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02 janvier 2009

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Le bloc-notes 

Quand de Villepin dézingue Sarkozy…

  •   Invité ce 18 décembre 2008 de France Inter, Dominique de Villepin a démonté, point par point, la politique de Nicolas Sarkozy. L’ex-premier ministre estime que le travail le dimanche et la réforme de l’audiovisuel sont «des débats inutiles». 

    Dominique de Villepin ne porte pas dans son cœur Nicolas Sarkozy, pas plus que sa politique. Comme souvent, il ne mâche pas ses mots à l’encontre du Président. Sur l’antenne de France Inter, il a particulièrement pris le soin d’épingler, à chaque question, la politique gouvernementale.

    Plan de relance :

    «Je pense que ce plan met l’accent sur un certain type d’investissement, en particulier les travaux publics et les infrastructures, et je pense que cela n’est pas suffisant pour aider notre pays. Je pense que ce plan doit être complété». «Sans doute (ne faut-il pas) faire l’impasse sur a consommation». «Je crains que nous n’ayons pas encore conscience en France de la gravité et de l’ampleur de la crise.» «Il faut sortir de la confusion des projets, de la confusion des initiatives».

    Travail le dimanche :

    «Il y a des débats inutiles». «Tout ça pour ça. Il y avait possibilité de travailler cinq dimanche par an, on va passer à huit. On voit que cela divise les parlementaires (…). Je pense que c’est un débat inutile, alors qu’on sait que le travail le dimanche ne permettra pas d’augmenter le nombre d’emplois et n’aura pas d’effet sur notre situation économique.

    Réforme de l’audiovisuel public :

    «On pause un problème d’équilibre financier (à France Télévisions) et on entre des une régression sur le plan des libertés publiques en nommant le président de France Télévision par le président de la République». «Ce n’est pas seulement une régression symbolique. Tout ce qui vient réduire (la) capacité d’expression est dangereux». «Tout ce qui peut conduire à donner plus de pouvoir à quelques-uns doit être regardé avec beaucoup suspicion».

    Risque de crise sociale :

    «J’ai souvent discuté de ces questions avec Nicolas Sarkozy. Il a toujours eu une conviction profonde qui est que quand ça va très mal, le risque social est moins grand. Moi je n’ai jamais partagé cette analyse».

    Déficits publics :

    «Est-ce qu’on peut continuer à distribuer tous le jours des milliards qui vont finir pas nous coûter très cher ? Je rappelle un chiffre. J’ai laissé un déficit public de 36 milliards  d’euros que nous avions réduit pendant 2 ans (…). Ce déficit public en 2009 sera de 80 milliards».

    Discrimination positive :

    «Face au projet de discrimination positive, qui a longtemps tenté le président de la République, il faut être vigilant sur ces principes».

    2012:

    «Nicolas Sarkozy sait qu’en 2012 il sera jugé à ses résultats. (…) Je pense que si l’on poursuit dans la voie actuelle, ces résultats ne seront pas aux rendez-vous. Et je pense que personne ne pourra considérer que cela sera une surprise. Parce que c’est prévisible».

    Politique étrangère :

    «Au-delà de sa gestion de crise qui a montrée qu’elle était capable d’efficacité, (…) il faut aller beaucoup plus loin. L’Europe ne pèse pas suffisamment dans les affaires du monde et la France doit préserver à tout prix son indépendante. Nous avons un rendez-vous dans quelques mois sur «faut-il ou non rentrer dans l’OTAN?». Je pense que cela diminuerait les capacités d’initiative de la France et réduirait son indépendance.

    Affaire Clearstream :

    «L’affaire ne pèse en rien sur les positons et le discours politique qui est le mien. (…) J’ai dit qu’il  y avait une confusion dans ce dossier entre la situation d’une partie civile privée, Nicolas Sarkozy, et ses fonctions présidentielles qui de ce point de vue ne manquait pas d’influer sur la façon dont le dossier a été géré».

 Les communicants
au rencart !

par David Desgouilles

  •  Que souhaiter pour 2009 : Les communicants au rencart !

    Il faut ... réfléchir aux vœux que nous formulons pour cette année politique que nous espérons la plus décoiffante possible.

    Prêtons-nous au jeu. Et soyons raisonnable mais ambitieux. Raisonnable : n’en formulons qu’un seul. Ambitieux : qu’il le soit, littéralement.

    Imaginons-nous au soir du 7 juin 2009. Les résultats des élections européennes viennent de tomber sur les écrans. Sur le plateau de TF1, on croit remarquer la mine défaite de Xavier Bertrand et celle, catastrophée, de Martine Aubry. Sur celui de France 2, on observe la grimace de Benoît Hamon, porte-parole du PS, et on lit la mauvaise humeur sur la tête de Jean-François Copé et d’Olivier Besancenot. Sur la 3, Audrey Pulvar annonce que Daniel Cohn-Bendit s’est décommandé. En fait, seuls trois invités des plateaux ne s’y sont pas rendus avec des gueules d’enterrement. François Bayrou qui, dans une campagne largement défavorable aux partisans du Traité de Lisbonne, ne s’en sort pas si mal et deux surprises du chef, comme peuvent souvent en réserver la politique française en général et les scrutins européens depuis 1984 en particulier. Ainsi Nicolas Dupont-Aignan arbore un large sourire. Il est parvenu à dépasser d’une courte tête les listes UMP en pleine déconfiture que même le ralliement de Philippe de Villiers, reçu en grande pompe à l’Elysée en mai, n’a pas pu enrayer. Quant à Jean-Luc Mélenchon, qui plastronne avec un sourire narquois aux lèvres sur France 2, il réussit le tour de force de s’approcher à moins de deux points d’un parti qu’il n’a quitté que six mois auparavant. Dans un paysage politique plus éclaté que jamais, le PS arrive en tête avec 15 % suivi de Debout la République avec 14,1. L’UMP recueille 13,9 %, le parti de Gauche 13,2, le MoDem 11,8, le Front National se maintient à 8,4, le NPA fait un score décevant avec 6,3, les Verts recueillent 5,4, Lutte Ouvrière et l’inconnue Arthaud reviennent du diable vauvert en talonnant Besancenot et Cohn-Bendit avec 4,3. Enfin, les chasseurs profitent de l’absence de Villiers et obtiennent 3,2 %. Une myriade de plus petites listes se partagent les 4 points et quelques poussières restants.

    Evidemment, les éditorialistes s’associent aux leaders des grands partis pour fustiger le vote des Français qui balkanise ainsi davantage la politique française et la rende incongrue aux yeux de ses partenaires européens. Qu’importe si les résultats enregistrés dans les autres pays européens comportent des similitudes qu’ils ne se sont d’ailleurs pas donné la peine de lire. L’essentiel est de décrédibiliser ce scrutin qui souvent fait place au populisme plutôt qu’à la raison.

    Seul, Jean-François Kahn, qui menait la liste MoDem du Grand Est mais qui reste viscéralement éditorialiste dans l’âme, fait l’analyse suivante :” Il ne s’agit pas d’un résultat populiste ni anti-européen [...] Bayrou fait un bon score [...] Besancenot qui est un vrai populiste et à qui on prévoyait monts et merveilles fait un score décevant [...] Dupont-Aignan et Mélenchon avaient des discours construits, argumentés et même parfois chiants, et ils sont la surprise du scrutin [...] C’est la défaite des paillettes et du strass, c’est la victoire du sérieux, de la réflexion et de la proposition [...].

    Voilà le scénario que nous pourrions souhaiter pour 2009. Un sarkozysme qui s’écroule, et avec lui ses héritiers clones publicitaires et d’agit’com’ (l’agit’prop’, c’est trop ringard pour eux ! ) Bertrand et Copé ; Le PS itou, divisé entre la communicante Ségo –Sarko en fille– et l’alliance de la carpe Aubry et du lapin Hamon ; les bêtes de télé, Besancenot et Cohn-Bendit renvoyés à leurs chères études ; le maintien d’une force, de droite libérale mais sérieuse, le MoDem qui a la volonté d’expliquer et de convaincre de ses – fausses – analyses ; la montée en puissance, enfin, de deux forces menées par des hommes en rupture de leur camp et qui ont pris des risques énormes pour mettre à la  disposition des Français des alternatives d’offre politique.

    Le sérieux, le désintéressement, la conviction qui l’emportent ?  Rêveur ! Me dira-t-on.

    C’est possible.

    Mais tellement souhaitable.

Daniel Garrigue

claque la porte de l'UMP.

  •   Daniel Garrigue claque la porte de l'UMP au nez de Sarkozy

    18 déc. 2008 - Par Mathilde Mathieu -

    Jusqu'ici, Daniel Garrigue occupait la place n°3 dans l'hémicycle. Un fauteuil envié, tout en bas, au premier rang – pas besoin de grimper.

    Celui du grand résistant Georges Mandel. Jeudi 18 décembre, le site internet de l'Assemblée nationale a révélé que Daniel Garrigue déménageait au n°143. Désormais, ce fidèle d'Alain Juppé siégera dans le "poulailler", où sont relégués les parlementaires "non inscrits", sans groupe politique, dans la dernière travée. Il vient en effet de claquer la porte de l'UMP, écœuré par les réformes et «le style» de Nicolas Sarkozy.

    Le 10 décembre, Daniel Garrigue a envoyé sa lettre de démission au secrétaire général du parti et prévenu Jean-François Copé, patron des députés UMP, qu'il reprenait sa «liberté». «Je ne fais pas carrière. Je fais de la politique. Je défendrai jusqu'au bout mes convictions gaullistes, sociales et européennes», écrivait-il, les jugeant trahies.

    Lui qui avait obtenu, en début de législature, le "droit" de rejoindre la prestigieuse commission des finances, devra laisser sa place.

    Pourquoi s'infliger un tel purgatoire? «Trop de désaccords de fond», tranche cet ancien du RPR de Jacques Chirac, auquel il avait adhéré en 1976, dès sa création.

    D'autres raisons, sans doute moins glorieuses, ont pesé lourd dans sa

    décision: candidat à sa propre succession à la tête de la fédération UMP de Dordogne, début décembre, Daniel Garrigue s'est fait rafler la place par le conseiller politique du président de la République, Jérôme Peyrat, maire d'un patelin local. Pour faire gagner son poulain, l'Elysée avait dépêché Xavier Bertrand auprès des militants et mobilisé l'octogénaire Yves Guéna, figure tutélaire de la droite périgourdine, ancien membre du Conseil constitutionnel – la grosse Bertha. En clair, "le Château" a coulé Daniel Garrigue et le député n'a pas pardonné.

    «Mes critiques dérangeaient, dans un parti où le débat n'a plus sa place», affirme-t-il aujourd'hui dans un véritable réquisitoire contre la présidence sarkozyste. Son premier grief: la mise au rencard des objectifs gaullistes de «justice sociale». «C'était manifeste sur le RSA [le revenu de solidarité active de Martin Hirsch voté cet automne à l'Assemblée], puisque le gouvernement a refusé que les plus riches participent à la solidarité nationale.» Le projet de loi prévoyait en effet que les Français bénéficiaires du bouclier fiscal (qui plafonne les impôts à 50% des revenus) échappent à la taxe créée pour financer le nouveau dispositif. Par un amendement, Daniel Garrigue a tenté d'y remédier, quand d'autres UMP, pourtant convaincus, se dégonflaient.

    Idem quand le parlementaire a voulu contrer une disposition sur les «emplois familiaux» (femmes de ménage, etc.), relevant de 12.000 à 15.000 euros le plafond des dépenses ouvrant droit à des réductions d'impôts – un cadeau à ceux qui peuvent déjà se l'offrir. «Des collègues m'ont apporté leur soutien moral», jure-t-il. Le plus souvent dans la coulisse.

    Son second reproche vise la politique étrangère et le retour programmé de la France dans le commandement intégré de l'OTAN. «Le Président fait fausse route quand il affirme que c'est un passage obligé pour que les Etats-Unis acceptent un projet de défense européenne», pointe-t-il. En avril 2008, quand François Fillon est venu défendre la stratégie élyséenne au perchoir de l'Assemblée, Daniel Garrigue est «resté assis, sidéré». Pas question d'applaudir à l'enfouissement de l'héritage gaullien et de l'indépendance française. «Quant aux relations franco-allemandes, franchement, Nicolas Sarkozy a cumulé les maladresses»...

    En fait, «le style présidentiel» l'insupporte: «Il surfe en permanence sur l'émotion, la médiatisation, sans cohérence, comme Ségolène Royal au PS », déclare le député. Pire: «Il n'accepte pas le débat», «à l'inverse d'Alain Juppé», qui a piloté l'UMP de 2002 à 2004. Pour preuve, le projet de loi tout juste déposé à l'Assemblée, visant à limiter le droit d'amendement des parlementaires, de l'opposition comme de la majorité.

    Du coup, Daniel Garrigue travaille à la création d'un nouveau parti, susceptible d'aimanter les gaullistes, dans l'orbite d'Alain Juppé, dont il vante – dernier tacle au chef de l'Etat – «la supériorité intellectuelle». Une nouvelle alerte pour l'Elysée, après la récente création d'une association chiraquienne à l'Assemblée et d'un club de sénateurs proches de Jean-Pierre Raffarin.

    http://www.mediapart.fr/journal/france/181208/daniel-garrigue-claque-la-porte-de-l-ump-au-nez-de-sarkozy