Les Kennedy à Paris.

Retour                                                                                         Mis en ligne le 22 décembre 2006

  Paris, 2 juin 1961 

"Je suis le type qui accompagne Jacqueline Kennedy", a déclaré à la presse le jeune Président des Etats-Unis. Arrivés en France le 31 mai, John et Jackie ont séduit les Français, et tout particulièrement le général de gaulle qui trouve la Première dame américaine "brillante et cultivée". Il faut dire que les Parisiens n'ont pas ménagé leur enthousiasme : sur le chemin de l'aéroport, cinq cent mille personnes ont salué le couple présidentiel en proclamant "vive Jackie".

De réceptions en dîners officiels, les deux chefs d'Etats ont pu s'entretenir de sujets plus graves.

Kennedy doit rencontrer Khrouchtchev à Vienne pour tenter de résoudre le problème de Berlin. Le conseil du Général à son jeune et brillant homologue est sans ambigüité : "Tenez bon".
 

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JFK "avait du courage et aimait sa patrie".

Le 25 novembre, au cimetière d'Arlington, le général de gaulle figé dans son uniforme, assiste à l'enterrement de celui qui a été assassiné à Dallas le 22 novembre. Aux Américain venus le remercier de sa présence, il répond : It's a tragedy… Je ne fais qu'exécuter le vœu de tous les Français". Le Général a été le premier à annoncer qu'il assisterait aux obsèques de cet homme qu'il estimait : "Il était l'un des très rares dirigeants dont on peut dire qu'ils sont des hommes d'Etats". Avant de s'entretenir avec Lyndon Johnson, il est aussi le premier à être reçu par la veuve du Président. Elle lui offre une rose blanche, bel hommage à leur respect mutuel et admiratif.

Documents à visionner :

u Les Kennedy à Paris

u Kennedy et Charles de Gaulle à l'Arc de Triomphe

u Au Louvre avec Malraux

 

Mais ce dialogue entre le jeune champion américain et le vieux routier français promettait beaucoup…(Extrait de Voir de Gaulle - avec Jean Lacouture - Editions du Chêne)

"Entre Charles de Gaulle et le fils de Joseph Kennedy, cet ambassadeur des Etats-Unis qui, à la veille de la guerre, pressait Chamberlain de s'entendre avec le IIIe Reich, il y avait peu de chances que l'accord se fît. Peu de chance ? A part ceci : John Fitzgerald Kennedy ne partageait guère les idées de son père et il s'était fait une sorte de religion "du grand homme", du héros, de ceux qu'il rêvait d'imiter, religion où de Gaulle avait sa place, après Roosevelt et Churchill. Agrandir la photo en cliquant dessus

Certes, jeune sénateur du Massachusetts, il avait été l'un des premiers hommes politiques américain à prendre position en faveur de l'indépendance de l'Algérie – ce qui avait dû irriter fort le président de la Ve République. Mais depuis son élection, le 1er novembre 1960, il avait manifesté à la France et à son président des sentiments favorables, qu'avivait la personnalité de son épouse, d'origine française. De plus, cet ami de l'émancipation algérienne ne pouvait avoir été enchanté par le "virage" stratégique pris en la matière par le général de Gaulle le 19 septembre 1959. Les négociations venaient de s'ouvrir à Evian entre la France et le FLN.

Dès lors que le sujet de nature à les diviser les points de vue convergeaient, l'accueil du fondateur de la Ve République au Président Kennedy devait être chaleureux. Il fut presque affectueux, montrant que l'"antiaméricanisme de Charles de Gaulle était surtout une question de rapport de forces et de convergence (ou divergence) des objectifs. Ceux-ci ne concordaient pas totalement en matière nucléaire, les ambitions du Général paraissant audacieuses, ni à propos du Viêtnam, où J.F. Kennedy s'était engagé aux côtés de Ngô Dinh Diêm de façon que de Gaulle jugeait aventureuse. Mais ce dialogue entre le jeune champion américain et le vieux routier français promettait beaucoup…"