Les
résultats du premier tour
01/05/2002
Chacun a pu analyser les résultats du premier tour, notamment en fonction de ses souhaits et de ses idées. Pour ce qui me concerne, de ce premier tour je retiens 5 points sur lesquels il me semble utile de revenir :
A plus de 28%, le nombre d’abstentions est le plus élevé que la Vème république ait connu pour une élection Présidentielle. Il est évident que ce premier tour n’a pas intéressé les Français, tant le choix entre les programmes des deux « grands candidats » était illusoire et n’aboutissait à aucun changement réel.
Certes, Jacques Chirac arrive en tête, mais il ne franchit pas la barre des 20%. Ce premier tour aura été celui des records. Après celui des abstentions, Chirac a obtenu le plus mauvais des scores d’un Président-Candidat (V. Giscard d’Estaing en 81 – 28,3%- , F. Mitterrand en 88 – 34,1%-). En réalité, c’est plus sa façon de gouverner en cohabitation qui a été sanctionnée que son programme et les promesses de son camp. Il s’agit, dans ce contexte, d’une mise en cause profonde de la légitimité présidentielle. A mon avis, ce point est aussi grave que le « coup de tonnerre » de la qualification du candidat Le Pen.
Lionel Jospin a raté sa qualification pour le deuxième tour pour 300.000 voix. C’est évidemment très peu et chacun justifiera ce score par des raisons qui ne s’opposent pas, mais qui s’additionnent :
Le bilan gouvernemental jugé médiocre notamment en matière de sécurité, et dans le domaine social au vu des diverses manifestations de mécontentement, sur les 35 heures principalement.
L’éparpillement des voix à gauche à mettre au débit du candidat lui-même qui, contrairement aux affirmations du PS, n’a pas su être, après 5 ans de pouvoir, le champion de la gauche. Plus que la candidature Chevènement justifiée par une vision différente de la république, celle de Me Taubira, représentante du PRG (Parti Radical de Gauche) survivant grâce à la seule connivence du PS, a été un coup mortel porté au Premier ministre socialiste. En fait, Lionel Jospin n’est pas naïf que face à l’insécurité, il l’est également dans le domaine politique.
Les scores des candidats d’extrême-droite d’une part et d’extrême-gauche d’autre part représentent, pour la plus grande part, un vote de protestation qu’il faut prendre en compte sur le fond. Pour ce qui me concerne, si le candidat Le Pen incarne ce qu’il y a de pire, notamment pour les gaullistes, rien ne peut justifier la banalisation de l’extrême gauche qui refuse la démocratie et la république. Si les Français, au-delà des sensibilités politiques, souhaitent conserver une France Républicaine et Démocratique considérée comme une référence pour le monde, la lutte contre les extrêmes ne doit pas se limiter au FN. La révolution post-électorale de la rue et la dictature du prolétariat d'Arlette Laguiller et consorts sont autant gravissimes que le fascisme de Le Pen.
Un parti Communiste à moins de 3,5% représente une fin de vie pour ce parti « de l’étranger ». Certains pourront le déplorer ; quant à moi, il me tarde d’avoir une confirmation lors des élections législatives.
Il se jouera donc sur un créneau droite - extrême-droite. Tout ce qu’Objectif-France a pu, sur le fond, opposer à Jacques Chirac, notamment dans sa trahison du gaullisme, doit s’effacer devant l’impératif de la situation. Le vote CHIRAC prend une justification et une importance devant conduire les électeurs à voter en masse et à choisir Jacques Chirac sans arrière-pensée.
A la veille de ce second tour, les manifestations anti- le Pen ont été nombreuses. Les partis de gauche se sont mobilisés. C’est le moins qu’ils pouvaient faire après avoir, en 1986, offert la légitimité au FN (élections législatives à la proportionnelle). La droite avait son champion en course. Situation plus simple. Qu'elle sera la position de ces partis en cas de triangulaires au second tour des législatives ? Le PS acceptera-t-il des députés élus suite au maintien de candidats extrémistes ? La diabolique Mitterrandienne est-t-elle devenue une institution ?
Certains ont évoqué, au soir du premier tour, l’urgence de modifier la constitution.
La constitution doit-elle s’adapter à la vie des partis politiques ? Non, c’est le contraire qui doit se passer … à moins que le souhait réel soit de revenir aux délices de la 4ème République !