O.F.M.

n° 45

22 décembre 2006

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Le bloc-notes 

  • Ces éditorialistes qui soutiennent la BCE

 

  •    En osant critiquer la Banque centrale européenne, Ségolène Royal s'est pris une volée de bois vert de la plupart des éditorialistes ou chroniqueurs. Pour eux, seule la démagogie peut pousser à critiquer la vertueuse BCE.

Le jeudi 7 décembre dernier, Ségolène Royal, a tenu un discours lors du 7e congrès du Parti socialiste européen, à Porto, au Portugal. Qu'a-t-elle dit ? Alors que Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE), vient d'annoncer une nouvelle hausse de son taux directeur, le portant à 3,5%, la candidate socialiste a déclaré que «ce n'est plus à Monsieur Trichet de commander l'avenir de nos économies, c'est aux dirigeants désignés par les peuples». «Cela suppose aussi que la Banque centrale européenne soit soumise à des décisions politiques», a-t-elle ajouté. Voilà les faits.

Que l'on soit d'accord ou pas, la question mérite débat, que l'on s'y penche, qu'on y réfléchisse. Or pourtant, dès le lendemain, l'éditorial du Monde daté du samedi 9 décembre, titré « Politique et BCE », lançait le ton de la contre-attaque. Il commence ainsi : « Suspect commode : les responsables politiques français ne peuvent s'empêcher de critiquer la BCE ou son président Jean-Claude Trichet. » Puis Le Monde de rappeler, à juste titre, que Ségolène Royal n'a pas « le monopole du verbe haut. » Dominique de Villepin, s'en était déjà pris, un mois auparavant, à l'euro cher en réclamant une « véritable stratégie » européenne de change. Nicolas Sarkozy, lui, avait réclamé « que soient rediscutés le statut et les objectifs de la BCE. »

Conclusion du Monde ? « Ces discours témoignent d'une exception française de plus. Les Français sont les seuls en Europe à vouloir revenir sur l'indépendance de la BCE, et le débat sur son statut est, dès lors, une rhétorique nationale vide ». Fin du premier acte.

Accusés de démagogie
Le même soir, Franz-Olivier Giesbert prenait le relais, dans sa chronique hebdomadaire sur RTL. Partant des déclarations de Ségolène Royal, le directeur du Point renchérit alors sur le thème du bouc émissaire : «s'en prendre à la politique monétaire européenne est un vieux truc utilisé par la plupart des politiciens». Prenant pour autres exemples Dominique de Villepin ainsi que Thierry Breton qui s'étaient inquiétés de la hausse de l'euro, le couperet de « FOG » tombe : « Le problème de tous ces gens n'est pas de dire la vérité aux français, il est juste de se défausser en désignant un coupable pour tous nos malheurs », avant de finir par « La France a une des classes politiques les moins européennes du continent, et aussi l'une des plus démagogue, donc des moins courageuse. » Ainsi, la critique de la BCE en est réduite à de la démagogie.

Le 11 décembre, c'est au tour de l'économiste Olivier Pastré, sur France Culture, de réagir. Titré « Ségolène-Jean-Claude Trichet : 1-0 », sa chronique prend la défense du président de la BCE : « Franchement, quand on a un coup de gueule de Ségolène Royal comme celui-là, ça mérite de réagir (…). Jean-Claude Trichet a raison (d'augmenter les taux ndlr). Il faut conclure à l'indépendance absolue de la BCE ».

Enfin, dernier éditorialiste à marquer son désaccord… Alain Duhamel. Dans sa chronique diffusée sur RTL le 14 décembre, il explique qu'« à la seule exception de François Bayrou, quand on entend l'ensemble des candidats en ce moment parler de l'Europe, on va, sans exagérer, de sornette en sornette. (…) Et bien entendu, on crie, grande spécialité française, depuis toujours il faut dire, haro sur Jean-Claude Trichet et sur la Banque centrale européenne. (…) et ceux qui la critiquent aujourd'hui, Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy, avaient voté le traité de Maastricht. On est en pleine hypocrisie. »

 

Mercredi 20 Décembre 2006

François Vignal

  • Bolkestein II adoptée avec la voix de la France

Que pouvait-on attendre d'autre de l'Europe fédérale en marche ? Rien. Le Conseil de l'Union européenne a adopté le 11 décembre dernier, en deuxième lecture la proposition de directive relative aux services dans le marché intérieur, dite directive «Services». Seules la Belgique et la Lituanie se sont abstenues. L'acte législatif entrera en vigueur le jour suivant sa publication au Journal officiel de l'Union européenne et devra être transposé par les Etats membres dans les trois ans. Le 15 novembre dernier, le Parlement européen acceptait de retirer tous les amendements examinés en commission du marché intérieur et d'adopter la "position commune" du Conseil pourtant pire que le compromis du 16 février. On rappelle que ce texte subordonne le droit du travail - compétence encore nationale d'après les Traités actuels - au respect du droit communautaire. Certes le Commissaire McCreevy successeur de Bolkestein a tenté de rassurer les partenaires sociaux dans une déclaration, mais c'était aussi lui qui, l'année dernière, justifiait le refus d'une entreprise de Lettonie de reconnaitre les conventions collectives en Suède, dans l'affaire Vaxholm, précisément au nom du droit communautaire... La directive Bolkestein II attribue aussi un pouvoir exorbitant de contrôle de la Commission sur la législation des Etats membres. Nous avions également dénoncé les ambiguïtés et les "zones grises" du texte qui laissent toute latitude à la Commission et à la Cour pour imposer notamment le principe du pays d'origine. Rappelons en effet qu'il n'est plus fait mention du droit applicable pour le détachement permanent du personnel employé, de sorte que ce pourra être tant le droit du pays d'origine que celui du pays d'accueil, même si la jurisprudence constante de la Cour de Luxembourg (Cassis de Dijon, 1979 et Säger, 1991) ne laisse aucune illusion sur le dumping social géant qui se prépare. Deux communications interprétatives de la Commission nous donnent déjà le "la" de la dérégulation massive qui s'enclenche. Dans la communication sur les services sociaux, le commissaire Spidla a souligné qu'ils "entrent de plus en plus dans le champ d'application du droit communautaire" relatif au "marché intérieur" et à la "concurrence". Par ailleurs, celle sur le "détachement des travailleurs" annonce une grande offensive contre les réglementations jugées "disproportionnées" de certains Etats membres vis à vis de prestataires d'autres pays de l'Union. Après l'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie et la relance annoncée pour 2007 de la partie constitutionnelle du Traité établissant une constitution européenne, l'adoption au Conseil de la directive Bolkestein est une nouvelle gifle pour celles et ceux qui ont voté "non". Mais, nulle inquiétude : pendant ce temps, Nicolas et Ségolène caracolent dans les sondages. Tout va bien donc.

 

 

  • La politicaillerie prend le pas sur les idées...

 

  •    Conséquence du 21 avril 2002, désormais, le PS et l’UMP négocient en amont avec les petits candidats pour les dissuader de se présenter à la présidentielle. Le record de 2002, avec seize candidats sur la ligne de départ, a peu de chances d’être égalé.

L’une des conséquences du 21 avril 2002 aura été de bouleverser la nature des relations entre les deux partis de gouvernement et les petites formations. Pour ces dernières, l’élection présidentielle est le seul moyen d’exister et parfois de subsister. Le nombre de voix recueillies permet de négocier avec le grand frère un maroquin ou des circonscriptions. Jusqu’en 2002, l’inflation de candidats n’inquiétait pas trop. Sûrs de leur puissance, les grands partis voyaient même d’un bon œil cet éparpillement des voix au premier tour : la moisson serait meilleure au second... à condition de ne pas rater la marche.
Pour 2007, plus question de jouer à un jeu devenu risqué. Désormais, les négociations entre petits et grands partis se déroulent en amont. Les "biscuits" sont toujours les mêmes : des circonscriptions gagnables, plus un ou deux strapontins dans l’équipe de campagne du candidat. Sans parler de quelques vagues promesses de rétablissement du scrutin proportionnel... En échange, le petit candidat doit se sacrifier, mettre son ego et ses convictions dans sa poche. Peu importe ce qu’ils pèsent aujourd’hui, Christine BOUTIN, le PRG et le MRC ont fait monter les enchères en brandissant leur score de 2002. Le débat démocratique avance : CHEVÈNEMENT, pourfendeur du "Chirospin" en 2002, n’aura pas l’occasion de fustiger "Sarkoyal" ou "Royalzy" en 2007. Il abandonne et se réfugie dans les bras de Ségolène.
Pour que le ménage soit bien fait, les petits candidats récalcitrants ont droit à un autre traitement. En coulisse, le PS et l’UMP font pression sur les maires pour qu’ils n’accordent pas leur parrainage. Tel est le cas de Nicolas Dupont-Aignan, candidat "gaulliste et républicain", bête noire de Nicolas 1er. Dans ces conditions, on voit mal comment le nombre de candidats sur la ligne de départ pourrait égaler ou dépasser celui. de 2002 (seize). Et malgré tous les efforts déployés, le PS et l’UMP n’ont toujours pas la certitude d’être ensemble au second tour.

 

  • Parlement : les souverainistes gagnent du terrain

  •     L’union pour l’Europe des nations enregistre plusieurs ralliements et espère obtenir une vice-présidence.

Les remaniements politiques de mi-législature font grimper le groupe des souverainistes. Avec 44 eurodéputés, l’union pour l’Europe des nations (UEN) devient le quatrième groupe politique du Parlement européen, rétrogradant les Verts à la cinquième place. L’UEN a réussi à débaucher cinq députés polonais au groupe eurosceptique Indépendance et Démocratie et à convaincre quatre eurodéputés italiens de la ligue du Nord qui n’étaient rattachés à aucun groupe de les rejoindre. Enfin, plus surprenant, un député polonais du groupe socialiste figure aussi dans les nouveaux transfuges. Résultat des courses : l’UEN espère obtenir un poste de vice-président. Le processus de redistribution des cartes n’est cependant pas terminé. L’extrême droite cherche toujours à rassembler 19 membres afin de pouvoir créer un groupe. En revanche, l’arrivée des eurodéputés roumains (35) et bulgares (18) en janvier ne devrait guère entraîner de changements significatifs dans l’équilibre des groupes. Les deux pays ont en effet déjà des observateurs depuis un an qui, dans la très grande majorité, ont été désignés pour devenir membres à part entière.

 

  •  Sarkozy déplore la "surévaluation de l'euro" .

  •    "La surévaluation de l'euro est une erreur économique grave"...

... a lancé lundi Nicolas Sarkozy lors d'un meeting à Charleville-Mézières dans le cadre de sa campagne présidentielle. Le cours actuel de la monnaie européenne "rend le travail européen cher et le travail du reste du monde moins cher", "tire les salaires vers le bas", "pénalise nos industries" et "incite aux délocalisations", a dénoncé le candidat. "Continuons comme cela et on ne pourra plus fabriquer un Airbus en Europe. Le dollar sera devenu si bon marché qu'on ira faire fabriquer l'Airbus aux Etats-Unis", s'est exclamé M. Sarkozy. L'euro valait lundi 1,30 dollar sur les marchés financiers. "Nous avons fait l'euro pour agir, pas pour subir. Nous avons fait l'euro pour mettre le travail européen en mesure de relever le défi de la mondialisation, non pour l'étrangler", a rappelé le président de l'UMP. Nicolas Sarkozy a de nouveau plaidé pour un "gouvernement économique de la zone euro". "Il n'y a pas un seul pays au monde où la monnaie ne soit pas un instrument de politique économique au service de la croissance et de l'emploi. Je ne serai pas le président de la République qui laisserait aux Américains le monopole d'un dollar roi", a-t-il lancé. "Je veux une monnaie puissante au service d'une politique économique puissante." Le président de l'UMP a de nouveau dénoncé le "refus du dialogue" de la Banque centrale européenne (BCE). "L'indépendance est une chose. Le refus du dialogue une autre", a-t-il dit. "On ne peut pas continuer à se préoccuper d'une inflation que la concurrence a fait disparaître sans se préoccuper du chômage, du pouvoir d'achat et de la croissance", a conclu M. Sarkozy.
CHARLEVILLE-MEZIERES (AP
l 18 déc, )

  •    Les Français ne sont pas dupes :

Nicolas Sarkozy n'a-t-il pas approuvé Maastricht ?  réponse OUI

Nicolas n'a-t-il pas appelé à voter "oui" au dernier référendum du 29 mai 2005?  réponse OUI

N'a-t-il pas entendu les critiques notamment des gaullistes de conviction qui ont toujours refusé l'Europe fédérale dont la mise en œuvre se poursuit sans l'accord des Français?  réponse OUI, mais il n'en tient pas compte

Ne propose-t-il pas de faire voter par voie parlementaire, après les échéances électorales de 2007, un texte allégé reprenant néanmoins l'essentiel du texte Giscardien ?  réponse OUI

Alors ! De qui se moque-t-il ? De nous tous ...