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n° 34 du 21 novembre 2005
 

 

Le plan : une "ardente obligation".

 

 

"Il ne suffit pas d'entretenir, pour vivre, des entreprises nombreuses, séparées, à faible rayon, il faut qu'elles s'unissent pour vaincre. Expansion, productivité, concurrence, concentration, voilà bien évidemment, les règles que doit dorénavant s'imposer l'économie française, traditionnellement circonspecte, conservatrice, protégée et dispersée.

Dans un pays et sous un régime tels que les nôtres, il va de soi qu'une pareille mutation exige constamment, non pas tant des édits lancés par l'instance suprême, que beaucoup d'actes spécifiques, spontanés et démultipliés de la part des intéressés aussi bien que du gouvernement et de l'administration. Chef de l'État, j'aurai à la y appeler et en saisir l'opinion nationale, mais aussi à m'appliquer personnellement à certains points essentiels. Pour moi, à mon échelon, il s'agit du Plan, parce qu'il embrasse l'ensemble, fixe les objectifs, établit une hiérarchie des urgences et des importances, introduit parmi les responsables et même dans l'esprit public le sens de ce qui est global, ordonné et continu, compense l'inconvénient de la liberté sans en perdre l'avantage; je ferai donc en sorte que la préparation et l'exécution du plan prennent un relief qu'elles n'avaient pas en lui donnant un caractère "d'ardente obligation" et en le proclamant comme mien."

Charles de Gaulle - Mémoires d'espoir [le renouveau]- 1970