Communiqué du 25 juin 2008

 

Juppé "inquiet" du retour de la France dans l'Otan

 

"Je me demande si on n'est pas en train de faire un marché de dupes en rentrant sans conditions" dans le commandement militaire intégré de l'Otan, a déclaré l'ancien Premier ministre qui doit rendre, mi-juillet, le Livre blanc sur la politique étrangère française.

 

L'ancien Premier ministre Alain Juppé (UMP) a exprimé, mercredi 18 juin, ses "inquiétudes" concernant le retour annoncé de la France dans le commandement militaire intégré de l'Otan, se demandant si elle "n'est pas en train de faire un marché de dupes, en rentrant sans conditions".

"Il y a des évolutions qui m'inquiètent", a déclaré Alain Juppé en réponse à une question de la salle sur le gaullisme et l'Otan, lors d'une conférence sur "Mai 68 et l'Etat" organisée à Paris par la Fondation pour l'innovation politique.

"On nous a dit: 'OK, on va revenir dans l'Otan si l'Europe renforce sa capacité de défense", a-t-il souligné.

"Ce qui m'inquiète, c'est que le 'si' a disparu, et le Livre blanc de la Défense est très clair: on réintègre concrètement, et dans le même temps le 'non' irlandais fait que les capacités de progression en matière de défense semblent faibles", a-t-il ajouté.


Les capacités de défense européenne en question


"Donc je me demande si on n'est pas en train de faire un marché de dupes en rentrant sans conditions", a-t-il dit, précisant que ce point de vue serait exprimé, "de façon beaucoup plus diplomatique pour ne pas susciter des querelles", dans le Livre blanc sur la politique étrangère dont il préside les travaux."Cette réintégration a du sens dans la mesure où l'Europe progresse dans l'affirmation de ses propres capacités de défense. Je pense qu'il faut que les deux aillent de pair, et je ne voudrais pas qu'on aille plus vite dans un sens que dans l'autre", a précisé Alain Juppé à l'AFP en marge de la conférence.

Le Livre blanc sur la politique étrangère doit être remis "dans la première quinzaine de juillet", "le 10 ou le 11", a-t-il dit.


Garder un dispositif en Afrique

 

"On pourrait aussi s'interroger sur notre politique africaine, par exemple", a par ailleurs estimé le maire de Bordeaux lors de la conférence.

"D'accord, il faut actualiser nos accords de défense. En revanche, que nous gardions en Afrique un dispositif militaire, ne serait-ce que pour assurer la sécurité de nos ressortissants, qui sont très nombreux, et puis pour assurer nos engagements de défense, c'est sans doute nécessaire", a-t-il estimé.


"Et là, on peut s'interroger sur certaines orientations récentes", a jugé Alain Juppé.