20/12/2003
 

Jacques Soustelle Académicien

Homme politique
Français
 (1912 - 2002)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Jacques Soustelle
 

Si bon nombre de personnages illustres, hommes politiques, artistes, ou scientifiques traversent leur temps en laissant derrière eux une oeuvre, ou des qualités humaines telles que leur mémoire appartient désormais à la postérité, on ignore bien souvent le lieu qu'ils ont choisi pour dernière demeure, geste de discrétion ou d'ultime pudeur.

Ainsi, peu de gens savent que Jacques Soustelle est enterré dans le petit cimetière de Miribel, localité de l'Ain proche de Lyon, de même que sa femme et sa mère. Le douzième anniversaire de sa mort a donné lieu, le 6 août 2002, à une cérémonie du souvenir qui a rassemblé ses amis autour de sa tombe.

Né le 3 février 1912, à Montpellier, Jacques Soustelle fait ses études à Lyon. Reçu premier au concours de l'école normale supérieure en 1929, il est diplômé d'ethnologie en 1930, professeur agrégé de l'université en 1932 et docteur ès lettres en 1937. Il est chargé de plusieurs missions scientifiques au Mexique de 1932 à 1940. Il est nommé sous directeur du musée de l'homme, chargé de cours au Collège de France et à l'École Nationale de la France d'outre-mer. Il est également professeur à l'École des Hautes Études en sciences sociales à partir de 1951.

En janvier 1955, Pierre Mendés France, président du Conseil, le nomme Gouverneur Général de l'Algérie. 

Dès son arrivée a Alger, en février 1955, Soustelle entame un voyage approfondi dans l'Aurès. Sa formation d'ethnologue et sa personnalité humaniste, l'amènent tout naturellement à rechercher le contact avec les populations, afin de saisir la réalité du terrain. Son constat est celui de la sous administration et de l'isolement de peuplades démunies. Immédiatement, il donne à l'armée une mission nouvelle : "la pacification".

"Instruire et construire, aider à vivre mieux, accélérer le mouvement de progrès déjà imprimé par la France à cette province qui lui est si chère, tels sont nos objectifs. Nous les atteindrons, s'il plaît à Dieu, par l'effort sans réserve, la concorde et la confiance de tous."

Il défend le concept de l'intégration de l'Algérie, dans le cadre d'un plan de réformes, concept, considéré par lui, plus réaliste que l'assimilation, car prenant en compte l'originalité et la spécificité de cette province.

L'assassinat de l'administrateur Maurice Dupuy et surtout l'affreux massacre des Européens de la mine d' El-Halia, le 20 août 55, crée chez Jacques Soustelle un choc profond qui lui fait désormais écarter tout dialogue avec des tueurs.

Ainsi, l'évolution rapide et brutale des évènements en Algérie fera de ce concept, une politique dépassée, bien que le 13 mai 58 en soit la résurgence. Cette démarche se solde par un échec et Robert Lacoste remplace Soustelle au poste de Gouverneur.

Accueilli avec suspicion par les Français d'Algérie, Jacques Soustelle évolue vers des conceptions "Algérie française". Ainsi, le 2 février 1956, lorsqu'il quitte Alger, il découvre qu'il est adulé par ces Pieds-Noirs, dont il a finalement conquis le cœur. Un foule innombrable l'accompagne jusqu'au port d'Alger. La communion avec ce peuple est totale. L'émotion est immense de part et d'autre.

"Vous m'avez apporté ce matin, à ma femme et à moi même, un témoignage inoubliable de confiance et d'affection. Nous l'avons reçu avec une émotion profonde, amis connus ou inconnus.......Je n'oublierai pas l'éclatante approbation que le peuple d'Alger a manifestée. Que tous maintenant, s'efforcent, comme je le souhaite ardemment, de travailler à l'union fraternelle de tous les Algériens. Merci encore fois, Vive l'Algérie Française !"

En 1958, il est ministre délégué auprès de Michel Debré, alors Premier Ministre. Partisan de la présence française en Algérie, il quitte le gouvernement en 1961. Il est poursuivi pour atteinte à la sécurité de l'état et passe huit années en exil. Amnistié en 1968, il rentre en France, à Lyon, et reprend une carrière politique en pointillé.

Heureux d'appartenir à l'Académie Française, à laquelle il fut élu en 1983, Jean Dutourd le reçoit sous la coupole le 24 mai 1984. Extrait de l'hommage qui lui fut rendu lors de son décès, le 6 août 1990 :

"Pour lui, qui était accoutumé aux haines politiques, cette unanimité amicale, dans laquelle il n'y avait pas de rancœur ni d'arrière pensée, a vraiment éclairé ses dernières années."