Bonne
nouvelle pour le référendum :
le vote du Parlement pourrait ne pas
intervenir avant mai 2008 !
Contrairement à ce que
prétendait le président de la République à Lisbonne, la procédure
d’adoption repoussera forcément le vote de l’Assemblée sur le traité
au-delà des municipales.
Une fois n’est pas
coutume, les désirs du président de la République ne pourront devenir
réalité. Lui qui avait souhaité au sommet de Lisbonne voir son « traité
simplifié » sur l’Europe ratifié « au mois de décembre 2007 » se heurte
au mur de la procédure législative. Pour commencer, le traité ne sera
signé par les 27 pays membres que le 13 décembre prochain dans la
capitale portugaise. Une fois cette ultime validation européenne
acquise, le traité rentrera dans le processus d’adoption français… et
là, tout se complique sérieusement !
Fatale trêve des
confiseurs
Première observation,
l’adoption du traité implique deux étapes : la modification de la
Constitution par le Congrès et le vote du texte par l’Assemblée. La
Constitution française contient en effet une référence explicite au
précédent traité constitutionnel européen, rejeté par le référendum de
2005, qui doit être supprimée et remplacée par le texte présenté à
Lisbonne. « Le président peut, ou non, saisir le Conseil constitutionnel
mais il a plutôt intérêt à le faire s’il ne veut pas s’attirer la
critique des juristes, explique Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de
droit constitutionnel. Un projet de loi doit ensuite être présenté
devant le Sénat et l’Assemblée séparément avant de réunir les deux
chambres en Congrès pour entériner la modification de la Constitution.
Une fois cette étape passée, le traité européen pourra être soumis au
vote du Parlement dans le cadre d’un débat classique. »
Selon la loi, le
Conseil constitutionnel, quand il est consulté, doit rendre un avis sous
30 jours. Il peut néanmoins se réunir en urgence et rendre son verdict
sous 8 jours, ce qui est « très rare », assure-t-on au Conseil. En
admettant que Nicolas Sarkozy prenne l’avion depuis Lisbonne pour
déposer la demande d’examen en urgence du texte voté le jeudi 13
décembre, la décision sera rendue (au plus tôt), le 21 décembre… date du
début des vacances parlementaires ! Reprise des travaux : 8 janvier
2008. Le vote est donc techniquement impossible avant la fin de l’année
2007 : on aura mal informé le Président.
Les municipales
largement dépassées !
Passé l’examen du
Conseil constitutionnel, il restera à faire examiner le texte modifiant
la Constitution par les deux chambres séparément puis à les réunir en
Congrès à Versailles. A titre d’exemple, la dernière modification
constitutionnelle (portant principalement sur le statut pénal du chef de
l’Etat) avait été déposée en première lecture le 16 janvier 2007 pour
être adoptée par le Congrès le 19 février. Et encore, cette adoption
a-t-elle été jugée « express » par les bureaux de l’Assemblée ! Or, si
nous reprenons notre date de rentrée des parlementaires (le 8 janvier)
et que nous y appliquons le délai d’une adoption « express » par le
Congrès, notre modification constitutionnelle pourra être validée le 12
février. Soit 3 jours après le début des vacances d’hiver du Parlement
combinées avec la réserve électorale.
De retour le 23 mars,
les députés n’auront qu’un mois pour voter le texte avant les vacances
de printemps du 19 au 27 avril. Encore faut-il pour cela qu’ils se
saisissent du texte immédiatement : l’agenda prévisionnel des travaux
pour les mois de novembre et décembre laisse présager quelques
incompatibilités d’emploi du temps. Paradoxe absolu de la situation : à
force de vouloir tout faire tout de suite, Nicolas Sarkozy a lui-même
fabriqué le bouchon de réformes qui l’empêchera probablement de faire
voter son mini-traité avant le mois de mai 2008. Soit, au mieux, deux
mois avant le début de la présidence française de l’Union. Car entre le
projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui bloque, la
réforme des universités et le projet de loi de finances de 2007, les
parlementaires mériteront bien leurs vacances. Voilà donc sept mois de
délai avant le vote à l’Assemblée ! Toutes les conditions sont donc
réunies pour permettre un vrai débat sur le nouveau traité européen.
Mardi 30 Octobre 2007 Sylvain Lapoix sur
Marianne2.fr
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