Retour  OF Magazine

 



 

LE GAULLISME SANS DE GAULLE.

par Dominique LAPORTE, Président du club "Debout La République" de Vence.
1 août 2006

  

Le 27 Avril 1969, une majorité de Français rejetait le projet alors soumis à referendum et portant sur la régionalisation et la réforme du sénat.

Le 28 Avril, dans la matinée, un communiqué lapidaire tombait sur les télescripteurs :

« Je cesse d’exercer mes fonctions de Président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi. »

C’est donc ainsi que le Général de Gaulle mettait un terme définitif à son action politique : se posait alors la question de savoir si nous entrions dans l’ère de l’après gaullisme ou simplement dans celle de l’après de Gaulle.

Un certain nombre d’observateurs ou d’hommes politiques considéraient alors qu’il ne pouvait y avoir de gaullisme sans celui qui en avait été l’inspirateur. André Malraux n’avait- il pas déclaré qu’il ne pouvait y avoir de gaullisme contre de Gaulle ?

Si on analyse le Gaullisme uniquement comme une épopée conduite par un être d’exception, il va de soi que le gaullisme ne peut survivre à son fondateur. A la satisfaction d’un certain nombre, et pas seulement à gauche, le gaullisme ne serait alors qu’une glorieuse parenthèse dans notre Histoire.

Certes, il n’est pas illégitime de se poser la question à condition qu’on le fasse honnêtement et pas seulement pour éliminer enfin un mouvement qui n’entrait pas dans le jeu traditionnel des partis. Il est exact que la personnalité du Général de Gaulle était d’un poids considérable et que l’on peut à juste titre se demander si ses partisans étaient capables de porter un tel héritage et soutenir une politique d’une telle exigence. Par ailleurs, une fois le fédérateur absent, les gaullistes sauraient-ils rester unis pour continuer à compter dans la vie nationale ? Cette analyse a heureusement ses limites dans la mesure où, par essence, l’action et le sentiment gaulliste puisent d’abord leur force et leur légitimité dans le peuple avant que d’être représentés par un parti politique. Autrement dit, le gaullisme ne s’exprime pas exclusivement au travers d’une structure organisée, le peuple pouvant être directement porteur de ses valeurs.

D’autre part, le Général, lui-même, allait trancher la question et nous donner la réponse à trois occasions :

Le 9 septembre1968, dans une conférence de presse, le Général de Gaulle déclare : « On voit donc quel est, pour longtemps, le devoir de cohésion et de résolution de ceux qui, à mesure du temps, ont adhéré, adhèrent ou adhèreront à l’entreprise de rénovation nationale qui a le service de la France pour raison d’être, pour loi et pour ressort. Cette entreprise, si on  l’appelle gaullisme depuis 1940, n’est donc que la forme contemporaine de l’élan de notre pays, une fois de plus ranimé, vers un degré de rayonnement, de puissance et d’influence, répondant à sa vocation humaine au milieu de l’Humanité »

Le Général de Gaulle n’attachait donc pas le gaullisme à sa personne, puisqu’en réalité il le resituait dans la continuité de tous les élans nationaux qui ont jalonné notre Histoire. On pourrait donc dire qu’il y a eu un gaullisme avant de Gaulle et qu’il peut y avoir un gaullisme après lui.

La deuxième référence qu’il est utile à rappeler est tout aussi explicite puisqu’on connaît cette fameuse citation « Puisque tout recommence toujours, ce que j’ai fait sera, tôt ou tard une source d’ardeurs nouvelles après que j’aurai disparu.»

Enfin, lors de sa dernière intervention télévisée le Général annonce solennellement qu’en cas d’échec au referendum il quitterait le pouvoir et ce « quels que soient le nombre et l’ardeur de ceux qui le soutiennent et qui de toute façon détiennent l’avenir de la Nation.»

C’est dire qu’il ne voyait pas le gaullisme disparaître en même temps que lui-même et qu’il souhaitait ardemment que ses partisans restent aux commandes !

Voilà pourquoi, il y a bien un gaullisme qui peut survivre au Général et l’objet de ce texte est d’en définir l’actualité.

Si nous en revenons à l’immédiat après de Gaulle, au lendemain du 27 Avril 1969, on peut dire que la succession immédiate ne posa pas de problèmes majeurs tant Georges Pompidou, pour une très large majorité d’électeurs et de militants gaullistes, apparaissait comme le successeur légitime. Néanmoins, dès cet instant on dut compter des défections. En effet trois éléments conjugués entraînèrent la critique et la désaffection d’un certain nombre de gaullistes à l’égard de Pompidou.

D’abord, le style. Il était évident que le nouveau Président ne ressemblait pas à la statue du commandeur et d’ailleurs très honnêtement et intelligemment il refusa de « singer » le général. Les plus attachés à la personne et au style du général s’éloignèrent.

Ensuite, les déclarations que Georges Pompidou avaient faites à Rome, en Janvier1969. Il avait alors déclaré à un journaliste, que « si Dieu le voulait, il pourrait avoir un destin national.» Cela avait été interprété, par la presse comme une candidature ouverte à la succession du Général de Gaulle, ce qui pour certains gaullistes était iconoclaste d’autant que cela pouvait faire perdre des voix dans la perspective du referendum. L’Élysée avait même répliqué par un communiqué précisant que le Général de Gaulle n’avait pas l’intention d’abandonner ses fonctions. Ceci, étant, même s’il faisait allusion à cette déclaration sous forme d’un reproche, le Général de Gaulle avait approuvé la candidature de Georges Pompidou. Néanmoins, certains proches du Général ne le pardonneraient jamais. 

Enfin, il était patent que Pompidou ne croyait pas à la « participation » en tant que modèle de système social. Il pensait que la croissance devait profiter à tous, mais dans le cadre d’un régime libéral redistributeur, puisque l’époque le permettait encore. Ceci lui créa une opposition frontale et virulente de ceux que l’on appelait les « gaullistes de gauche.» Capitant, qui démissionna du gouvernement en même temps que de Gaulle quitta le pouvoir, et Louis Vallon, auteur d’un célèbre pamphlet « L’anti de Gaulle », furent les leaders de cette opposition.

Vint 1974 ou Chaban, que la tendance la plus conservatrice de l’UDR avait contesté lorsqu’il était Premier Ministre fut, avec l’appui massif des militants, le candidat gaulliste. Ce fut alors une véritable scission, puisque 43 parlementaires menés par Jacques Chirac soutinrent Giscard d’Estaing dès le 1er tour ce qui fut analysé comme une véritable trahison, Giscard ayant participé très activement à l’échec du referendum en avril 1969. D’ailleurs, à ce moment là, et dès 1974, les gaullistes se divisèrent schématiquement en trois groupes : les plus nombreux restèrent à l’UDR, le 2ème groupe, minoritaire en nombre mais comptant quelques personnalités de valeur rejoignit la gauche et les gaullistes du 3ème groupe rentrèrent purement et simplement dans leur foyer.

Mais, comme le disait Charles Pasqua à l’université d’été de « Debout la République » : les gaullistes se rassemblent derrière un chef. Jacques Chirac sut très vite en endosser l’attitude et le discours et créant le RPR, il réussit à maintenir la cohésion du plus gros des troupes. On peut estimer que si le RPR ne fut pas toujours en totale adéquation avec l’idéal gaulliste, il faut tout de même reconnaître que c’était là où, pendant longtemps, on retrouva le plus grand nombre de gaullistes au m2.

D’après Péguy : « un mouvement politique vit de sa mystique et meurt de sa politique.» Ceci s’applique pleinement au RPR. En effet, beaucoup, en 1995, avait vu en l’élection de Jacques Chirac à l’Élysée, le retour du gaullisme au pouvoir. Un certain nombre fut rapidement déçu, si bien que des gaullistes de conviction abandonnèrent le navire pour rejoindre Charles Pasqua au sein du mouvement qu’il avait créé, le RPF, qui rencontra un certain succès, en particulier aux élections européennes quand, allié à Philippe de Villiers, il battit la liste conduite par Nicolas Sarkozy et Alain Madelin.

Enfin, en 2002, le RPR se saborde pour disparaître dans l’UMP, mouvement qui ne revendique plus de filiation gaulliste mais qui, personne ne peut en douter, à l’approche des échéances électorales va probablement se retrouver quelques affinités avec l’Homme du 18 Juin. D’ailleurs qui nous dit que le candidat ou la candidate socialiste ne fera pas de même, la conquête de l’Élysée autorisant toutes les revendications de paternité !

Voilà très rapidement brossés les avatars des partis qui, peu ou prou, se réclamèrent de la pensée du Général de Gaulle.

Il convient de se demander où, sur le fond, se situe le gaullisme au regard du spectre politique traditionnel.

Et bien curieusement nulle part ou plutôt partout.

« Ce n’est pas la gauche, la France ! Ce n’est pas la droite, la France ! … Prétendre faire la France avec une fraction, c’est une erreur grave, et prétendre représenter le France au nom d’une fraction, c’est une erreur nationale impardonnable. »

Voilà qui en disqualifie un certain nombre pour la course à l’Élysée !

Mais s’il n’est ni à droite, ni à gauche, le Gaullisme serait-il du centre ? Certainement pas, tant il est vrai que le centre n’a toujours été en France qu’un appoint à toutes les combinaisons et n’a jamais été étranger aux faiblesses des gouvernements. Le centre a d’ailleurs cette particularité de n’être jamais central et de toujours finir par basculer d’un côté ou de l’autre.

Cela signifie simplement que le gaullisme transcende ces notions de droite et de gauche, à la fois défendeur de l’ordre parce que, comme le disait Péguy, « l’ordre seul fait en définitive la liberté ; le désordre fait la servitude », et partisan du mouvement, parce que la France doit toujours s’adapter pour épouser son temps.

Aron considérait qu’être de droite ou être de gauche, c’était être hémiplégique.

Et bien le Gaullisme n’est ni de droite, ni de gauche ou il est à la fois la droite et la gauche. « Le Gaullisme, c’est le métro à 5 heures du soir », disait Malraux.

Le Gaullisme c’est le rassemblement de tous les Français qui veulent s’unir, par delà les partis et les idéologies, dans le seul intérêt de la France.

Bien sûr il y a des gaullistes qui se sentent plus proches de l’ordre et de la tradition et d’autres davantage préoccupés par le progrès social ou l’adaptation à l’évolution des moeurs. Mais, c’est un peu comme la langue française, on peut la parler avec l’accent provençal ou avec l’accent chtimi ; avec l’accent lyonnais ou l’accent catalan, l’accent alsacien ou celui des faubourgs de Paris, mais c’est toujours la langue française. Et bien, c’est la même chose pour le Gaullisme !

On retrouve donc des gaullistes dans tous les partis qui se revendiquent comme étant de droite : UMP, de moins en moins, il est vrai mais il y en a encore quelques uns !chez Philippe de Villiers voire, même si c’est paradoxal, au Front National. Et puis, il y a des gaullistes à gauche, en particulier au Parti Socialiste ou dans des organisations qui gravitent autour du PS, je pense en particulier à ceux qui ont rejoint Chevènement. Il y a aussi des mouvements spécifiquement gaullistes et d’importances diverses, qui défendent, chacun à leur manière l’idéal gaulliste, il y a bien sûr beaucoup de gaullistes dans les mouvements souverainistes, en particulier au RIF.

 Et, il y a « Debout la République », mouvement auquel j’appartiens, qui est présidé par Nicolas Dupont –Aignan, et qui représente aujourd’hui, de mon point de vue, l’expression politique la plus active du gaullisme, c’est à dire la plus présente et la plus engagée dans le débat et le combat politiques quotidiens.

Et tous ces gaullistes, avec leurs particularités quelquefois trop cultivées, se retrouvent dès lors qu’ils estiment que le destin de la France est remis en cause ; on l’a bien vu lors du dernier referendum sur le projet de constitution européenne, quand, derrière tous les gaullistes historiques sans exception, ils ont fait, en commun, campagne pour le non.

Il est certain que cet éparpillement n’aide pas à l’audience des idées gaullistes dans la vie nationale. Et pourtant, confrontées aux réalités de notre vie politique, il est absolument stupéfiant de voir combien les valeurs gaullistes correspondent aux besoins du temps et aux aspirations des Français.

Très tôt le Général de Gaulle définit ce qui, pour lui, devait être le fil conducteur de sa doctrine, puisqu’il écrivait dans son livre « vers l’armée de métier » :

« Confondre l’intérêt permanent de la France avec un grand idéal humain, voilà qui serait beau et en même temps profitable » ! Le fondement du gaullisme était déjà dans l’esprit du Général : La France comme primat et la condition de l’homme pour finalité !

Car pour de Gaulle, l’action politique ne consiste pas édicter un ensemble de mesures prises en fonction des sondages éphémères ou pour plaire à des groupes de pression et soigner des clientèles électorales ! « C’est un idéal au travers des réalités » et si le principe en est la France, « une certaine idée de la France, la France madone aux fresques des murs, la France qui ne peut être la France sans la grandeur » l’aboutissement en est « le service de l’homme.»

« Sur toute la terre nous considérons qu’il n’y a qu’une seule espèce humaine, et cette espèce humaine là, nous voulons que, ou qu’elle soit, de quelque couleur que soit la peau, l’homme ait ses droits, sa liberté et la possibilité de décider, de disposer dignement de lui-même. C’est cela qui est l’idéal de la France ! »

Ce n’est pas à tort que l’on a pu affirmer que le gaullisme était un humanisme.

LA FRANCE ! Oui, elle est au premier rang et aux heures les plus sombres, de Gaulle n’hésite pas à s’écrier « Vingt siècles d’histoire sont là pour attester qu’on a toujours raison d’avoir foi en la France ! »

Le gaullisme c’est d’abord cela, une foi inébranlable en la France, même quand tout semble perdu, « jamais las de guetter dans l’ombre la lueur de l’espérance ! » et ceux qui ne font pas de la pérennité de la Nation française la base de leur combat ne peuvent revendiquer la filiation gaulliste où alors, ce sont des usurpateurs !

Alors comment le gaullisme ne serait-il plus d’actualité ? Le gaullisme sera présent tant qu’il y aura des français qui croiront en l’avenir de la France, qui se battront pour son rayonnement, qui seront fiers de leur histoire et de leur drapeau et toujours disposés à diffuser notre idéal de Liberté, d’Égalité et de Fraternité, devenu valeur universelle !

Car ce n’est pas n’importe quelle France que le gaullisme incarne ; ce n’est pas comme aimeraient à le faire croire tous les petits ersatz de ce pauvre Monsieur Lecanuet, une France recroquevillée sur elle-même, accrochée à son passé et frileuse devant l’avenir. Non, c’est une France solide et respectée, une France aux mains libres, une France fière d’elle même, une France rassemblée afin qu’elle puisse être ouverte sur le monde, attractive et généreuse pour tous ceux qui ont faim et soif de liberté et de justice !

Et, il faut bien le dire, jusqu’à ce referendum sur l’Europe et cette crise des banlieues, nos hommes politiques avaient complètement zappé la France de leurs discours et de leurs préoccupations, alors que le peuple, lui, y était toujours attaché !

Leur slogan d’alors ce n’était pas « la France d’après » puisque dans leurs têtes, ils étaient déjà « après la France »

Comment s’étonner, dès lors, que le seul qui a parlé de la France durant toutes ces années, même si ce n’est pas dans des termes qui nous conviennent, soit arrivé second aux dernières élections présidentielles ?

Les partis, les élites, se sont exonérés de leur mission première depuis trop d’années. Ils ont chassé la France de leur préoccupation, ils se sont laissés aller aux délices et poisons de la politique politicienne. Ils ont chassé la France, et la France les a chassé des urnes soit par l’abstention, soit en changeant de majorité à chaque scrutin législatif.

 

LA FRANCE, OUI, ET LA FRANCE SOLIDE ET RESPECTEE

Et pour cela, il faut à la France un État, et à la tête de cet État, une autorité. Les institutions de la Vème République ont été conçues pour cela : un Président élu au suffrage universel et arbitre au-dessus des partis, un gouvernement qui a les moyens de mener sa politique, un parlement qui contrôle et la possibilité de recourir au referendum afin que le peuple puisse directement se prononcer sur les grandes questions nationales.

Depuis 1958, dans les périodes calmes comme dans les épreuves, la constitution a fonctionné et permis la continuité de l’État malgré les changements de majorité.

Cette constitution est l’un des piliers du gaullisme et il nous appartient de la défendre.

J’avoue qu’aujourd’hui, nous sommes en plein délire institutionnel et le spectacle qui nous est offert est absolument ahurissant ! Et je ne parle pas du cinéma de Monsieur Hollande à l’assemblée ! Quand Monsieur Ayrault a insulté Lionel Luca, député UMP, il me semble que ça n’a pas ému les socialistes !

Mais au niveau du fonctionnement de l’État, que voyons-nous ?

Un Président de la République, clé de voûte de nos institutions qui a complètement perdu la main et quand il lui arrive de prendre une décision, c’est pour désavouer la majorité parlementaire ou protéger un de ses amis !

Un Gouvernement qui n’a plus aucune autorité, tant il est divisé de l’intérieur et maladroit pour ne pas dire incompétent dans la conduite de sa politique ;

Un parti majoritaire, élu pour soutenir le gouvernement, qui joue ouvertement contre le Premier Ministre et tout cela parce que ce parti croit que c’est la meilleure manière pour que son Président accède à la magistrature suprême !

Comment peut-on faire croire aux français que tous ces gens là sont d’abord investis dans la gestion des affaires du Pays ?

Et bien, s’il n’y a pas de réaction salutaire dans les prochains jours, il est certain que les résultats de 2007 vont être décoiffants, et ce dès 1er tour !

Les partisans de la rupture vont être servis, et au-delà de leurs espérances !

Il est vrai que lorsque j’entends Monsieur Hollande déclarer qu’une fois le candidat socialiste choisi, ce dernier devra défendre non pas ses idées mais les idées du Parti Socialiste, je ne m’étonne pas que Monsieur Montebourg veuille instaurer une VI ème République ressemblant furieusement à la IVème ! Monsieur Montebourg peut bien prendre des airs de Saint-Just, il n’énonce que les idées de Guy Mollet !

La IVème République s’est effondrée non par la faute des hommes, mais parce que les institutions minaient le système ; le système actuel risque de s’effondrer non pas parce que les institutions sont mauvaises mais parce que les hommes s’ingénient à le miner, ce que les Français ne leur pardonneront pas.

Si tant de Français ont du respect pour le Général de Gaulle, c’est que, d’accord ou pas avec lui, ils savent qu’il ne s’est jamais prêté à des manœuvres subalternes et qu’il n’a jamais sacrifié les intérêts de la France au profit d’une faction, de sa carrière ou d’intérêts particuliers.

Si tant de Français - il suffit de parler tous les jours avec eux - sont aujourd’hui désabusés pour ne pas dire davantage, c’est qu’ils ont l’impression du contraire avec la classe politique actuelle. Ne croyez-vous pas qu’il est grand temps tant de réagir ?

 

LA FRANCE, OUI, LA FRANCE SOLIDE ET RESPECTEE ET LA FRANCE AUX MAINS LIBRES

Inféodée à aucune des grandes puissances, et la politique de Monsieur Chirac au regard de la dernière guerre en Irak répond complètement à l’idée que le Général de Gaulle se faisait du rôle de la France dans le monde, il ne saurait être question que la France devienne la vassale d’une organisation supranationale quelle qu’elle soit, fut- elle européenne. La France gaulliste n’est la France que libre et indépendante.

Le gaullisme, contrairement à tout ce que l’on peut lire et entendre n’est pas hostile à l’Europe. En 1963, De Gaulle déclarait : « il faut à l’Europe des institutions qui l’amènent à former un ensemble politique, comme elle en est un déjà dans l’ordre économique » ; et en 1965, lors d’un entretien avec Michel Droit, il va encore plus loin pour décrire comment il envisage cette Europe : « l’Europe ne sera pas supranationale. Elle commencera par être une coopération et peut-être qu’après, à force de vivre ensemble, elle deviendra une confédération.» D’ailleurs, rappelons que dès 1962, la France a proposé un plan, le plan Fouchet, visant à l’organisation politique de l’Europe.

Alors, européen oui et résolument, mais pas pour n’importe quelle Europe, pas pour une Europe qui réduise à néant les souverainetés nationales, pas pour une Europe qui donne pleins pouvoirs à des fonctionnaires plus soucieux de relayer les groupes de pression que de défendre l’intérêt des européens, pas pour une Europe qui échappe au contrôle démocratique, pas une Europe dont on ne connaît pas les frontières si ce n’est que l’on a décidé, au mépris de la volonté populaire, d’y faire entrer la Turquie !

« A quelle profondeur d’illusion ou de parti pris faudrait-il plonger pour croire que des nations européennes, forgées au cours des siècles par des efforts et des douleurs sans nombre, ayant chacune sa géographie, son histoire, sa langue, ses traditions, ses institutions, pourraient cesser d’être elles-mêmes et n’en plus former qu’une seule ? A quelles vues sommaires répond la comparaison, souvent brandie par des naïfs, entre ce que l’Europe devrait faire et ce qu’ont fait les États-unis, alors que ceux –ci furent créés, eux, à partir de rien, sur une terre toute nouvelle, par des flots successifs de colons déracinés.» précisait de Gaulle.

Alors, quand, le 29 Mai 2005, malgré et contre les partis, les medias, les élites,  les Français ont refusé de signer l’acte de décès de la France en tant que nation souveraine, et bien ce jour là, le peuple était gaulliste, la France était gaulliste !

Que ce soit bien clair, chacun a le droit d’estimer que la France doit se fondre dans un espace européen et abandonner la plus grande partie de sa souveraineté à une organisation supranationale. Mais alors, il faut le dire clairement, il faut que ceux qui défendent cette thèse, qui n’est pas nouvelle dans notre histoire, disent honnêtement qu’ils veulent une Europe fédérale et non pas qu’ils caricaturent leurs adversaires et avancent masqués en cachant le véritable enjeu de ce débat.

Il n’est pas honteux de vouloir une Europe fédérale, comme il n’est pas honteux de vouloir, comme le général de Gaulle, que la France reste la France au sein d’une Europe des Nations !

Et lorsque le peuple s’est exprimé, on respecte son choix et on ne va pas proclamer, comme le font les deux candidats qui sont en tête des sondages aujourd’hui, que si l’on est élu, on fera voter par le parlement un texte qui a été rejeté par le peuple Français, de la même façon que lorsqu'on est le Président de la République, on ne rase pas les murs et on ne va pas faire des ronds de jambe à Madame Merkel quand elle déclare que le projet constitutionnel devra être mis en application.

On ne reste pas muet quand Monsieur Barosso nous dit qu’il conviendra de refaire un texte en reprenant l’essentiel du projet de Monsieur Giscard d’Estaing, mais que surtout, il ne sera pas soumis à referendum mais présenté aux parlements.

Disons le nettement : si Monsieur Chirac pensait ne pas pouvoir assumer le résultat du referendum, il n’avait qu’à faire comme le Général de Gaulle en 1969 : démissionner !

Et qu’il s’agisse de Monsieur Chirac ou des prétendants au trône : s’ils comptent détourner le vote des français par des manœuvres et faire avaliser par un parlement qui l’accepterait, une organisation politique de l’Europe contraire à la volonté des Français, ils commettraient un acte qui a un nom : ce serait une forfaiture !

« On s’étonne que la France veuille être elle- même à l’extérieur, qu’elle ne renonce pas à être la France même en Europe. La France a choisi une fois pour toutes d’être la France et j’invite tout le monde à s’en accommoder. »

Voilà quelle est l’attitude gaulliste, et à défaut de courage, nous demandons aux gouvernants et à ceux qui de droite comme de gauche prétendent à le devenir, d’avoir au moins la dignité de ne pas trahir le suffrage universel.

 

LA FRANCE, OUI, SOLIDE ET RESPECTEE, LA FRANCE AUX MAINS LIBRES ET LA FRANCE FIÈRE ET RASSEMBLEE

«Ne tombons pas dans l’outrecuidance. Mais reconnaissons que la nation française ne souffre, par rapport à qui que ce soit, d’aucune infériorité de nature. Alors la fierté ? Mais oui ! »

De Gaulle est clair, s’il s’agit d’être fier de notre pays, il ne s’agit pas pour autant, comme il le précisera encore le 26 Septembre 1963 « d’arrogance ni d’outrecuidance ni de volonté de dominer qui que ce soit. Il n’y a que la conscience de ce que nous valons depuis des siècles et la volonté de la maintenir et faire valoir pour nous et pour les autres.»

Qui oserait aujourd’hui prononcer de telles paroles tellement il craindrait d’être taxé de nationalisme par tous ceux qui n’ont que la fierté d’eux-mêmes à renier notre histoire, à toujours vouloir trouver qu’à l’étranger, c’est mieux qu’en France, bref qui ne trouvent d’issue que dans l’alignement et la peur d’affirmer notre originalité.

Regardez comme ces élites se gaussent de « l’exception française », exception d’ailleurs à laquelle ils appartiennent au premier chef tant il est vrai qu’ils se sont toujours trompés en prenant pour modèles des systèmes qui se sont effondrés.

Regardez comme la gauche institutionnelle jubile à chaque fois que la droite, qui à cet égard est la plus bête du monde, fait acte de repentance !

Nos ancêtres sont des esclavagistes et ce sera écrit dans nos livres d’histoire, par contre la France n’a jamais rien apporté de positif à ses colonies et il est hors de question d’enseigner le contraire à nos enfants !

Napoléon ! Un grand homme, mais quand il s’agit de le commémorer c’est aux fastes de Trafalgar que le gouvernement participe et surtout pas à ceux d’Austerlitz dont nous sommes absents !

Un président étranger insulte la France le matin et est reçu avec toutes les prévenances l’après-midi pour se faire soigner dans un hôpital à Paris !

Comment voulez-vous que la jeunesse se reconnaisse dans un Pays qui se renie et comment voulez vous que des jeunes issus de l’immigration puissent avoir une quelconque envie de s’intégrer à un pays qui se flagelle constamment ?

A la crise politique et sociale, nous avons ajouté une crise morale !

Les Allemands ont réussi - et c’est tant mieux - à surmonter les conséquences de la seconde guerre mondiale et le gouvernement fédéral fait une campagne active pour donner au peuple allemand une nouvelle fierté de leur Pays, pendant que nous, nous nous ingénions à nous trouver des raisons d’être complexés !

Et tout cela pour quoi ? Pour complaire à des minorités agissantes qui ne veulent plus d’une France unitaire et qui nous entraînent sur la voie du communautarisme.

La plupart du temps, pour s’attirer les faveurs électorales de certaines catégories,  le discours politique ne s’adresse plus à l’ensemble des Français mais un jour aux citoyens d’origine maghrébine, le lendemain à ceux de confession juive et le troisième jour à ceux qui revendiquent une orientation sexuelle particulière. Et pour couronner le tout, afin de bien rompre l’égalité entre les Français, voilà qu’on veut mettre en place des règles de discrimination positive !

Attention, danger !

« Depuis l’aurore de notre histoire, nos malheurs furent toujours en proportion de nos divisions, mais jamais la fortune n’a trahi une France rassemblée »

Il est temps que les responsables prennent conscience de l’ampleur des dégâts dont la crise des banlieues n’a été que les prémices. A cet égard, il n’y a qu’une carte à jouer, c’est celle de l’assimilation et l’éducation nationale y a un rôle majeur.

La mise à disposition dans les lycées de la pilule du lendemain est probablement une grande réalisation de Madame Royal et l’éducation nationale peut certainement s’honorer d’apprendre à nos fils comment on enfile un préservatif, mais l’heure est peut-être arrivée d’en revenir à la transmission des fondamentaux, seule base d’une culture commune, d’une volonté de vivre ensemble et de l’égalité des chances.

La France a besoin de se retrouver, la France a besoin d’avoir confiance en elle-même si elle veut surmonter les défis de la société moderne. La France a besoin d’être unie et solidaire sur l’essentiel si elle veut affronter avec succès la compétition des nations à l’heure de la mondialisation.

Alors, n’ayons pas honte de nous mêmes, retrouvons nos valeurs, et défendons les parce qu’il ne faut compter sur personne d’autres pour le faire d’autant que certaines sont durement attaquées par un système économique qui peut nous broyer si nous ne mettons pas en place les contre-feux et sécurités nécessaires.

Car comme je le précise plus haut, le gaullisme a pour finalité l’épanouissement de l’Homme.

De Gaulle voulait faire de la France « un modèle quant à la condition des hommes » et pour se faire, il voulait créer une troisième voie entre le « capitalisme sauvage et le communisme totalitaire », la voie de la « participation. »

On sait qu’il se heurta à de nombreuses incrédulités et oppositions tant politiques, que patronales ou syndicales.

Aujourd’hui, pourtant, chacun voit que si le système socialiste, qui a été la plus grande arnaque du 20ème siècle, est rangé au rayon des erreurs de l’histoire, le libéralisme sans frein que nous connaissons, soutenu par les pays anglo-saxons et promu par Bruxelles, ne répond pas aux exigences de la justice sociale.

Comme l’a écrit André Frossard, qui n’était pas spécialement marxiste : « le libéralisme affiche son attachement aux droits de l’homme, mais les droits l’intéressent plus que l’Homme.»

D’abord, réaffirmons clairement qu’il ne peut y avoir de progrès social sans progrès économique, et qu’à cet égard, l’économie fondée sur la libre concurrence en est le meilleur ressort, à condition qu’on le tempère d’une part, et que l’on mette en place les amortisseurs sociaux qui compenseront les excès d’un système poussé au bout de sa logique dont le paroxysme a été la fameuse directive Bolkestein, véritable coup de poignard dans le dos des salariés français.

Les excès, nous en connaissons d’ores et déjà les effets :

·  privatisations à tout va, y compris sur des secteurs non concurrentiels (autoroutes) ou dans des domaines vitaux tels que ceux de l’énergie (GDF par exemple) ; 

·  Entreprises devenues la proie de raiders sans scrupules et fusions débouchant toujours sur des pertes massives d’emploi ;

·  Baisse des avantages sociaux, licenciements financiers plutôt qu’économiques, délocalisations ; etc…

Face à ce constat, il est primordial de mettre en place les contre-feux.

Lorsque j’ai commencé à travailler voici quelques trente ans, le discours officiel de l’entreprise était le suivant : l’entreprise a trois composantes, les clients, les actionnaires et les salariés. Si l’un est maltraité, le trépied est bancal. Il me semblerait urgent d’en revenir à cette sagesse, car si nous laissons faire, nous allons tout droit à la rupture du pacte social.

« Nous prétendons faire de la France ce qu’elle doit être suivant sa vocation, je veux dire un modèle et un guide quant à la condition des hommes ».

C’est dire que nous ne pouvons soutenir ceux qui tonitruent que nous devons détruire le modèle social Français.

Qu’il faille l’adapter aux nouvelles contraintes, oui !

Qu’il faille alléger le code du travail, qui a superposé les lois sur les lois, paralysant l’initiative de l’employeur sans que cela apporte de protections pour le salarié, certainement !

Qu’il faille innover et trouver de nouveaux moyens de financer les régimes sociaux, c’est évident !

Mais vouloir faire table rase de ce qui existe sans reconstruire un système qui garantisse aux Français une protection sociale de bon niveau, ce n’est pas conforme à notre exigence de justice sociale et c’est assurément nous mener tout droit à l’explosion sociale, et à la lutte d’une partie des Français contre les autres.

Sécurisation des parcours professionnels pour pallier les inévitables ruptures dans la vie du travail ; TVA sociale pour financer les régimes sociaux et lutter contre les délocalisations, actionnariat salarié faisant de ce dernier un partenaire incontournable des décisions stratégiques de l’entreprise, sociétés à structures participatives permettant à chacun d’être associé aux décisions qui concernent son travail, aucune mesure ne doit être négligée pour garantir l’équilibre de notre collectivité sociale en même temps que pour dynamiser notre économie.

Peu avant de quitter le pouvoir, le 11 mars 1969, le général de Gaulle déclarait :

« Il s’agit, partout où les hommes sont ensemble pour vivre ou pour travailler, de rendre leurs rapports plus humains, plus dignes, par là plus efficaces. Il s’agit que chacun, là où il fournit son effort, ne soit pas un instrument passif, mais participe activement à son propre destin. Voilà quelle doit être la grande réforme française de notre siècle »

Cette vaste réforme, il nous appartient de la mettre en place car elle est plus que jamais nécessaire.

Le gaullisme n’est pas une idéologie ; il n’y a pas de petit livre bleu, blanc, rouge du gaullisme.

Il ne prétend pas non plus répondre à toutes les questions de circonstances qui se posent à la société, mais il fixe des grands principes incontournables qu’il convient de respecter si on veut que la France reste ou redevienne une grande Nation, et en ce sens, il est plus que jamais d’actualité.

Il faut le dire : La France ne va pas bien. Elle vit à la fois une crise économique (régression dans le classement des pays industrialisés, déficits abyssaux, désindustrialisation), une crise sociale (chômage, remise en cause du pacte social, contestations incessantes) et plus grave, une crise morale fomentée et entretenue par des acteurs politiques et qui a abouti à ce que le Pays doute de lui- même.

Et pourtant, les Français, dans leur grande majorité, et ils l’ont exprimé au cours des dernières échéances électorales, aspirent à un renouveau, et sont prêts aux efforts pour concourir au redressement de notre Pays pour peu que le cap soit fixé et les efforts partagés. Les Français ont envie de relever la tête.

Pour cela nous avons besoins de dirigeants qui se détachent des querelles subalternes, qui inscrivent leur action dans la durée et non plus au gré des modes et des publics auxquels ils s’adressent, et qui envoient au pays un message clair et mobilisateur.

Bref, la France a besoin de renouer avec un idéal, elle a besoin d’un grand dessein.

A « Debout la République », nous pensons que quelles que soient les qualités indéniables des hommes ou des femmes dont la candidature se profile pour 2007, aucune ne semble porter ce grand projet. C’est pourquoi Nicolas Dupont-Aignan a décidé d’incarner cette espérance en étant lui-même candidat.

Bien sûr, et chacun le comprend, cette candidature peut déranger et ne pas satisfaire les partis politiques installés, mais c’est la seule solution pour que les idées gaullistes ne soient pas absentes de ce grand rendez-vous démocratique.

Depuis trente ans, et peut-être un peu plus, les gouvernements successifs de droite et de gauche se sont laissés aller à la facilité, ont fait de l’électoralisme, ont considéré la fonction politique davantage comme une carrière individuelle à gérer plutôt que comme une mission à accomplir et ils en ont oublié l’essentiel : la défense de la France et de l’intérêt collectif des Français.

Pour conclure, faisons appel à Michelet :

« En nationalité, c’est tout comme en géologie, la chaleur est en bas ; aux couches inférieures, elle brûle. »

Si, ce que nous appelons les élites ont abandonné notre Pays, le peuple, dans ses profondeurs, est attaché à notre Patrie.

Alors, où que nous nous situions sur l’échiquier politique, ne laissons pas cette flamme s’éteindre et, fidèles à l’idéal gaulliste, mobilisons-nous pour qu’elle éclaire de nouveau les couleurs de la France !