Communiqué du 21 mai 2005
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EUROPE : Les Pays-Bas, l'autre mouton noir.

 

 

Mêmes causes, mêmes effets ...

Mêmes mensonges, mêmes manoeuvres*

 

Trois jours après la France, les Pays-Bas pourraient aussi voter "non"

  

 

LA HAYE, 20 mai 2005 (AFP)

L'issue du référendum sur la Constitution européenne aux Pays-Bas, organisé trois jours après la France, est aussi incertaine que celle de la consultation française, sur fond de peur de la Turquie et de mécontentement face à l'euro ou au gouvernement.

Depuis près d'un mois, les sondages se suivent et se ressemblent dans ce pays fondateur de l'Union européenne, donnant la victoire au "non" lors du référendum consultatif du 1er juin.

Même la traditionnelle enquête mensuelle du gouvernement, qui prédisait jusqu'au mois dernier une nette victoire du "oui", a donné ce mois-ci une courte tête d'avance aux opposants: 40% des Néerlandais s'apprêteraient à la rejeter contre 39% prêts à l'approuver.

Après un début de campagne atone, l'équipe gouvernementale s'est jetée dans la bataille pour tenter de renverser la tendance.

Évoquant l'Holocauste et la Seconde guerre mondiale, le Premier ministre chrétien-démocrate Jan Peter Balkenende a comparé la Constitution à un pas supplémentaire vers la paix et la civilisation, son ministre de la Justice Piet Hein Donner a évoqué une balkanisation en cas de rejet du texte, tandis que le ministre des Affaires étrangères Ben Bot assurait que le "non" aurait des effets néfastes sur l'économie néerlandaise.

*Le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, le libéral Atzo Nicolaï, a pour sa part fait adopter en catimini une rallonge de 3,5 millions d'euros pour financer la distribution de prospectus en faveur de la Constitution, et de la publicité dans des médias peu présents sur le sujet.

Cela suffira-t-il à convaincre des Néerlandais qui pourraient se servir du référendum comme d'un défouloir face à leur malaise vis-à-vis de l'islam et de la Turquie, de l'Europe en général mais aussi vis-à-vis de leur gouvernement?

Selon un sondage rendu public mercredi, la coalition de centre-droit (chrétiens-démocrates, libéraux et centristes) bat des records historiques d'impopularité.

Un opposant à la Constitution sur quatre votera "non" pour sanctionner le gouvernement, a révélé jeudi une enquête réalisée sur un échantillon représentatif de 1.338 personnes pour le compte de l'agence de presse néerlandaise GPD.

Les principaux moteurs du "non" sont cependant le mécontentement face à l'introduction de l'euro et la peur d'une entrée de la Turquie dans l'UE, selon cette enquête.

Des révélations de presse montrant que l'ancienne monnaie nationale, le florin, avait été sous-évaluée lors du passage à l'euro ont suscité la colère des Néerlandais qui se plaignent de la hausse des prix depuis l'introduction de la monnaie unique.

"La peur de l'autre et de l'inconnu jouent également un rôle important", estime Johan Huizinga, analyste politique pour la radio internationale néerlandaise Wereld Omroep. Les sceptiques sont motivés par "une sorte "d'aspiration à retrouver des Pays-Bas à l'ancienne, bien ordonnés", a expliqué M. Bot.

Les Néerlandais craignent que le texte touche à leur souveraineté et à "leurs sujets sacrés" comme les nomme le ministre de la Justice, tels le mariage ouvert aux homosexuels ou l'euthanasie légale sous condition.