17 mai
2009

 

Où êtes-vous, Rama ?

 
  • Par Antidote. Luc Ferry prétend que Rama Yade est souverainiste, qu'elle a voté non au référendum de 2005, et que ce sont les raisons pour lesquelles elle a refusé de conduire les listes aux européennes de l'UMP.

Rama Yade est-elle gaulliste de conviction ?

Luc Ferry nous offre un scoop magnifique au sujet de la secrétaire d'Etat. On devrait inviter plus souvent des philosophes à causer politique dans le poste. Ils ont un goût de la vérité qui tranche avec la langue de bois habituelle. Ainsi, hier matin, j’ai entendu Luc Ferry sur Europe 1, invité de Dominique Souchier. Il nous a expliqué pourquoi il n’était pas candidat aux élections européennes. Jusque là, rien d’intéressant, sauf lorsqu’il a expliqué que son cas n’était qu’un dommage collatéral de la défection de Rama Yade. Et pourquoi donc la secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme a envoyé paître Nicolas Sarkozy ? Luc Ferry nous donne une version toute différente de ce que l’on a pu entendre jusque là : « elle est souverainiste, elle est sur la ligne de Dupont-Aignan, elle a voté Non au traité constitutionnel européen ; c’est d’ailleurs tout à son honneur de refuser pour des raisons de convictions. »

 

Autrefois, on habillait les décisions liées à l’ambition avec des raisons plus nobles de convictions. Sous Sarkozy, on doit faire l’inverse. Avouez qu’on n’avait lu nulle part ce genre d’inclination politique de la part de Rama Yade. La presse n’en a pas fait écho. A-t-elle seulement enquêté ? En 2005, Mme Yade n’était qu’une simple militante. Mais en faisant un véritable travail de journaliste, on aurait pu savoir qu’elle s’était opposée à la constitution européenne. Nenni. Lorsque Sarkozy l’a balancée sous les projecteurs, en janvier 2007 à la Porte de Versailles, ce qui intéressait, c’était qu’elle était noire et femme. Ce qu’elle pensait, rien à battre...

 

Dommage ! On aurait ainsi pu constater ce qu’il devait y avoir de difficile pour une « souverainiste » (1) d’être nommée sous la tutelle de Bernard Kouchner, de participer à un gouvernement qui fait voter le Traité de Lisbonne par le Parlement, alors qu’elle a refusé le même texte en tant que citoyenne trois ans plus tôt. Ce ne sont pas des couleuvres qu’elle a avalées mais des boas (2). 

 

On aurait pu ainsi mieux comprendre la colère du Président de la République devant le refus de Rama Yade de mener la liste de l’UMP pour les élections européennes en Ile de France. Lui qui tente de nous vendre l’escroquerie de la réconciliation de la France du Non et celle du Oui, alors que le traité de Lisbonne et son action ne reprennent que les arguments de celle du Oui, a vu ainsi ses plans contrecarrés. Il a dû se rabattre sur Michel Barnier, dont l’eurobéatitude n’est pas sans rappeler Feu Jean Lecanuet (3), secondé par Rachida Dati, dont on ne sait toujours pas ce qu’elle pense, ni de la constitution européenne, ni du traité de Lisbonne, ni d’Europe, ni de rien, d’ailleurs. Rachida n’est ni souverainiste, ni fédéraliste ; elle est, selon l’un des rares bons mots de Bedos (4), là où on la pose. 

 

Rama Yade a considéré qu’aller défendre la vision européenne du Président de la République lorsqu’on est soi-même animé par de telles convictions, c’était un anaconda. Elle peut aller jusqu’au boa, pas davantage. Merci donc à Dominique Souchier d’avoir invité Luc Ferry. Merci à Luc Ferry d’avoir fait le boulot de tout ce que Paris compte en journalistes politiques. Cela me permet aujourd’hui d’informer tous mes amis d’Ile de France que s’ils avaient eu la tentation de voter pour Rama Yade, c’est logiquement pour Nicolas Dupont-Aignan et Debout la République qu’ils devraient maintenant porter leur suffrage. Cela me permet d’en informer aussi les 70% de Français qui disent apprécier la personnalité de Rama Yade: ils peuvent faire le même choix le 7 juin.  

 

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(1) Il s’agit d’une appellation qui sent le soufre, dans les milieux bien-pensants, dans les élites médiatiques comme pour Luc Ferry, à tel point que Nicolas Dupont-Aignan la récuse, sentant bien le piège dans lequel on souhaite l’enfermer 

(2) En ce qui me concerne, je ne peux même pas avaler des orvets, ce qui explique mon total échec dans ce milieu 

(3) Coluche avait finalement tort en disant qu’on disait Lecanuet parce qu’il n’y en avait qu’un, on n’allait pas faire un élevage

(4) A propos de Mireille Mathieu en l’occurrence