Un état fort et respecté
Pour la France, il ne peut y avoir de nation sans
état,
ni
d'état
sans nation. Lieu commun diront certains. Certes ! Mais il est bon
de le rappeler avec détermination tant il est vrai que
les ultralibéraux, d'une part, et les collectivistes,
d'autre part, veulent, pour des raisons diamétralement
opposées, le défaire.
L'état, tel que l’a précisé le Général de Gaulle,
repose sur l’intérêt général et le sentiment de la
nation. Il doit être préservé dans ses droits, sa
dignité, son autorité, au milieu des vicissitudes du
dénuement et de l’intrigue. Vaste programme car il doit
en plus rétablir autour de lui l’unité nationale : son
champ d'intervention ne saurait se limiter aux seules
missions régaliennes.
Il ne peut, ni ne doit, en aucun cas, se désintéresser :
-
ni du modèle social qui est le ciment de notre
peuple
-
ni de l'orientation économique, bien que basée sur
la liberté d'entreprendre, qui doit prendre en
compte les intérêts supérieurs de la Nation avec les
conséquences que l'on connaît sur l'emploi, les
délocalisations, le pouvoir d'achat…
-
ni de l'aménagement du territoire et du maillage des
services publics
-
ni du nouveau contrat social basé sur la libre
association du capital et du travail, dans une
perspective participative devant déboucher à terme
sur la copropriété des entreprises, seul remède
possible au mondialisme dont la libéralisation des
capitaux nous entraîne dans un monde, sans
frontières et ou règnera la loi
Il ne s'agit pas de ressasser ce que furent les trente
glorieuses, mais de se rappeler que l'état orientait, traçait une perspective
d'avenir. Une politique, aux objectifs clairement
désignés, permettait aux Français d'affronter les
obstacles : étapes programmées et efforts équitablement
partagés. Il convient donc rétablir le plan "à la
française", cette "ardente obligation" comme le
qualifiait Charles de Gaulle.
Le point de vue exprimé ci-après montre que
cette approche "gaullienne " reste d'actualité.
Alain Kerhervé
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POINT DE VUE
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Pierre Gattaz, président de la Fieec (fédération des
industries électriques, électroniques et de communication) -
La
Tribune.fr
Pour
développer une vision du futur, la France doit faire
l'effort d'une réflexion collective permettant d'identifier
les grands marchés porteurs, nos forces, nos faiblesses, et
les champions capables d'entraîner avec eux notre tissu de
PME, plaide Pierre Gattaz, président de la Fieec.
Entre libéralisme et volontarisme industriel
Il y a plus de 2000 ans,
Sénèque disait: "il n'y a pas de vent favorable à celui qui ne
sait pas où il va." Ce précepte semble plus que jamais
d'actualité pour l'économie française qui, à l'image de son
industrie, a des atouts considérables, un potentiel immense,
mais qui peine pourtant à tirer son épingle du jeu d'une
mondialisation accrue. Tout est-il joué pour autant ?
Le président de la république
évoque fréquemment le rôle central de l'industrie dans
l'économie. Il ne veut pas d'une France sans usines : nous non
plus! Lorsqu'on leur en donne les moyens, nos entreprises
deviennent des champions mondiaux et démontrent une aptitude
extraordinaire à l'innovation et à la productivité.
Ce qui manque à notre pays,
c'est une vision industrielle, une stratégie, un cap. Tous les
pays qui profitent le mieux de la croissance mondiale ont des
programmes à cinq, dix ou vingt ans qui leur permettent de
coordonner des plans ambitieux de développement de leurs
industries dans des secteurs déterminés.
En France, les grandes
initiatives des années 1960 et 1970, sous les présidences du
général de Gaulle ou de Georges Pompidou, ont permis d'élaborer
des pôles d'excellence reconnus encore aujourd'hui dans le monde
entier.
Mais, depuis trente ans, il
n'y a plus de vision industrielle et technologique pour notre
pays si l'on excepte quelques politiques de plans qui ont été un
fiasco industriel et financier tant elles avaient été élaborées
dans le secret des ministères, par quelques hauts
fonctionnaires, sans réelle consultation des industriels, des
chercheurs ou des universités. Sans vision stratégique, nous
sommes tous des gestionnaires du court terme. Notre attitude est
uniquement défensive et nous perdons du terrain.
Pour développer cette vision
du futur, la France doit faire l'effort d'une réflexion
collective permettant d'identifier les grands marchés porteurs,
nos forces, nos faiblesses, et les champions capables
d'entraîner avec eux notre tissu de PME afin de recréer un
écosystème performant et compétitif. Il ne s'agit pas de
gaspiller des sommes colossales dans des programmes futuristes
et incertains, mais bien de fédérer les réflexions, les idées,
les forces vives et de décider ensemble de suivre un cap,
d'atteindre un objectif.
Tous les acteurs doivent
travailler de concert: les entreprises certes, mais également
les laboratoires, les universités, et l'administration. Le rôle
de l'Etat sera de donner l'impulsion nécessaire, d'accompagner
la réflexion par des réformes législatives ou
organisationnelles, et, parfois, des aides financières mesurées
pour permettre le lancement des initiatives, dont on doit
attendre un retour sur investissement important. A cet égard, la
démarche initiée pour le développement du très haut débit, ou
pour la télévision haute définition en France nous semble un
exemple à reproduire.
Cette ambition industrielle
est aujourd'hui indispensable pour la France. Au niveau
sociétal, la stratégie pour l'industrie doit répondre aux
besoins de l'ensemble de la société et des consommateurs. Il ne
s'agit pas d'avoir une vision technologique, mais bien une
appréhension des marchés, dans une optique internationale, à
trois ou cinq ans. Sur les plans industriel et technologique, la
création d'un écosystème d'entreprises petites et moyennes
autour de grands champions renforcerait considérablement chacune
de ces entreprises, notamment à l'exportation. Là plus
qu'ailleurs, l'union fait la force et chacun a quelque chose à
apporter.
De la même manière, la
concentration de tous les efforts d'innovation vers les
applications concrètes de marchés de demain permettrait de
conserver des centres de R&D très performants couplés à des
capacités de production maintenant ainsi la compétitivité future
de notre industrie.
Enfin, concernant les aspects
économique et politique, une stratégie industrielle permettrait
de ne pas subir la mondialisation mais d'y prendre sa place, de
fédérer les énergies dans notre pays, qui n'en manque pas. Les
pôles d'excellence ainsi développés peuvent apporter le fameux
point de croissance manquant, et générer une dynamique créatrice
d'emplois.
A titre d'exemple, la Fieec
s'est vu commander, par le secrétaire d'Etat Hervé Novelli, un
rapport sur les marchés porteurs d'innovation et de croissance
dans les domaines de l'énergie et du numérique. D'ores et déjà
certains thèmes majeurs apparaissent très porteurs. Il s'agit de
l'environnement (efficacité énergétique, écoconception), de la
sécurité (du territoire, des réseaux, mais aussi des biens et
des personnes), de la santé et du confort (télémédecine,
convergence numérique...). Le bateau est à flot, les équipages
sont prêts. Fixons-lui un cap, un horizon, et vogue le navire. |