04 mars
2009

 

Le PS et TINA : liaison fatale

 

Peut-on encore faire quelque chose du PS? Le blogueur Laurent Pinsolle souligne l'incohérence de la stratégie du «parti de la rose», englué dans la multiplicité des courants qui le composent. Et qui succombe aux charmes vénéneux de la très libérale TINA — «There is no alternative»…

 

Une direction qui rassemble l’ensemble des courants sans n'en exclure aucun. Des arrangements improbables pour finaliser les listes européennes. Enfin, une incapacité à proposer une alternative crédible au gouvernement en place. Non, nous ne sommes pas en 2003 mais bien en 2009…

Rien ne change rue de Solferino ?
Bien sûr, ce jugement pourra sembler excessivement sévère. Après tout, cela fait à peine quelques mois que Martine Aubry s’est installée à la tête du Parti Socialiste et elle ne peut sans doute pas vaincre toutes les mauvaises habitudes du parti en quelques semaines. En outre, on pourra aussi soutenir que l’inclusion des partisans de Ségolène Royal à la direction du mouvement est un bienvenu signe d’apaisement en direction d’une fraction importante du parti.

Mais le problème est que de tels raisonnements empêchent toute évolution à la tête de ce qui est encore le premier parti d’opposition en France. Et si le style de la direction change, Martine Aubry n’étant pas François Hollande, les mauvaises habitudes semblent difficiles à éradiquer. La grande synthèse réunissant l’ensemble des courants a encore eu lieu, dans la grande tradition du précédent premier secrétaire. Le Parti Socialiste ne semble pas se résoudre à fonctionner avec une majorité et une minorité.

Le problème est que ces synthèses improbables et trop larges ne permettent pas au parti d’avancer idéologiquement, comme l’illustrent cruellement les départs de Jean-Luc Mélenchon et Jacques Généreux, deux des rares idéologues que comptaient encore le parti. Enfin, les différents arrangements pour la constitution des listes pour les élections européennes ne vont pas arranger son image. Le parachutage de Vincent Peillon, tête de liste dans le Nord en 2004, dans le Sud-est en 2009 n’est guère glorieux.


Peut-on encore espérer quelque chose du PS ?

Pire, le Parti Socialiste est complètement à la traîne dans le débat d’idées comme le montre la tribune de Guillaume Bachelay sur le protectionnisme dans Marianne. Sa prose est plus tiède qu’un communiqué de l’Elysée. S’il parle « d’écluses sociales et environnementales », il ne remet pas en cause le libre-échange, demandant même à l’Union Européenne d’être ferme pour éviter le protectionnisme Américain ! Et au lieu de droits de douanes, il recommande des fiches d’information environnementale pour le consommateur…

Le manque de radicalité intellectuelle du Parti Socialiste face à la crise est sidérant. Comme le montre Edgar dans son blog La lettre volée, le Parti Socialiste n’est pas le moins ardent défenseur du système qui nous a mené où nous en sommes aujourd’hui. Son récent soutien au président de la Commission Européenne, José Manuel Barroso en est une preuve supplémentaire. Les Français ne s’y sont pas trompés, n’accordant aucune confiance au plan de soutien à l’économie présenté par Martine Aubry.

Le besoin d’alternance qu’expriment les Français ne pourra pas s’accomplir avec un Parti Socialiste qui se regarde trop le nombril et a tellement cédé à la pensée néolibérale qu’il est incapable de présenter un projet alternatif crédible. Pour l’alternance, la France a besoin de nouvelles alternatives.