Quelques
éléments que j'ai retenus du discours de Nicolas Sarkozy
:
- Il y a à peine quelques semaines, le promoteur de la
"laïcité positive" soutenait les propos de son homologue
américain, Barack Obama, critiquant toute législation
sur le port du voile, simple ou intégral. Aujourd'hui,
il affirme avec justesse que :
"Le problème de la burka n'est pas un problème
religieux. C'est un problème de liberté et de dignité de
la femme. Ce n'est pas un signe religieux, c'est un
signe d'asservissement, c'est un signe d'abaissement.
Je veux le dire solennellement, la burka n'est pas la
bienvenue en France. Nous ne pouvons pas accepter dans
notre pays des femmes prisonnières derrière un grillage,
coupées de toute vie sociale, privées de toute identité.
Ce n'est pas l'idée que nous nous faisons de la dignité
de la femme."
- Nicolas Sarkozy voulait rompre avec le modèle
républicain et social français. Aujourd'hui, il en vante
les vertus (merci Henri Guaino !) :
"Le modèle républicain reste notre référence commune. Et
nous rêvons tous de faire coïncider la logique
économique avec cette exigence républicaine. Ce rêve
nous vient, pourquoi ne pas le dire, du Conseil National
de la Résistance qui, dans les heures les plus sombres
de notre histoire, a su rassembler toutes les forces
politiques pour forger le pacte social qui allait
permettre la renaissance française. Cet héritage est
notre héritage commun. (...)
... La crise mondiale crée de nouveau des circonstances
favorables à cette aspiration française à mettre
l'économie au service de l'Homme, et non l'inverse (...)
Au moment même où il redevient évident pour tout le
monde que le développement économique ne peut être
durable que s'il respecte l'Homme et s'il respecte la
nature; au moment même où le monde redécouvre les
limites d'une logique exclusivement marchande; au moment
même où s'impose à tous la nécessité de réguler la
mondialisation et les marchés; le modèle français a de
nouveau sa chance. La crise a remis le modèle français à
la mode. Hier décrié (par Nicolas Sarkozy !, ndlr), il
se trouve aujourd'hui reconnu pour son rôle
d'amortisseur social."
Question : Nicolas Sarkozy va-t-il, afin de mettre sa
politique en cohérence avec son discours, exiger de
l'Union européenne l'abrogation des directives de
libéralisation, préalable à toute refondation des
services publics (il a insisté deux fois dans son
discours sur ces derniers) ?
- Nicolas Sarkozy a séparé le "mauvais déficit" (grosso
modo les dépenses de fonctionnement) du "bon déficit"
(les dépenses d'investissement, qu'"il n'est pas anormal
de financer par l'emprunt"), auxquels il ajoute un
déficit "imputable à la crise", annonçant - au-delà du
Plan de relance en réponse à la crise - une politique
keynésienne d'investissements publics (depuis longtemps
réclamée par les tenants d'une "autre politique" : merci
encore Henri Guaino !) :
"Cette crise doit être pour nous l'opportunité de
rattraper nos retards d'investissements et de prendre de
l'avance. Il est beaucoup de domaines très importants
pour notre avenir comme l'aménagement du territoire,
l'éducation, la formation professionnelle, la recherche,
l'innovation... qui demanderont des moyens
considérables. Nous ne pourrons pas les satisfaire dans
le strict cadre budgétaire annuel. Si nous ne changeons
pas nos pratiques, nous continuerons à scander des
priorités sans pouvoir les réaliser. Mercredi, avec le
Premier ministre nous procéderons à un remaniement du
gouvernement. Son premier travail sera de réfléchir à
nos priorités nationales et à la mise en place d'un
emprunt pour les financer.
Ces priorités nationales je ne les fixerai pas seul.
Elles doivent nous permettre de préparer au mieux
l'avenir de la France. Elles concernent le pays tout
entier. Le Parlement sera associé à leur définition. Les
partenaires sociaux y seront associés. J'en parlerai
avec eux dès le premier juillet. Les responsables
économiques, les acteurs du monde de la culture, de la
recherche, de l'éducation seront consultés. Pendant
trois mois nous en discuterons tous ensemble. Les
décisions ne seront prises qu'au terme de ce débat."
Question : Nicolas Sarkozy va-t-il, afin de mettre sa
politique en cohérence avec son discours, dénoncer le
traité de Maastricht
et le Pacte européen de stabilité et de croissance ?
Bref, si Nicolas Sarkozy a séparé l'Union européenne de
la politique intérieure française ("J'ai déjà eu
l'occasion de parler de la politique européenne de la
France et de ce qu'elle souhaitait pour réguler la
mondialisation. Aujourd'hui c'est de notre pays, de
l'avenir qu'il peut se construire dont je suis venu vous
parler"), le seul moyen de passer du discours
à l'action, c'est de lier les deux. Faute de quoi, il
continuera à scander des priorités sans pouvoir les
réaliser. Sans préjuger de la pertinence de ces choix,
au moins que Nicolas Sarkozy soit cohérent !
Tout au moins en partie, le problème étant que
l'Allemagne n'a accepté l'euro qu'en échange
d'une gestion monétariste de le monnaie unique
et néolibérale des finances publiques nationales
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