09 mars
2009

 

La France et l'OTAN : pourquoi renoncer à notre liberté ?

 

Le contraste est saisissant entre les proclamations solennelles d'attachement à l'indépendance nationale lancées par les dirigeants français, encore récemment à Munich, et les objectifs concrets assignés à notre diplomatie et à notre défense. En fait de rupture, c'est une double intégration, une double normalisation, européiste et atlantiste, qui nous est imposée.

La priorité absolue de notre politique étrangère, c'est d'obtenir à tout prix la ratification du traité de Lisbonne, qui enserre notre diplomatie dans un carcan communautaire et remet en cause nos ambassades. La priorité en matière de défense, c'est le ralliement à l'intégration complète au sein du bloc atlantique, en parfaite cohérence avec l'article 42 du traité de Lisbonne.

Dans six semaines, à Strasbourg, ville siège du Parlement européen où s'exprime la voix des peuples, la France va abdiquer son indépendance militaire en réintégrant officiellement le bercail du commandement intégré de l'Otan, dont on célèbrera le soixantième anniversaire. La scène promet d'être touchante : des Européens extatiques chanteront « happy birthday » en entourant le maître de cérémonie, le président Obama, et Nicolas Sarkozy déposera son cadeau, celui du réalignement de la France.  

C'est une caractéristique fondamentale de notre politique depuis plus de 40 ans qui est ainsi remise en cause.  

Le principe au nom duquel le général de Gaulle a fait quitter à la France la structure intégrée de l'Otan serait-il donc devenu obsolète ? Nullement. De quoi s'agit-il ? D'empêcher toute possibilité d'engagement automatique des forces françaises sans décision politique nationale préalable. Ce principe est plus capital que jamais dans notre monde multipolaire avec une Otan très élargie et aux missions floues.

Nous connaissons bien les États-Unis. Nous sommes leurs amis et leurs alliés. Mais nous connaissons  aussi les difficultés structurelles qu'ils éprouvent, quelle que soit l'équipe au pouvoir, pour entretenir des relations partenariales avec leurs alliés. Au nom de leur « vocation au leadership », clairement réaffirmée par Barack Obama dans son discours d'investiture, ils tendent à imposer leurs conceptions, leurs méthodes, leurs objectifs, leurs équipements, leurs visions idéologiques. Rallier le statut d'« intégré » au sein d'une organisation qui reste fondamentalement une « machine américaine » signifie, aujourd'hui comme hier, que nous serons amenés, volens nolens, à suivre les États Unis  sur des théâtres d'opération extérieurs qu'ils détermineront et que nous ne pourrons pas nous désolidariser d'alliés habitués au suivisme.  

La perception de la France dans le monde va en être profondément altérée. Nous étions jusqu'ici la « France aux mains libres » et nous allons devenir une sorte de clone de la Grande Bretagne. Qui intéresserons-nous si nous n'avons plus autonomie de décision, indépendance, si nous n'incarnons plus un certain non-alignement ?  

Du moins, prétendent certains, pourrons nous influencer les décisions de l'Otan et l'européaniser. Ne rêvons pas. Il n'y a qu'un seul commandement opérationnel suprême : le SACEUR et il reste entre les mains du général américain commandant les forces américaines en Europe. Et ce ne sont pas deux commandements de second ordre donnés à des Français qui changeront la donne. En revanche, ils pourront justifier des exigences compensatoires lourdes comme celle d'accroître dangereusement notre engagement militaire en Afghanistan. 

Enfin, la réintégration de la France dans l'Otan nous est présentée comme le préalable incontournable pour pouvoir construire une véritable défense européenne. C'est une aimable plaisanterie. Elle n'en sera pas le préalable, mais le tombeau. La volonté française d'indépendance constituait le principal aiguillon en faveur d'une défense véritablement européenne. La France rentrant dans le giron atlantique, ceux qui considèrent que l'armée américaine tient lieu de défense européenne et qui consentent le moins d'efforts pour assurer eux mêmes leur sécurité s'estimeront confortés dans leur choix en faveur de la facilité et de la déresponsabilisation.

Dans six semaines, à Strasbourg, ville siège du Parlement européen où s'exprime la voix des peuples, la France va abdiquer son indépendance militaire en réintégrant officiellement le bercail du commandement intégré de l'Otan, dont on célèbrera le soixantième anniversaire. La scène promet d'être touchante : des Européens extatiques chanteront « happy birthday » en entourant le maître de cérémonie, le président Obama, et Nicolas Sarkozy déposera son cadeau, celui du réalignement de la France.  


C'est une caractéristique fondamentale de notre politique depuis plus de 40 ans qui est ainsi remise en cause.  


Le principe au nom duquel le général de Gaulle a fait quitter à la France la structure intégrée de l'Otan serait-il donc devenu obsolète ? Nullement. De quoi s'agit-il ? D'empêcher toute possibilité d'engagement automatique des forces françaises sans décision politique nationale préalable. Ce principe est plus capital que jamais dans notre monde multipolaire avec une Otan très élargie et aux missions floues.

Nous connaissons bien les États-Unis. Nous sommes leurs amis et leurs alliés. Mais nous connaissons  aussi les difficultés structurelles qu'ils éprouvent, quelle que soit l'équipe au pouvoir, pour entretenir des relations partenariales avec leurs alliés. Au nom de leur « vocation au leadership », clairement réaffirmée par Barack Obama dans son discours d'investiture, ils tendent à imposer leurs conceptions, leurs méthodes, leurs objectifs, leurs équipements, leurs visions idéologiques. Rallier le statut d'« intégré » au sein d'une organisation qui reste fondamentalement une « machine américaine » signifie, aujourd'hui comme hier, que nous serons amenés, volens nolens, à suivre les États Unis  sur des théâtres d'opération extérieurs qu'ils détermineront et que nous ne pourrons pas nous désolidariser d'alliés habitués au suivisme.  

La perception de la France dans le monde va en être profondément altérée. Nous étions jusqu'ici la « France aux mains libres » et nous allons devenir une sorte de clone de la Grande Bretagne. Qui intéresserons-nous si nous n'avons plus autonomie de décision, indépendance, si nous n'incarnons plus un certain non-alignement ?  

Du moins, prétendent certains, pourrons nous influencer les décisions de l'Otan et l'européaniser. Ne rêvons pas. Il n'y a qu'un seul commandement opérationnel suprême : le SACEUR et il reste entre les mains du général américain commandant les forces américaines en Europe. Et ce ne sont pas deux commandements de second ordre donnés à des Français qui changeront la donne. En revanche, ils pourront justifier des exigences compensatoires lourdes comme celle d'accroître dangereusement notre engagement militaire en Afghanistan. 

Enfin, la réintégration de la France dans l'Otan nous est présentée comme le préalable incontournable pour pouvoir construire une véritable défense européenne. C'est une aimable plaisanterie. Elle n'en sera pas le préalable, mais le tombeau. La volonté française d'indépendance constituait le principal aiguillon en faveur d'une défense véritablement européenne. La France rentrant dans le giron atlantique, ceux qui considèrent que l'armée américaine tient lieu de défense européenne et qui consentent le moins d'efforts pour assurer eux mêmes leur sécurité s'estimeront confortés dans leur choix en faveur de la facilité et de la déresponsabilisation.
Cette décision de faire allégeance ne nous apportera aucun gain sur le plain militaire, seulement de nouvelles contraintes et le prix politique à payer pour l'aliénation de notre marge de liberté sera très élevé. Pourquoi renoncer au statut spécifique de la France dans l'Otan ? Il avait fini par être accepté par les États Unis. Il apportait une contribution originale à la relation transatlantique. Il était le symbole positif d'une certaine indépendance de la France aux yeux du monde. Il incarnait la volonté d'une politique européenne de défense autonome. Il était l'objet d'un consensus national que rien ne nous oblige à rompre.