Accueil     Les archives

 

 

  • La chronique

CHARLES DE GAULLE par Philippe Folliot

 

Depuis quelques années, il est de bon ton, même chez les admirateurs du Général de Gaulle d’affirmer que son action aura surtout été pragmatique. Ses adversaires entendront opportuniste.
Or, s’il est un homme qui n’était inspiré que par la morale c’est bien Charles de Gaulle.

Son action, ses décisions et ses ruptures ne s’expliquent que par son constant dialogue avec l’histoire, la nation et ses valeurs chrétiennes.

Il fallait l’intuition et le génie du Général de Gaulle pour lancer, SEUL, un appel à tous les Français le 18 juin 1940 alors que l’écrasante majorité appelait la paix de tous ses vœux, même au prix d’une humiliante défaite. Seule sa foi inébranlable en « une certaine idée de la France » et de son destin, celui de la France, et non le sien, légitimait cette rupture aux yeux du Général de Gaulle. L’homme s’effaçait devant la France éternelle et lui permettait ainsi de conserver sa légitimité en participant à l’effort de guerre.

Qui, en 1940, pouvait imaginer que la France serait présente à la signature des armistices consacrant la défaite de l’Allemagne et du Japon ? Il restaurait, ainsi, l’honneur de la France.

A la fin de l’été 1944 la France est libérée mais le pays est exsangue. Le Général de Gaulle entreprend donc avec toutes les composantes de la Résistance de restaurer l’État et l’autorité de l’État.

Pleinement conscient des aspirations des Français, du besoin de transformation de la société, il entreprend, avec le gouvernement provisoire, de grandes réformes de structure qui modifient l’organisation de l’économie et l’ordre social. Ce seront les nationalisations, la sécurité sociale et un véritable projet d’avenir pour la France. Une œuvre qui marque encore aujourd’hui le cadre juridique, administratif et social de la France et qui constitue les bases d’un contrat social entre l’État et le peuple de France.

C’est à la seule volonté du peuple de France que Charles de Gaulle se sera toujours soumis, que ce soit en 1946, en 1958 ou en 1969. Ce lien direct entre les Français et « leur » Président aura été le fondement de sa légitimité, une légitimité sourcilleuse de légalité. Aucun article de la constitution de la Vème République, après les élections de juin 1968, ne lui demandait de « cesser d’exercer (ses) fonctions de Président de la République » le 28 avril 1969. Seules, sa conception de la République et la sincérité de ses convictions démocratiques et républicaines lui interdisaient de rester au pouvoir. Il savait que le gouvernement de la République Française puise ses forces et sa légitimité dans ce lien si particulier entre le pouvoir et le peuple de France, à la différence d’autres pays qui s’en remettent à Dieu ou à une dynastie régnante pour assurer la continuité de la légitimité.

Charles de Gaulle aura entretenu un dialogue permanent avec l’Histoire et, plus encore avec l’Histoire de la France. La clairvoyance de ses écrits d’avant- guerre, son implication personnelle dans la décolonisation de l’Afrique et dans la douloureuse indépendance de l’Algérie ainsi que sa vision d’une Europe des nations s’étendant de l’Atlantique à l’Oural en font le héraut d’un monde moderne et en profonde mutation.

Peu se souviennent que les accords d’Evian, de mars 1962, ouvrent la première ère de paix que la France ait connue depuis 1939. Vingt-trois années de guerre !

De la lecture de Bergson, Charles de Gaulle en aura retenu que la vie c’était le mouvement et que l’histoire c’était le changement. Toute sa vie il aura porté son regard au-delà de l’instant présent, tentant de percer les brumes de l’avenir et pressentant les bouleversements futurs. C’est à sa vision de l’histoire et à sa pugnacité que la France peut s’enorgueillir de figurer au rang des grandes puissances car il aura su innover, tous azimuts : programme nucléaire civil, force de dissuasion, « ardente obligation » de la planification, T.G.V, concorde, airbus, etc.…

La pensée de Charles de Gaulle aura souvent devancé l’évènement et l’histoire n’aura pu que vérifier la justesse de ses pronostics : le discours de Phom Penh, le Québec libre, le discours de Varsovie, la chute du mur de Berlin, etc.… Ce sens de l’histoire, toute son existence, Charles de Gaulle l’aura entretenu en contemplant, depuis la Boisserie, les vastes plaines de l’est de la France, ouvertes à toutes les invasions et qu’aucun obstacle naturel ne saurait arrêter.

Le 26 août 1944, le Général de Gaulle, à la rencontre du peuple de Paris ou plutôt de la nation qu’il avait pris en charge, descendait les Champs-Élysées. Le soir du 10 novembre 1970, par une pluie battante des centaines de milliers de parisiens remontaient les Champs-Élysées dans un suprême hommage, réplique de la descente glorieuse, un quart de siècle plus tôt.

Ainsi disparaissait, le 9 novembre 1970, celui qui avait donné « une destinée historique » et une image universelle à la France.

En cette veille du 35ème anniversaire de sa mort, puissent ceux qui entendent poursuivre l’œuvre du Général de Gaulle se souvenir de la citation gravée en lettres d’or sur le mémorial de Colombey-les-deux-églises :

« Il n’y a qu’un combat qui vaille, celui de l’homme »


 Philippe FOLLIOT -  Député du Tarn

  • Les archives (A venir)