22  février
2009

 

Otan : le temps de l'action est arrivé

 

 

Sauvons l'héritage du Général !

 

Rédigé par un ancien Ambassadeur, président d’asso-ciations, ce texte de lettre à adresser aux parlementaires circule parmi les milieux gaullistes soucieux de garder à la France l'indépendance initiée par le général de Gaulle. Chacun peut l'utiliser et le diffuser sous sa propre responsabilité et participer, ainsi, au vaste mouvement qui se créer autour de ce sujet.

A vos plûmes, citoyens de France !

Alain Kerhervé

 

Lettre aux parlementaires proposée par le Forum Pour la France

 

Les 26 chefs d’Etat et de gouvernement des pays signataires du Traité de l’Atlantique Nord fêtent son soixantième anniversaire les 3 et 4 avril 2009 dans deux villes, Strasbourg en France et Kehl en Allemagne, encouragées par leurs gouvernements nationaux respectifs à constituer avec leur arrière-pays un « district européen » sui generis.

Le Président de la République, que nous avons saisi, a indiqué à plusieurs reprises son intention de marquer cette fête par l’annonce solennelle de la réintégration de la France dans la structure militaire de l’Organisation issue du Traité – OTAN - que notre pays avait quittée en 1966 par une décision marquante du Général de Gaulle.

Vous savez que cette annonce rencontre une opposition croissante au Parlement et dans tout le pays. Cet alignement sur les Etats-Unis intervient, du reste bizarrement, alors même que l’hégémonie  américaine est partout fortement attaquée et ébranlée.

Les divers mouvements d’opposition à la réintégration ont, certes, pour premier souci de maintenir la souveraineté de la France et sa liberté d’utiliser ses forces armées.

Si certains y mêlent des motifs de politique intérieure, voire d’hostilité croissante à la personne du Président de la République, il ne s'agit en fait que d'une minorité.

C’est cette voix propre que nous ajoutons, sans la fondre, à celles des mouvements qui demandent au Président de ne pas annoncer cette réintégration.

Le Président de la République est en effet le garant du respect de la souveraineté nationale détenue par le peuple, comme de nos institutions et de l’intégrité de notre territoire.

Il est aussi, toujours selon notre Constitution, le seul chef de nos armées. Il ne saurait consentir à leur subordination totale ou partielle à un commandement étranger permanent.

Une question aussi grave, à poser très clairement, devrait être tranchée par le peuple. A défaut, elle doit l’être par ses représentants, après un débat sérieux suivi d’un vote.

Vous avez, comme nous, noté toutes les déclarations orales lénifiantes, de nos dirigeants comme du Secrétaire Général de l’OTAN, selon lesquelles la souveraineté de la France resterait garantie et notre pays garderait la disposition exclusive de sa force de dissuasion nucléaire qui fut l’un des principaux motifs de la décision du Général de Gaulle en 1966.

Pour nous, ces assurances verbales ne sauraient avoir la même valeur que la simple confirmation de la décision capitale prise en 1966, quelles qu’aient été les amodiations y apportées depuis lors. Comment y ajouter davantage foi qu’à tant de promesses solennelles que le peuple français a entendues depuis bien longtemps, notamment ces dernières années?

Cependant, même si une garantie réelle pouvait nous être donnée du maintien de la force de dissuasion, nous ne pouvons que condamner l’annonce solennelle de la réintégration.

Nous y voyons en effet une grave faute sur les plans politique, diplomatique, militaire, industriel, et culturel :

 

Faute politique à l’intérieur : vous êtes bien placé(e) pour sentir que le peuple y est largement hostile, d’instinct.

Politique à l’extérieur : la France, aux yeux du monde, n’est pas un simple espace géographique indifférencié aux frontières en pointillés, ni une boutique d’épiciers, ni une enseigne commerciale ou une compagnie d’assurances, sociales et autres. Elle est une puissance mondiale par ses territoires, sa force de dissuasion, son histoire, sa langue et sa culture, par la Francophonie aussi, et surtout par sa voix originale, écoutée, souvent attendue, qui parle pour l’Homme et l’humanisme, contre les robots et contre les empires.

La France est une voix et une politique étrangère originales. Sa soumission à l’empire américain et anglo-saxon qui tient l’OTAN laisserait un grand vide et serait une immense forfaiture.

La réintégration serait dangereuse, car les intérêts dominants des maîtres d’une OTAN passée d’une alliance défensive qui n’a plus de raison d’être à une alliance offensive, voire agressive, sont très loin de se confondre avec les nôtres.

Nous le voyons bien dans la destruction de la Yougoslavie, le bombardement de la Serbie traditionnellement amie de la France, le viol du droit international et des résolutions de l’ONU pour favoriser puis reconnaître l’indépendance du Kossovo, l’intervention en Irak, l’enlisement dans le nouveau Vietnam qu’est l’Afghanistan au nom d’un combat douteux contre le terrorisme qui n’est ni le bon, ni le nôtre, et où meurent pourtant nos soldats en « supplétifs » ou valets d’armes.

Nous le pressentons aussi dans l’affaire d’Iran et dans les diverses formes d’encerclement par l’empire otanien tant de la Chine que de la Russie, avec lesquelles la France et l’Europe ont pourtant tout intérêt à entretenir les meilleures relations possibles.

Le Secrétaire Général de l’OTAN ne vient-il pas de déclarer publiquement : « personne n’a de droit de veto sur l’élargissement de l’OTAN » ?

La réintégration risquerait d’entraîner encore plus la France dans des conflits qu’elle n’aurait pas voulus, contraires à ses amitiés traditionnelles et à ses intérêts fondamentaux.

 

Faute diplomatique découlant de la précédente. Notre diplomatie mondiale, servie par un réseau et un personnel d’ambassades, d’institutions culturelles, de soins, de recherche, etc. d’une dimension exceptionnelle, s’en trouverait réduite, rétrécie, abaissée. Quelle autonomie diplomatique nous resterait-il si les décisions affectant l’un de ses moyens importants : la force armée, nous échappait ?

 

Faute sur le plan militaire : comment pourrions-nous envoyer nos forces, réduites par ailleurs, soustraites à notre libre disposition, aux déplacements soumis à autorisation étrangère, dans nos territoires outre-mer et dans les 11 millions de km2 de notre espace maritime pour les défendre, ou en Afrique, ou ailleurs, pour soutenir nos intérêts propres auxquels bien des membres de l’Alliance sont totalement étrangers, voire hostiles ?

Le Président de la République espère promouvoir de l’intérieur même de l’OTAN une « défense européenne » - illusoire si elle n’est pas n’est pas d’abord nationale - sans avoir, pour autant, obtenu de véritable participation aux décisions de planification de la stratégie et des armements, et surtout d’intervention sur le terrain.

Or, nos partenaires, presque tous satisfaits de leur couverture par les Etats-Unis, ne veulent pas d’une « défense européenne » autonome, distincte de l’OTAN, car ils n’ont simplement pas les mêmes intérêts à défendre, tant au sein qu’en dehors de l’Union européenne, qui ne pourra former un peuple, une nation, un Etat, avant bien longtemps.

L’imposition de l’OTAN n’était-elle pas dans le projet de cette « Constitution européenne » qui fut rejetée en mai 2005, mais qui se retrouve dans le Traité de Lisbonne dont la ratification est actuellement forcée, notamment par l’Allemagne ?

 

Faute sur les plans industriel et social, car - trop d’exemples antérieurs le montrent - l’interopérabilité des forces de l’OTAN et l’harmonisation corrélative des armes aboutissent à favoriser outrageusement l’industrie militaire américaine, à asphyxier les beaux restes de la nôtre, et à faire disparaître chez nous les compétences si précieuses et les centaines de milliers d’emplois correspondants.

 

Faute sur le plan culturel, non seulement parce que l’OTAN n’utilise que l’anglo-américain et l’impose à tous les membres, mais parce que la pensée stratégique, les concepts mêmes et les inventions correspondantes, coulés dans le seul moule anglo-américain, stérilisent les autres pensées et inventions originales, dont la France, pour sa part, fut et reste riche.

 

(Madame) Monsieur le (la) Député(e) (ou Sénateur-trice), nous pensons qu’il est de votre devoir de vous opposer à la réintégration annoncée, et d’épargner ainsi à la France cet enterrement de ce qu’il lui reste de souveraineté.

Si même le souci de nos propres intérêts ne devait pas être primordial, et si l’intérêt des Etats-Unis d’Amérique et d’un illusoire « Occident » l’emportaient à vos yeux, vous pourriez vous rappeler les exemples des crises de Cuba en 1962, puis des euromissiles sous le Président François Mitterrand : la France n’est jamais plus utile à l’allié américain que lorsqu’elle a les mains libres.

 

Nous vous prions d’agréer l’expression de notre haute considération, et de l’espoir, que nous plaçons en vous, d’un sursaut salutaire de la France.