Le Collectif des
Gaullistes de Gauche tient pour particulièrement préoccupante la
prise de position de Nicolas Sarkozy sur la laïcité lors de son
discours à Saint Jean de Latran.
La laïcité, telle
qu’elle a été adoptée puis pratiquée par la France sous trois
République est un bien d’autant plus précieux que la question
des conflits entre les pouvoirs religieux et politiques est
aujourd’hui, de nouveau, une question hélas d’actualité. Tel
était déjà le cas en 1905 quand la France s’est dotée d’une loi
dont il n’est pas exagéré de dire qu’elle finissait de fonder la
République.
La séparation des
Eglises et de l’Etat implique que le pouvoir politique ignore
totalement les pratiques religieuses des citoyens qui sont de
leur pure responsabilité dans les limites posées par la Loi.
Cette séparation implique aussi que l’Etat et ses représentants
s’interdisent toute manifestation publique de préférence
religieuse, et garantisse que la Loi ne tiendra compte d’aucun
dogme ou d’aucune règle religieuse.
Soutenir, comme
l’a fait Nicolas Sarkozy, que la France est liée à une religion
plus qu’à une autre fût-ce pour des raisons historiques
constitue une brèche dans la conception et dans la pratique de
la laïcité. Il est à craindre que nous rentrions, de ce seul
fait, dans une nouvelle époque, celle de la « laïcité mais… »
que nous ne saurions, pour notre part, accepter. Cette crainte
est d’autant plus grande qu’elle rejoint, à l’évidence, la
conception générale qui a donné naissance au « ministère de
l’identité nationale », terme inquiétant s’il en est.
La Laïcité que la
France a su définir et pratiquer depuis plus d’un siècle est
aujourd’hui un espoir pour l’humanité toute entière, à la
recherche d’un équilibre entre le temporel et le religieux. Elle
est un espoir aussi pour tous ceux qui sont privés de liberté
religieuse. Il est par conséquent nécessaire de respecter ses
principes sans se laisser détourner par des considérations
issues d’une demi-culture dangereuse.
En appeler
aux « racines chrétiennes de la France » n’est pas affirmer une
réalité. C’est une négation de l’évolution commencée avec Jules
Ferry en 1880 et poursuivie en 1905 avec Aristide Briand. Cette
évolution Républicaine a servi la nation mais aussi les Eglises
protégées de visées purement temporelles. Cette évolution a
permis de protéger autant que faire se pouvait la France des
guerres de religions dont chacun sait qu’elles sont implacables.
Encore faut-il pour s’en rendre compte ne pas confondre
l’Histoire avec une lecture du passé dictée par un savoir faire
expéditif et limité.
Il restera bien
sûr à progresser encore sans la recherche d’un système
permettant à chacun d’accéder, à titre personnel, à la formation
spirituelle qu’il souhaite recevoir. C’est plus dans la
tradition des aides aux personnes que des reconnaissances
d’autorités religieuses qu’il faut chercher
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