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Rupture, on entend souvent ce mot ces dernières semaines, mais il
n’est pas sûr que nous entendions tous la même chose.
- Certains prétendent que la France doit avant toute chose rompre
avec son modèle social qui serait désuet, obsolète. Elle devrait
s’adapter au monde moderne, l’Europe, la mondialisation.
- Personne ne peut nier que le monde bouge, que nous devons nous
adapter. Le monde de la marine à voile n’est plus, nous le savons
tous. Cela signifie-t-il pour autant que nous devons être naïfs,
épouser les idées à la mode prétendument modernes, abandonner notre
libre arbitre, notre indépendance pour nous fondre dans une Europe
supranationale elle-même ballottée par les forces sauvages d’une
mondialisation débridée, sans écluse ?
- Qui peut croire aujourd’hui qu’après des siècles, des millénaires,
notre vieille Nation gauloise est finie et doit disparaître
emportant avec elle notre liberté.
- Car la question fondamentale est bien celle-ci : pouvons-nous
encore exister en tant que Nation, en tant que peuple libre, ou
devons-nous rechercher notre salut dans des constructions
artificielles et contre –nature?
- L’action politique, c’est d’abord un engagement personnel, un acte
de foi.
Pour ma part, je ne suis pas entré en politique pour aliéner la
souveraineté de la France, c’est à dire pour renoncer à notre
liberté collective, mais aussi individuelle.
Notre objectif est simple : garder la maîtrise de notre destin tout
en coopérant avec le monde entier.
Car le choix n’est pas entre l’Europe intégrée et le repli sur soi,
comme certains ont tenté de le faire croire. La France a toujours
été au cœur du concert des Nations, elle doit y rester en tant que
telle, en tant que sujet de droit international, en tant qu’acteur
et non comme une simple zone géographique qui subit les diktats des
autres.
Voilà pourquoi la France a plus que jamais besoin d’un projet
national fort et cohérent qui garantisse à l’extérieur son
indépendance et assure à l’intérieur sa cohésion.
Notre objectif est donc double.
I. Garantir l’indépendance nationale
Le
29 mai dernier, les Français ont rejeté massivement un Traité dont
la finalité était ni plus ni moins de faire disparaître la France
Etat-Nation.
Le 29 mai dernier nous avons gagné une bataille nous n’avons pas
encore gagné la guerre, car je ne suis pas certain que les
fédéralistes aient vraiment désarmé et compris le sens du vote des
Français.
Récemment le Ministre des Affaires Etrangères a écrit à chacun des
députés de la majorité à laquelle j’appartiens pour leur dire qu’il
fallait réconcilier les Français avec l’Europe. Non Monsieur le
Ministre, c’est l’inverse, il faut réconcilier l’Europe avec les
Français, avec la France.
L’Europe ne peut s’organiser que dans le strict respect de la
souveraineté des peuples. L’intégration européenne qui veut réduire
les Nations à des espaces d’un marché est une incongruité. Vouloir
faire de l’Union Européenne un Etat supranational est voué à l’échec
car c’est une construction artificielle décalée des réalités et de
la volonté des peuples.
L’Union Européenne doit redevenir une Union d’Etats, souverains et
indépendants, une organisation intergouvernementale. C’est le sens
du Manifeste pour une refondation de l’Europe que le CNR vous
a présenté.
Il est urgent de remettre à plat la construction européenne qui
s’enlise et pratique la fuite en avant. Il est urgent que les Etats
maîtrisent la gouvernance économique de l’Europe , de l’euro.
C’est d’autant plus urgent que la construction de l’Europe n’est
pas la réponse au monde d’aujourd’hui. Nous vivons désormais
dans un village planétaire, la révolution des communications a
structurellement bouleversé et transformé la notion de proximité
géographique et donc de l’action politique internationale.
Nous sommes aujourd’hui tout aussi proches du Japon et de la Chine
que nous l’étions autrefois de la Pologne ou de l’Angleterre. Si
nous avons en commun en Europe la nécessité de maintenir la paix -
elle n’est pas en cause aujourd’hui-, nos intérêts économiques sont
loin de toujours coïncider, nos entreprises sont très souvent en
concurrence féroce-, nos intérêts culturels, linguistiques sont
radicalement opposés. Les oppositions en matière culturelle et
linguistique structurent en réalité l’identité des Nations et
affectent directement leur influence politique.
Enfin et surtout la France a des intérêts mondiaux, en Europe
certes, mais l’Europe ne saurait être l’exclusivité de nos passions.
Car nos intérêts sont importants aussi en Afrique, Afrique que la
France délaisse à tort, au Proche et Moyen-Orient et partout
ailleurs où l’on attend très souvent la France pour montrer la voie.
Membre permanent du Conseil de Sécurité, 3ème ou 4ème puissance
nucléaire indépendante, 4ème ou 5ème puissance économique, elle a la
taille suffisante pour défendre ses intérêts, ses conceptions, au
besoin en suscitant les coalitions nécessaires à cette fin.
L’affaire de l’Irak l’a simplement démontré : plus la France est
indépendante, plus l’Europe est indépendante et plus le monde trouve
son équilibre, en revanche moins la France est indépendante, plus
l’Europe est américaine et le monde se désespère.
Mais pour tenir son rang dans le monde, la France doit être
cohérente à l’intérieur.
II. Rassembler les Français sur un projet national
La
France depuis toujours est un projet politique, une force politique
qui va !
Cela apparaît déjà dans la guerre des Gaules où le jeune chef
Arvenne appelant à la lutte armée contre l’envahisseur insiste sur
la nécessité du Rassemblement et de l’Unité.
Cette unité, elle s’est toujours faite autour des institutions de
l’Etat, n’en déplaise à ceux qui ont pour seul fonds de commerce de
dénoncer l’omniprésence de l’Etat. En réalité ils confondent Etat et
Bureaucratie, réglementation.
Il faut rompre en effet avec l’affaiblissement permanent de l’Etat.
1) Primauté de la Constitution, loi fondamentale de la Nation
Il
faut redonner la primauté à la Constitution française sur toute
norme internationale. Le défunt traité pour une constitution pour
l’Europe prétendait que le droit de l’Union européenne devait être
supérieur à tout le droit des Etats, y compris leur constitution.
Cela est inacceptable et dangereux.
J’ai fait une proposition de loi constitutionnelle pour rétablir la
supériorité de la Constitution et rappeler aux juges qu’ils sont là
pour appliquer les lois de la République et pas celles des
technocrates de Bruxelles et de Francfort.
2) Refonder les institutions et le pouvoir politique de l’Etat
- Le
quinquennat a été une faute sans appel, que j’ai combattue. Il faut
redonner au chef de l’Etat la durée, le politique doit réapprendre
le temps long et non gouverner dans l’immédiateté permanente, avec
des coups médiatiques sans lendemains. Le septennat répondait à
cette nécessité et devra y répondre à nouveau.
- S’il convient à juste titre de rapprocher la décision, des
citoyens et si la décentralisation a développé la démocratie
locale, cela ne signifie pas pour autant qu’il faut empiler les
structures.
- La décentralisation à la mode de Jean Pierre Raffarin que je n’ai
pas approuvée est une faute. Les régions ne font que générer des
roitelets et autres mégalomanes dont l’exemple achevé est le nouvel
empereur de la Septimanie.
Je suis favorable à la suppression des régions auxquelles doit se
substituer simplement la libre volonté de convention entre les
départements quand c’est nécessaire.
On y gagnera une élection en moins et des économies substantielles.
Le cadre du Département est largement suffisant pour agir, et au
besoin, il peut par contrat s’allier à un autre pour démultiplier
son action.
Ceux qui prétendent que les régions sont nécessaires pour faire
pendant aux Länder ont une conception moyenâgeuse des choses. C’est
l’Allemagne et l’Europe des Habsbourgs. Ce n’est pas la France.
- Justice : il n’y a pas d’Etat sans justice, ce service public est
consubstantiel à la notion de l’Etat régalien. Des efforts
financiers importants ont été faits en faveur de la justice mais il
importe de rappeler fermement aux magistrats qu’ils sont là pour
appliquer les lois, pas pour les critiquer. Leur devoir de réserve
doit être réaffirmé avec force et sans hésitations, j’ai déposé une
proposition de loi organique en ce sens.
3) Immigration
Un
Etat digne de ce nom doit maîtriser ses frontières et l’immigration.
Il n’existe pas et il n’existera jamais de frontière hermétique mais
il faut contrôler les flux : on peut entrer mais on doit mettre en
place les procédures pour vérifier que les étrangers sont repartis.
Il est urgent de réformer le système Schengen en rétablissant les
contrôles aux frontières intérieures. Croire que l’on peut maîtriser
les flux dans un espace ouvert à 15 puis 25 relève de la fumisterie.
J’ajoute que toute décision de régularisation en nombre ruine toute
crédibilité de contrôle des flux : c’est une faute qui provoque
l’appel d’une nouvelle vague d’immigration illégale.
4) La laïcité
La
laïcité est au cœur du pacte républicain. Elle est devenue la règle
du jeu raisonnable pour éviter les affrontements religieux.
Elle définit le partage entre la sphère publique, où elle doit être
respectée sans appel, et la sphère privée où chacun doit avoir une
totale liberté de conscience et de religion.
La laïcité ne saurait faire discussion. Elle doit s’appliquer dans
tous les services publics et ceux qui ne veulent pas la respecter
doivent se soumettre ou partir, nous ne les retiendrons pas.
Cela signifie clairement aussi que l’on ne doit pas jouer les
apprentis sorciers en prétendant vouloir financer les lieux de culte,
il n’en est pas question.
De même si on peut parfaitement comprendre que des mesures
individuelles puissent être prises pour accompagner les plus faibles
et faciliter leur intégration sociale, il ne saurait être
question de pratiquer des discriminations positives non seulement
contraires au principe d’égalité mais fondement même du
communautarisme à bannir sans appel. L’exemple anglais devrait
ouvrir les yeux de certains.
5) L’économie
Une
nouvelle politique économique est indispensable pour renouer avec la
croissance, cela passe d’abord par la remise en cause radicale des
choix macro-économiques bruxellois et mondiaux que nous subissons de
plein fouet.
- Que les choses soient claires. Il ne s’agit pas de revenir à un
protectionnisme illusoire mais il s’agit de prendre en compte les
réalités du monde. -
Rétablir une préférence communautaire à l’égard des pays qui
protègent un dumping monétaire : la Chine, l’Inde.
- Mettre en place une politique de concurrence qui favorise une
politique industrielle.
- Quant à l’euro, il va encore survivre mais je suis convaincu qu’il
ne durera pas. C’est une monnaie parfaite pour un monde parfait qui
n’existe pas.
Le débat à ce titre en l’Allemagne et en Italie est révélateur ;
seuls les fédéralistes idéologiques y croient encore, pas pour
longtemps.
D’ici là, et afin de limiter les dégâts de l’instrument inadapté
qu’est l’euro, il est impératif que la B.C.E. soit mise au pas et
intègre dans sa politique monétaire les orientations, voire les
instructions du Conseil. C’est aux politiques responsables devant le
peuple de commander, pas aux technocrates.
Mais il n’y a pas que le niveau européen et mondial qui soit en
cause. Nous avons aussi nos responsabilités internes. J’en vois
essentiellement quatre.
A) Fiscalité sur le capital
Arrêtons le massacre avec le capital français.
Les Français ont l’épargne la plus élevée au monde ou l’une des plus
élevée : près de 17% de leurs revenus nets disponibles. Grâce à l’ISF,
aux droits de succession, à l’IS, l’épargne va s’investir à
l’étranger, je suis pour la suppression de l’ISF, des droits de
succession, et pour ramener le taux de l’IS au-dessous de la moyenne
européenne avec un moratoire fiscal pour faire revenir le capital
qui a fui à l’étranger.
Vive le capital qui s’investit en France et y crée des emplois!
B) Le travail
Le travail reste le cœur de l’insertion, arrêtons de le rationner et
de le pénaliser.
Laissons les Français travailler librement plus s’ils le désirent, y
compris lorsqu’ils sont à la retraite. Cessons de limiter les
emplois avec la retraite. Vive le cumul emploi retraite laissé à la
liberté de chacun !
N’oublions pas que le travail, ça se crée, ça ne se rationne pas.
Arrêtons aussi de le pénaliser, de le discriminer avec trop de
cotisations sociales !
Oui à une TVA sociale qui mette tout le monde à contribution,
y compris les Chinois qui profitent des droits de douane à l’envers
que sont les contributions sociales françaises.
C) Maîtriser les dérives des marchés
Il faut reconnaître que l’économie de marché est une formidable
machine, une force économique quasi nucléaire irremplaçable. Mais
nous savons aussi qu’elle peut être dévastatrice.
L’Etat doit promouvoir l’entreprise privée, c’est certain, mais
l’Etat ne peut se laver les mains de l’Économie. Il n’y a pas
d’Économie, il n’existe que de l’économie politique afin de corriger
au besoin les excès ou les insuffisances des marchés.
- Nous ne pouvons laisser faire sans surveillance le monopoly
économique mondial qui au gré des foucades du marché vend
Péchiney ici pour acheter en Chine une aciérie sans en mesurer les
coûts et les conséquences. Nous devons nous donner les moyens de
rappeler qu’il y a une économie nationale qui doit d’abord agir pour
le plein-emploi des Français.
Nous devons en conséquence donner à l’Etat les moyens d’intervention
qu’il n’a plus en matière d’intelligence économique. La France
doit aussi être maîtresse de son destin économique et ne pas
laisser des intérêts étrangers décider à sa place.
Il appartient aussi à l’Etat d’avoir des Services Publics
efficaces au service des usagers et pas au services des
fonctionnaires- pas de droit de grève dans les Services publics
– Ces S.P. n’ont rien à voir avec les Services d’intérêt général de
Bruxelles, les Services public doivent être des instruments
d’action au service de l’intérêt général pour assurer la cohésion
nationale.
D) Pour une politique nataliste
Tout ce que j’ai dit précédemment sera sans objet et vain si la
France ne retrouve pas une croissance démographique plus soutenue,
sa situation n’est certes pas la pire d’Europe, mais elle n’est pas
la bonne.
La France doit mettre en œuvre une politique nataliste soutenue
réservée aux nationaux, je dis bien réservée aux nationaux car
c’est l’avenir du pays qui est en cause.
***
Alors, me direz vous, tout cela est très bien même si on peut
discuter tel ou tel point, et compéter ce discours, mais qui va
porter ce projet, qui va le défendre lors des prochaines campagnes ?
C’est une question réelle qui doit être posée, posée avec lucidité,
responsabilité, et crédibilité. Quelle est la situation ?
Nos idées progressent tant à droite qu’à gauche.
Les Français l’ont démontré le 29 mai dernier car le référendum a
d’abord sanctionné un modèle de société et rejeté l’asservissement
de la France que nous n’avons eu de cesse de dénoncer.
Nos idées progressent, c’est certain. Mais il faut être réaliste,
nous n’avons pas encore parmi nous le héros ou le héraut – les deux
écritures sont possibles- pour porter dans la campagne
présidentielle nos idées, notre projet. Gardons-nous des
aventures car il ne suffit pas d’avoir du courage, nous en
avons, nous n’avons pas le droit de faire subir à nos idées un échec
cuisant. Il y a une autre stratégie, nous pouvons peser de tout le
poids de nos idées dans la bataille qui s’annonce. Pour avoir nos
voix, il faudra les mériter – y compris et surtout au sein de
notre famille politique.
Il ne s’agit pas là d’un chantage, il s’agit de la réalité. Les
Français attendent le retour du politique, le retour de la France.
Pour ma part je suis déterminé à faire gagner mes idées et à les
rendre incontournables, même si elles ne sont pas portées
directement par l’un d’entre nous.
Aujourd’hui, je ne suis certain que
d’une chose : le candidat qui sera élu président de la République ne
sera pas le candidat du centre mou et "eurobéat", il sera élu sur un
projet national fort et cohérent qui donne aux Français la maîtrise
de leur destin, ou il ne sera pas !
Vive la République, vive la France !
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