Communiqué du 13 juin 2008

 

Traité de Lisbonne : Dublin fait du boudin et remet en question la construction européenne

 
  • vendredi 13 juin 2008

Dublin a dit non. Après dépouillement officiel de plus de 864 000 bulletins, le Non l’emportait par 53,85% contre 46,15%.

Face à cette situation, qui ressemble étrangement à celle que la France a créée à l’issue du référendum sur le traité constitutionnel européen, quels sont les plans B ?

Les officiels français, qui ne doutent décidément de rien, préconisent en priorité de faire repasser les Irlandais aux urnes, sur la base d’un texte aménagé. C’est cette démarche qui avait permis d’arracher, en 2001-2002, leur accord sur le traité de Nice. L’espoir serait alors, selon eux, de permettre une entrée en vigueur du traité de Lisbonne après les élections européennes de juin 2009. Sauf que les Irlandais ont déjà prévenu qu’on ne leur imposerait pas le chemin des urnes une deuxième fois sur ce texte.

En attendant, c’est le statu quo obligé, c’est-à-dire la poursuite de la carrière du traité de Nice, malgré la lourdeur de fonctionnement qu’il impose à l’Europe des Vingt-Sept. Difficile d’envisager une autre option, d’autant que personne n’a envie de s’attaquer de nouveau au traité de Lisbonne, lui-même étant un aménagement de la défunte « Constitution européenne ». A moins que l’Irlande négocie d’importantes dérogations sur les points de blocage, comme l’avait fait le Danemark après avoir rejeté, en 1992, le traité de Maëstricht. On se trouverait alors clairement sur la pente d’une Europe « à la carte », où chaque État cocherait les options dont il souhaite se doter, avec éventuellement, à l’autre bout du spectre, un groupe de pays décidés à aller plus loin dans l’intégration, formant un noyau dur à l’« avant-garde ». Reste seulement à savoir quels seraient ces pays et comment cet assemblage de formules d’adhésion personnalisées pourrait correctement fonctionner. L’Europe s’engagerait alors sur la pente d’une complexité et d’une illisibilité toujours plus grande, toujours moins « gérable » et toujours plus impopulaire.

Reste la solution, face à toutes ces pentes dangereuses, de prendre enfin du recul, de questionner profondément les bases du système actuel et de repartir du besoin réel des peuples... mais là, quelle audace !

Gabriel des MOËRES
Revue-republicaine.fr