Communiqué du 27 mars 2008

 

Entre libéralisme et volontarisme industriel

 

Un état fort et respecté

Pour la France, il ne peut y avoir de nation sans état, ni dtat sans nation. Lieu commun diront certains. Certes ! Mais il est bon de le rappeler avec détermination tant il est vrai que les ultralibéraux, d'une part, et les collectivistes, d'autre part, veulent, pour des raisons diamétralement opposées, le défaire.

L'état, tel que l’a précisé le Général de Gaulle, repose sur l’intérêt général et le sentiment de la nation. Il doit être préservé dans ses droits, sa dignité, son autorité, au milieu des vicissitudes du dénuement et de l’intrigue. Vaste programme car il doit en plus rétablir autour de lui l’unité nationale : son champ d'intervention ne saurait se limiter aux seules missions régaliennes.

 

Il ne peut, ni ne doit, en aucun cas, se désintéresser :

  • ni du modèle social qui est le ciment de notre peuple

  • ni de l'orientation économique, bien que basée sur la liberté d'entreprendre, qui doit prendre en compte les intérêts supérieurs de la Nation avec les conséquences que l'on connaît sur l'emploi, les délocalisations, le pouvoir d'achat…

  • ni de l'aménagement du territoire et du maillage des services publics

  • ni du nouveau contrat social basé sur la libre association du capital et du travail, dans une perspective participative devant déboucher à terme sur la copropriété des entreprises, seul remède possible au mondialisme dont la libéralisation des capitaux nous entraîne dans un monde, sans frontières et ou règnera la loi

Il ne s'agit pas de ressasser ce que furent les trente glorieuses, mais de se rappeler que l'état orientait, traçait une perspective d'avenir.  Une politique, aux objectifs clairement désignés, permettait aux Français d'affronter les obstacles : étapes programmées et efforts équitablement partagés. Il convient donc rétablir le plan "à la française", cette "ardente obligation" comme le qualifiait Charles de Gaulle.

Le point de vue exprimé ci-après montre que cette approche "gaullienne " reste d'actualité.

Alain Kerhervé
 

  • POINT DE VUE - Pierre Gattaz, président de la Fieec (fédération des industries électriques, électroniques et de communication) - La Tribune.fr
    Pour développer une vision du futur, la France doit faire l'effort d'une réflexion collective permettant d'identifier les grands marchés porteurs, nos forces, nos faiblesses, et les champions capables d'entraîner avec eux notre tissu de PME, plaide Pierre Gattaz, président de la Fieec.

    Entre libéralisme et volontarisme industriel

Il y a plus de 2000 ans, Sénèque disait: "il n'y a pas de vent favorable à celui qui ne sait pas où il va." Ce précepte semble plus que jamais d'actualité pour l'économie française qui, à l'image de son industrie, a des atouts considérables, un potentiel immense, mais qui peine pourtant à tirer son épingle du jeu d'une mondialisation accrue. Tout est-il joué pour autant ?

Le président de la république évoque fréquemment le rôle central de l'industrie dans l'économie. Il ne veut pas d'une France sans usines : nous non plus! Lorsqu'on leur en donne les moyens, nos entreprises deviennent des champions mondiaux et démontrent une aptitude extraordinaire à l'innovation et à la productivité.

Ce qui manque à notre pays, c'est une vision industrielle, une stratégie, un cap. Tous les pays qui profitent le mieux de la croissance mondiale ont des programmes à cinq, dix ou vingt ans qui leur permettent de coordonner des plans ambitieux de développement de leurs industries dans des secteurs déterminés.

En France, les grandes initiatives des années 1960 et 1970, sous les présidences du général de Gaulle ou de Georges Pompidou, ont permis d'élaborer des pôles d'excellence reconnus encore aujourd'hui dans le monde entier.

Mais, depuis trente ans, il n'y a plus de vision industrielle et technologique pour notre pays si l'on excepte quelques politiques de plans qui ont été un fiasco industriel et financier tant elles avaient été élaborées dans le secret des ministères, par quelques hauts fonctionnaires, sans réelle consultation des industriels, des chercheurs ou des universités. Sans vision stratégique, nous sommes tous des gestionnaires du court terme. Notre attitude est uniquement défensive et nous perdons du terrain.

Pour développer cette vision du futur, la France doit faire l'effort d'une réflexion collective permettant d'identifier les grands marchés porteurs, nos forces, nos faiblesses, et les champions capables d'entraîner avec eux notre tissu de PME afin de recréer un écosystème performant et compétitif. Il ne s'agit pas de gaspiller des sommes colossales dans des programmes futuristes et incertains, mais bien de fédérer les réflexions, les idées, les forces vives et de décider ensemble de suivre un cap, d'atteindre un objectif.

Tous les acteurs doivent travailler de concert: les entreprises certes, mais également les laboratoires, les universités, et l'administration. Le rôle de l'Etat sera de donner l'impulsion nécessaire, d'accompagner la réflexion par des réformes législatives ou organisationnelles, et, parfois, des aides financières mesurées pour permettre le lancement des initiatives, dont on doit attendre un retour sur investissement important. A cet égard, la démarche initiée pour le développement du très haut débit, ou pour la télévision haute définition en France nous semble un exemple à reproduire.

Cette ambition industrielle est aujourd'hui indispensable pour la France. Au niveau sociétal, la stratégie pour l'industrie doit répondre aux besoins de l'ensemble de la société et des consommateurs. Il ne s'agit pas d'avoir une vision technologique, mais bien une appréhension des marchés, dans une optique internationale, à trois ou cinq ans. Sur les plans industriel et technologique, la création d'un écosystème d'entreprises petites et moyennes autour de grands champions renforcerait considérablement chacune de ces entreprises, notamment à l'exportation. Là plus qu'ailleurs, l'union fait la force et chacun a quelque chose à apporter.

De la même manière, la concentration de tous les efforts d'innovation vers les applications concrètes de marchés de demain permettrait de conserver des centres de R&D très performants couplés à des capacités de production maintenant ainsi la compétitivité future de notre industrie.

Enfin, concernant les aspects économique et politique, une stratégie industrielle permettrait de ne pas subir la mondialisation mais d'y prendre sa place, de fédérer les énergies dans notre pays, qui n'en manque pas. Les pôles d'excellence ainsi développés peuvent apporter le fameux point de croissance manquant, et générer une dynamique créatrice d'emplois.

A titre d'exemple, la Fieec s'est vu commander, par le secrétaire d'Etat Hervé Novelli, un rapport sur les marchés porteurs d'innovation et de croissance dans les domaines de l'énergie et du numérique. D'ores et déjà certains thèmes majeurs apparaissent très porteurs. Il s'agit de l'environnement (efficacité énergétique, écoconception), de la sécurité (du territoire, des réseaux, mais aussi des biens et des personnes), de la santé et du confort (télémédecine, convergence numérique...). Le bateau est à flot, les équipages sont prêts. Fixons-lui un cap, un horizon, et vogue le navire.