieur de l’OTAN plutôt qu’en dehors. Au
contraire, comme le soulignait Charles de Gaulle et comme aurait dû s’en
souvenir Nicolas Sarkozy : « La politique la plus coûteuse, la plus
ruineuse, c’est d’être petit ... » ;
Notre
pays n’a à cet égard obtenu pour prix de sa soumission que deux petits
commandements sans intérêt réel, de l’aveu même des spécialistes ;
Cette
réintégration va coûter très cher aux finances publiques, qui devront
assumer l’entretien d’un millier de cadres de l’armée dans les
structures otaniennes ;
La
promesse d’un soutien des Etats-Unis à la mise sur pied d’une Europe de
la Défense, dont le bien-fondé peut être discutable selon la forme
qu’elle prend, n’est qu’une vague promesse, qui n’engage que ceux qui
veulent y croire ;
L’invocation
de valeurs communes à la France et aux Etats-Unis pour justifier cet
alignement laisse beaucoup d’incertitude et d’inquiétude : de quelle
Amérique s’agit-il, celle de l’invasion de l’Irak, de la provocation
délibérée de la Russie lors de la crise géorgienne, de la mise au pas
des pays d’Amérique latine qui rejettent la mainmise des « Gringos » sur
leurs richesses et leur gouvernement ?
Cette réintégration française dans l’OTAN, gratuite,
contreproductive pour les intérêts français et contraire au vœu
majoritaire de nos concitoyens, est une faute historique d’une gravité
incalculable qui fera rentrer la France dans le rang du bloc
occidentaliste, ruinera son crédit et son aura auprès des nations libres
et dévalorisera sa dignité.
Nicolas DUPONT-AIGNAN
Député de l’Essonne
Président du rassemblement gaulliste et républicain |