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Il faut redonner la primauté à la constitution française sur toute norme internationale !

Jacques Myard

Député UMP,,

Président du "Cercle Nation & république"

 

 

 

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- Rupture, on entend souvent ce mot ces dernières semaines, mais il n’est pas sûr que nous entendions tous la même chose.
- Certains prétendent que la France doit avant toute chose rompre avec son modèle social qui serait désuet, obsolète. Elle devrait s’adapter au monde moderne, l’Europe, la mondialisation.
- Personne ne peut nier que le monde bouge, que nous devons nous adapter. Le monde de la marine à voile n’est plus, nous le savons tous. Cela signifie-t-il pour autant que nous devons être naïfs, épouser les idées à la mode prétendument modernes, abandonner notre libre arbitre, notre indépendance pour nous fondre dans une Europe supranationale elle-même ballottée par les forces sauvages d’une mondialisation débridée, sans écluse ?
- Qui peut croire aujourd’hui qu’après des siècles, des millénaires, notre vieille Nation gauloise est finie et doit disparaître emportant avec elle notre liberté.
- Car la question fondamentale est bien celle-ci : pouvons-nous encore exister en tant que Nation, en tant que peuple libre, ou devons-nous rechercher notre salut dans des constructions artificielles et contre –nature?
- L’action politique, c’est d’abord un engagement personnel, un acte de foi.
Pour ma part, je ne suis pas entré en politique pour aliéner la souveraineté de la France, c’est à dire pour renoncer à notre liberté collective, mais aussi individuelle.
Notre objectif est simple : garder la maîtrise de notre destin tout en coopérant avec le monde entier.
Car le choix n’est pas entre l’Europe intégrée et le repli sur soi, comme certains ont tenté de le faire croire. La France a toujours été au cœur du concert des Nations, elle doit y rester en tant que telle, en tant que sujet de droit international, en tant qu’acteur et non comme une simple zone géographique qui subit les diktats des autres.
Voilà pourquoi la France a plus que jamais besoin d’un projet national fort et cohérent qui garantisse à l’extérieur son indépendance et assure à l’intérieur sa cohésion.
Notre objectif est donc double.
 

I. Garantir l’indépendance nationale

Le 29 mai dernier, les Français ont rejeté massivement un Traité dont la finalité était ni plus ni moins de faire disparaître la France Etat-Nation.
Le 29 mai dernier nous avons gagné une bataille nous n’avons pas encore gagné la guerre, car je ne suis pas certain que les fédéralistes aient vraiment désarmé et compris le sens du vote des Français.
Récemment le Ministre des Affaires Etrangères a écrit à chacun des députés de la majorité à laquelle j’appartiens pour leur dire qu’il fallait réconcilier les Français avec l’Europe. Non Monsieur le Ministre, c’est l’inverse, il faut réconcilier l’Europe avec les Français, avec la France.
L’Europe ne peut s’organiser que dans le strict respect de la souveraineté des peuples. L’intégration européenne qui veut réduire les Nations à des espaces d’un marché est une incongruité. Vouloir faire de l’Union Européenne un Etat supranational est voué à l’échec car c’est une construction artificielle décalée des réalités et de la volonté des peuples.
L’Union Européenne doit redevenir une Union d’Etats, souverains et indépendants, une organisation intergouvernementale. C’est le sens du
Manifeste pour une refondation de l’Europe que le CNR vous a présenté.

Il est urgent de remettre à plat la construction européenne qui s’enlise et pratique la fuite en avant. Il est urgent que les Etats maîtrisent la gouvernance économique de l’Europe , de l’euro.
C’est d’autant plus urgent que la construction de l’Europe n’est pas la réponse au monde d’aujourd’hui. Nous vivons désormais dans un village planétaire, la révolution des communications a structurellement bouleversé et transformé la notion de proximité géographique et donc de l’action politique internationale.
Nous sommes aujourd’hui tout aussi proches du Japon et de la Chine que nous l’étions autrefois de la Pologne ou de l’Angleterre. Si nous avons en commun en Europe la nécessité de maintenir la paix - elle n’est pas en cause aujourd’hui-, nos intérêts économiques sont loin de toujours coïncider, nos entreprises sont très souvent en concurrence féroce-, nos intérêts culturels, linguistiques sont radicalement opposés. Les oppositions en matière culturelle et linguistique structurent en réalité l’identité des Nations et affectent directement leur influence politique.
Enfin et surtout la France a des intérêts mondiaux, en Europe certes, mais l’Europe ne saurait être l’exclusivité de nos passions. Car nos intérêts sont importants aussi en Afrique, Afrique que la France délaisse à tort, au Proche et Moyen-Orient et partout ailleurs où l’on attend très souvent la France pour montrer la voie.
Membre permanent du Conseil de Sécurité, 3ème ou 4ème puissance nucléaire indépendante, 4ème ou 5ème puissance économique, elle a la taille suffisante pour défendre ses intérêts, ses conceptions, au besoin en suscitant les coalitions nécessaires à cette fin.

L’affaire de l’Irak l’a simplement démontré : plus la France est indépendante, plus l’Europe est indépendante et plus le monde trouve son équilibre, en revanche moins la France est indépendante, plus l’Europe est américaine et le monde se désespère.
Mais pour tenir son rang dans le monde, la France doit être cohérente à l’intérieur.
 

II. Rassembler les Français sur un projet national

La France depuis toujours est un projet politique, une force politique qui va !
Cela apparaît déjà dans la guerre des Gaules où le jeune chef Arvenne appelant à la lutte armée contre l’envahisseur insiste sur la nécessité du Rassemblement et de l’Unité.
Cette unité, elle s’est toujours faite autour des institutions de l’Etat, n’en déplaise à ceux qui ont pour seul fonds de commerce de dénoncer l’omniprésence de l’Etat. En réalité ils confondent Etat et Bureaucratie, réglementation.
Il faut rompre en effet avec l’affaiblissement permanent de l’Etat.

1) Primauté de la Constitution, loi fondamentale de la Nation

Il faut redonner la primauté à la Constitution française sur toute norme internationale. Le défunt traité pour une constitution pour l’Europe prétendait que le droit de l’Union européenne devait être supérieur à tout le droit des Etats, y compris leur constitution. Cela est inacceptable et dangereux.
J’ai fait une proposition de loi constitutionnelle pour rétablir la supériorité de la Constitution et rappeler aux juges qu’ils sont là pour appliquer les lois de la République et pas celles des technocrates de Bruxelles et de Francfort.

2) Refonder les institutions et le pouvoir politique de l’Etat

- Le quinquennat a été une faute sans appel, que j’ai combattue. Il faut redonner au chef de l’Etat la durée, le politique doit réapprendre le temps long et non gouverner dans l’immédiateté permanente, avec des coups médiatiques sans lendemains. Le septennat répondait à cette nécessité et devra y répondre à nouveau.
- S’il convient à juste titre de rapprocher la décision, des citoyens et si la décentralisation a développé la démocratie locale, cela ne signifie pas pour autant qu’il faut empiler les structures.
- La décentralisation à la mode de Jean Pierre Raffarin que je n’ai pas approuvée est une faute. Les régions ne font que générer des roitelets et autres mégalomanes dont l’exemple achevé est le nouvel empereur de la Septimanie.

Je suis favorable à la suppression des régions auxquelles doit se substituer simplement la libre volonté de convention entre les départements quand c’est nécessaire.
On y gagnera une élection en moins et des économies substantielles. Le cadre du Département est largement suffisant pour agir, et au besoin, il peut par contrat s’allier à un autre pour démultiplier son action.
Ceux qui prétendent que les régions sont nécessaires pour faire pendant aux Länder ont une conception moyenâgeuse des choses. C’est l’Allemagne et l’Europe des Habsbourgs. Ce n’est pas la France.
- Justice : il n’y a pas d’Etat sans justice, ce service public est consubstantiel à la notion de l’Etat régalien. Des efforts financiers importants ont été faits en faveur de la justice mais il importe de rappeler fermement aux magistrats qu’ils sont là pour appliquer les lois, pas pour les critiquer. Leur devoir de réserve doit être réaffirmé avec force et sans hésitations, j’ai déposé une proposition de loi organique en ce sens.

3) Immigration

Un Etat digne de ce nom doit maîtriser ses frontières et l’immigration. Il n’existe pas et il n’existera jamais de frontière hermétique mais il faut contrôler les flux : on peut entrer mais on doit mettre en place les procédures pour vérifier que les étrangers sont repartis. Il est urgent de réformer le système Schengen en rétablissant les contrôles aux frontières intérieures. Croire que l’on peut maîtriser les flux dans un espace ouvert à 15 puis 25 relève de la fumisterie.
J’ajoute que toute décision de régularisation en nombre ruine toute crédibilité de contrôle des flux : c’est une faute qui provoque l’appel d’une nouvelle vague d’immigration illégale.

4) La laïcité

La laïcité est au cœur du pacte républicain. Elle est devenue la règle du jeu raisonnable pour éviter les affrontements religieux.
Elle définit le partage entre la sphère publique, où elle doit être respectée sans appel, et la sphère privée où chacun doit avoir une totale liberté de conscience et de religion.
La laïcité ne saurait faire discussion. Elle doit s’appliquer dans tous les services publics et ceux qui ne veulent pas la respecter doivent se soumettre ou partir, nous ne les retiendrons pas.
Cela signifie clairement aussi que l’on ne doit pas jouer les apprentis sorciers en prétendant vouloir financer les lieux de culte, il n’en est pas question.
De même si on peut parfaitement comprendre que des mesures individuelles puissent être prises pour accompagner les plus faibles et faciliter leur intégration sociale, il ne saurait être question de pratiquer des discriminations positives non seulement contraires au principe d’égalité mais fondement même du communautarisme à bannir sans appel. L’exemple anglais devrait ouvrir les yeux de certains.

5) L’économie

Une nouvelle politique économique est indispensable pour renouer avec la croissance, cela passe d’abord par la remise en cause radicale des choix macro-économiques bruxellois et mondiaux que nous subissons de plein fouet.
- Que les choses soient claires. Il ne s’agit pas de revenir à un protectionnisme illusoire mais il s’agit de prendre en compte les réalités du monde. -
Rétablir une préférence communautaire à l’égard des pays qui protègent un dumping monétaire : la Chine, l’Inde.
- Mettre en place une politique de concurrence qui favorise une politique industrielle.
- Quant à l’euro, il va encore survivre mais je suis convaincu qu’il ne durera pas. C’est une monnaie parfaite pour un monde parfait qui n’existe pas.
Le débat à ce titre en l’Allemagne et en Italie est révélateur ; seuls les fédéralistes idéologiques y croient encore, pas pour longtemps.
D’ici là, et afin de limiter les dégâts de l’instrument inadapté qu’est l’euro, il est impératif que la B.C.E. soit mise au pas et intègre dans sa politique monétaire les orientations, voire les instructions du Conseil. C’est aux politiques responsables devant le peuple de commander, pas aux technocrates.
Mais il n’y a pas que le niveau européen et mondial qui soit en cause. Nous avons aussi nos responsabilités internes. J’en vois essentiellement quatre.

A) Fiscalité sur le capital
Arrêtons le massacre avec le capital français.
Les Français ont l’épargne la plus élevée au monde ou l’une des plus élevée : près de 17% de leurs revenus nets disponibles. Grâce à l’ISF, aux droits de succession, à l’IS, l’épargne va s’investir à l’étranger, je suis pour la suppression de l’ISF, des droits de succession, et pour ramener le taux de l’IS au-dessous de la moyenne européenne avec un moratoire fiscal pour faire revenir le capital qui a fui à l’étranger.
Vive le capital qui s’investit en France et y crée des emplois!

B) Le travail
Le travail reste le cœur de l’insertion, arrêtons de le rationner et de le pénaliser.
Laissons les Français travailler librement plus s’ils le désirent, y compris lorsqu’ils sont à la retraite. Cessons de limiter les emplois avec la retraite. Vive le cumul emploi retraite laissé à la liberté de chacun !
N’oublions pas que le travail, ça se crée, ça ne se rationne pas. Arrêtons aussi de le pénaliser, de le discriminer avec trop de cotisations sociales !
Oui à une TVA sociale qui mette tout le monde à contribution, y compris les Chinois qui profitent des droits de douane à l’envers que sont les contributions sociales françaises.

C) Maîtriser les dérives des marchés
Il faut reconnaître que l’économie de marché est une formidable machine, une force économique quasi nucléaire irremplaçable. Mais nous savons aussi qu’elle peut être dévastatrice.
L’Etat doit promouvoir l’entreprise privée, c’est certain, mais l’Etat ne peut se laver les mains de l’Économie. Il n’y a pas d’Économie, il n’existe que de l’économie politique afin de corriger au besoin les excès ou les insuffisances des marchés.
- Nous ne pouvons laisser faire sans surveillance le monopoly économique mondial qui au gré des foucades du marché vend Péchiney ici pour acheter en Chine une aciérie sans en mesurer les coûts et les conséquences. Nous devons nous donner les moyens de rappeler qu’il y a une économie nationale qui doit d’abord agir pour le plein-emploi des Français.
Nous devons en conséquence donner à l’Etat les moyens d’intervention qu’il n’a plus en matière d’intelligence économique. La France doit aussi être maîtresse de son destin économique et ne pas laisser des intérêts étrangers décider à sa place.
Il appartient aussi à l’Etat d’avoir des Services Publics efficaces au service des usagers et pas au services des fonctionnaires- pas de droit de grève dans les Services publics – Ces S.P. n’ont rien à voir avec les Services d’intérêt général de Bruxelles, les Services public doivent être des instruments d’action au service de l’intérêt général pour assurer la cohésion nationale.

D) Pour une politique nataliste

Tout ce que j’ai dit précédemment sera sans objet et vain si la France ne retrouve pas une croissance démographique plus soutenue, sa situation n’est certes pas la pire d’Europe, mais elle n’est pas la bonne.
La France doit mettre en œuvre une politique nataliste soutenue réservée aux nationaux, je dis bien réservée aux nationaux car c’est l’avenir du pays qui est en cause.

***

Alors, me direz vous, tout cela est très bien même si on peut discuter tel ou tel point, et compéter ce discours, mais qui va porter ce projet, qui va le défendre lors des prochaines campagnes ?
C’est une question réelle qui doit être posée, posée avec lucidité, responsabilité, et crédibilité. Quelle est la situation ?
Nos idées progressent tant à droite qu’à gauche.
Les Français l’ont démontré le 29 mai dernier car le référendum a d’abord sanctionné un modèle de société et rejeté l’asservissement de la France que nous n’avons eu de cesse de dénoncer.
Nos idées progressent, c’est certain. Mais il faut être réaliste, nous n’avons pas encore parmi nous le héros ou le héraut – les deux écritures sont possibles- pour porter dans la campagne présidentielle nos idées, notre projet. Gardons-nous des aventures car il ne suffit pas d’avoir du courage, nous en avons, nous n’avons pas le droit de faire subir à nos idées un échec cuisant. Il y a une autre stratégie, nous pouvons peser de tout le poids de nos idées dans la bataille qui s’annonce. Pour avoir nos voix, il faudra les mériter – y compris et surtout au sein de notre famille politique.
Il ne s’agit pas là d’un chantage, il s’agit de la réalité. Les Français attendent le retour du politique, le retour de la France. Pour ma part je suis déterminé à faire gagner mes idées et à les rendre incontournables, même si elles ne sont pas portées directement par l’un d’entre nous.


Aujourd’hui, je ne suis certain que d’une chose : le candidat qui sera élu président de la République ne sera pas le candidat du centre mou et "eurobéat", il sera élu sur un projet national fort et cohérent qui donne aux Français la maîtrise de leur destin, ou il ne sera pas !

Vive la République, vive la France !