01/02/2002

Chirac se trompe.

 

Le RPR et

Jacques

CHIRAC

 

Il ne tuera pas le gaullisme !

 

Le RPR agonise et certains militants honnêtes admettent (enfin !) avoir été trompés : le RPR n’a jamais été un parti gaulliste.

L’excellent commentaire D’Eric Zemmour dans le Figaro du 17 décembre rétablit une vérité que d’autres refusent encore à reconnaître. Depuis 1976, J. Chirac a renié ses origines. Son message adressé, le dimanche 16 décembre 2001, aux militants du RPR est révélateur. « Notre pays a besoin de l’esprit du gaullisme, de l’esprit de réforme et de mouvement ». N’a-t-il donc pas compris, lui qui a siégé au gouvernement du temps du Général de Gaulle, que le gaullisme, le vrai, est une doctrine basée essentiellement sur la réforme et l’union. Jamais la France n’a connu autant de changements profonds que lorsque de Gaulle était « aux affaires ».

Certains militants ne s’en laissent plus conter. « Le libéralisme n’est pas ma tasse de thé. La bataille de l’homme est au cœur de tous nos engagements »

Le dernier mot appartient à Eric Zemmour. « Pour cela, il a dû abandonner toutes ses idées, toutes ses références, son âme peut-être » rappelle-t-il à propos de J. Chirac ; et de conclure : « Les chiraquiens sont les mitterrandiens de la droite : les idées n’importent pas, seul le pouvoir existe ».

Il me semble opportun de citer aussi l’excellent article de Dominique Jamet dans « La Une » de janvier 2002. « Quoi de plus démocratique, précise-t-il, et donc de plus satisfaisant, si l’on croit aux principes et aux vertus de la démocratie, que l’élection du président de la République, chef de l’Etat, détenteur, comme on disait couramment sans faire rire du temps du Général de Gaulle et même encore sous François Mitterrand, de la magistrature suprême, au suffrage universel direct, secret, par le biais d’un scrutin uninominal à deux tours qui fait du vainqueur l’élu de la majorité et par-là même le représentant le plus légitime du peuple tout entier ? »

Au-delà de ce rappel pédagogique essentiel en cette période, Dominique Jamet poursuit son article en constatant que la constitution est mise à rude épreuve par la classe politique, notamment par celui dont le rôle est d’en être le garant. Il a, bien entendu, raison. Mais plus encore que de le dénoncer, doit-on s’insurger contre le locataire actuel de l’Élysée ? Se présentant, avec « son » RPR, comme digne héritier du Général de Gaulle, il convient d’admettre qu’il ne manque pas d’aplomb.

La dissolution ratée en 97, une cohabitation au sein de l’exécutif incompatible avec l’esprit de la constitution et avec la simple morale politique, le mandat présidentiel ramené à 5 ans pour s’attirer les bonnes grâces de VGE et de tout ce qui grouille dans les sphères politiques anti-gaullistes, tous ces faits sont autant d’assauts lancés contre la Vème République. A croire qu’ils attendent, avec intérêt et impatience, la VIème, celle qui leur permettra de revenir aux délices de la feue IVème et poursuivre, sans se brûler les doigts, la carrière politique qu’ils pensent être en droit de mériter.

Les gaullistes sincères ne peuvent accepter de se laisser broyer par une machine électorale, fût-elle destinée à mettre fin à un gouvernement socialiste.

Comme beaucoup, je me suis laissé attendrir, en 1995, par le discours sur la fracture sociale concocté par un Philippe Séguin alors prometteur.

En 2002, toujours gaulliste, je sanctionnerai le candidat Chirac et me retournerai vers celui qui, dans l’union comme le souhaitent tous les défenseurs de la souveraineté nationale et républicaine, portera le flambeau de la résistance au renoncement.

Alain KERHERVE