20/12/04


 Réactions à l'intervention de Jacques Chirac, mercredi 15 décembre sur TF1, concernant l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne
 

 

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République et député UMP de l'Essonne, appelle à "voter non à la 'constitution' européenne", estimant que Jacques Chirac "a voulu endormir les Français en se faisant l'avocat de l'entrée de la Turquie dans l'UE". "Sa promesse de référendum ne trompera personne. Pour éviter une telle faute historique pour la France et pour l'Europe, il n'y a désormais qu'une seule solution: voter non à la 'constitution' européenne" (Communiqué, mercredi 15 décembre)

Christine Boutin, députée UMP et présidente du Forum des républicains sociaux: Le "oui,si" de Jacques Chirac l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne est en fait un "oui,quand". "La classe politique se révèle majoritairement favorable à un partenariat privilégié avec la Turquie", le président de la République "maintient sa détermination en faveur de cette adhésion pleine et entière" qu'il présente comme "incontournable". Elle demande au président de l'Assemblée "la création d'une mission d'information en vue de définir une 3ème voie pour la Turquie". (Communiqué, mercredi 15 décembre)

Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l'Assemblée : Jacques Chirac a "défendu une vision ambitieuse pour la France et l'Union européenne dans un monde désormais multipolaire". Le chef de l'Etat a "expliqué avec beaucoup de clarté et de pédagogie les enjeux majeurs du sommet européen de Bruxelles". Il a "salué la volonté de Jacques Chirac de donner à chaque Français par la voie référendaire la responsabilité de décider eux-mêmes de l'avenir de l'UE" (Communiqué, mercredi 15 décembre).

Marielle de Sarnez, secrétaire nationale exécutive de l'UDF : Jacques Chirac "a clairement dit oui à l'ouverture des négociations d'adhésion et non au partenariat privilégié". Une fois l'UE élargie à la Turquie, "nous n'aurons plus la même Europe devant nous, ce sera une Union européenne extrêmement diluée, c'est-à-dire extrêmement affaiblie

François Bayrou, président de l'UDF : "Depuis des semaines, on a multiplié les déclarations apaisantes et lénifiantes pour dire qu'on introduirait une clause de partenariat privilégié (...) Le Premier ministre est venu à l'Assemblée nationale pour dire il y avait trois hypothèses: soit l'adhésion, soit la rupture, soit le partenariat privilégié". "Tout cela a été rayé d'un trait de plume hier soir par le président de la République qui a décidé souverainement, comme si cela lui appartenait en propre, que la décision irait dans la sens de l'adhésion de la Turquie".

Philippe de Villiers,président du Mouvement pour la France (MPF) : Le choix d'une négociation d'adhésion avec la Turquie est "contraire à la volonté du peuple Français et aux intérêts de la France et de l'Europe". Il appelle les Français "à mettre leur veto en votant non au référendum sur la Constitution européenne". L'entrée de la Turquie en Europe serait "un non sens géopolitique" et un "réservoir de bombes à retardement" dans tous les domaines. "

Ségolène Royal, présidente socialiste de la région Poitou-Charentes : "Jacques Chirac a eu le mérite être clair, c'est-à-dire de rallier la position de la commission européenne, de rallier la position du PS également". Le chef de l'Etat a eu aussi "le mérite d'être clair par rapport à sa propre majorité qui est hostile à l'ouverture des négociations" avec la Turquie. "

Pierre Moscovici, ancien ministre socialiste des Affaires européennes : Il s'agit d'"un jour historique" pour la Turquie même si "elle a beaucoup de travail à faire". "Tout le monde sait que les négociations ne peuvent pas se conclure avant 2014", a-t-il dit. Il a récusé l'idée de "partenariat privilégié", qu'il a qualifiée d'"hypocrite".

Julien Dray, porte-parole du parti socialiste : L'intervention de Jacques Chirac sur la Turquie "apparaît comme un rappel à l'ordre à sa propre majorité divisée sur cette question". "Le président de la République se démarque ainsi de ses propres amis de l'UMP et de l'UDF qui refusent toute négociation qui aboutirait à une entrée de la Turquie dans l'Union". "Le président de la République a repris à son compte la position déjà exprimée par le parti socialiste en octobre 2004". (Communiqué, mercredi 15 décembre)

Anne Souyris, porte-parole des Verts : "Le oui de la France à l'ouverture des négociations avec la Turquie est un grand pas vers la paix".
"Malheureusement, les arguments du président de la République française ne sont pas à la hauteur de l'enjeu".
"Pour les Verts, l'enjeu pour la France et l'Europe ne peut pas se réduire à l'intérêt socio-économique de la France, voire de l'Europe, sauf à construire une Europe napoléonienne, bien loin de nos valeurs"

Jean-Pierre Chevènement, président du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) : Jacques Chirac a "fait un contresens sur la possibilité d'une Europe puissance dans le cadre du traité Giscard a fortiori avec la Turquie, qui reste alignée sur la politique étrangère américaine".

Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche se déclare "partisan de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne".
"L'UE, telle que je la conçois, celle d'une Europe laïque avec une multiplicité de cultures, de religions et d'histoires. La Turquie est un grand pays moderne qui répond totalement à mon vœu d'une Europe humaniste et fraternelle" (Communiqué, mercredi 15 décembre)

Mourad Papazian, président de la FRA Dachaktsoutioun (parti socialiste arménien) : Le génocide "doit être pris en compte dans la déclaration finale du conseil européen du 17 décembre", à Bruxelles. (Communiqué, mercredi 15 décembre)

 

Avis de tempête à l'UMP et ... à l'UDF.

Depuis que le chef de l'Etat a refusé d'organiser un vote sur la question au Parlement, la résistance s'organise dans les rangs de la droite. Le député souverainiste Philippe Pémezec (UMP, Hauts-de-Seine) a déjà réuni 90 collègues qui disent être prêts à dire non à la Turquie. Soit un quart des députés de la majorité. «Nous ne voulons pas voir ce genre de pays dans l'Europe, car il ne partage pas notre héritage judéo-chrétien. Ou alors, on va faire entrer tout le pourtour méditerranéen. Et pourquoi pas la Russie, qui est, sur un plan culturel, beaucoup plus proche de nous ?», lance Pémezec, qui pointe «une divergence absolue entre la base et Jacques Chirac».

D'autres élus, comme Nicolas Perruchot, maire (UDF) de Blois, ont directement consulté leur population. Le résultat est sans surprise. Sur les 4 500 personnes qui ont répondu, 97 % s'opposent à l'intégration de la Turquie dans l'Europe ! D'autres sondages, tout aussi orientés, fleurissent un peu partout, notamment sur les sites Internet des députés concernés (77 % de «non» sur celui de Richard Mallié).

Certains membres de l'UDF vont jusqu'à remettre en cause leur vote en faveur de la future Constitution européenne. C'est le cas de Jean-Bernard Thonus, adjoint au maire de Saint-Maur, qui ne votera pas la Constitution «tant que le problème de la Turquie ne sera pas résolu.