01 avril
 2009

 

Non à l’Otan, oui à Lisbonne ou le compromis de Bayrou

 

 

  • Comment être contre la réintégration de l’Otan tout en soutenant le traité de Lisbonne ? Pour sa campagne aux européennes, le député centriste est à la recherche d'un compromis pour sauver la face.

 

Refuser le retour dans l’Otan et défendre le traité de Lisbonne ? « Imposture ! », avaient crié les blogueurs du Vrai débat à l’adresse de François Bayrou. Car si les déclarations gaulliennes du président du Modem, voulant soumettre à référendum le retour dans l’alliance atlantique, avaient séduit quelques républicains, d’autres y voyaient une mascarade populiste car incompatible avec l’adoption de la nouvelle mouture de la Constitution européenne prônée par le même Bayrou.


La défense européenne « fondée sur l’Otan »

Car, parmi les volets majeurs de la réorganisation de l’Union européenne qu’impliquait ce texte, la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) s’imposait comme un pilier du nouvel UE. Un pilier défini par l’article 42 comme « conforme aux engagements souscrits au sein de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord », l’alliance atlantique étant présentée dans le traité comme « le fondement de [la] défense collective et l’instance de sa mise en œuvre. » Niveau indépendance gaullienne, on repassera…

 

La souveraineté ferait-elle son entrée dans le programme du Modem ?

Souligné par les diverses composantes républicaines du Mouvement démocrate, le manque de cohérence était également pointé par Nicolas Dupont-Aignan : « c’est l’un de nos seuls grands points de divergence », nous confiait le fondateur de Debout la République. Et dans cette incohérence, des milliers de précieuses voix perdues au profit d’autres, plus fermes…


Qu’à cela ne tienne : à l’occasion de la convention thématique européenne du dimanche 29 mars, Marielle de Sarnez, responsable de la campagne européenne, devrait présenter un compromis. « Nous nous opposons à l’Otan, nous soutenons le traité de Lisbonne mais nous demanderons l’abrogation des points qui remettent en cause la souveraineté des Etats », prévoyait, avant la réunion, un membre du bureau politique. Un beau numéro de funambulisme en perspective...

 

Construire la défense européenne sans laisser l’Otan l’affaiblir

« Le programme n’est pas encore totalement finalisé, insiste un candidat d’une liste Modem. L’idée est de se concentrer sur la construction d’une Europe de la défense qu’un retour précipité dans l’Otan pourrait compromettre. » Une façon de revendiquer l’autonomie de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis.


Cette option convaincra-t-elle les gaullistes qui sommeillent en de nombreux électeurs du Modem ? Il vaudrait mieux : après des législatives décevantes et des municipales ratées, le Mouvement démocrate, parti européen par excellence, ne peut pas vraiment se permettre un nouveau dérapage sans prendre le risque de sombrer dans l’oubli. Ou dans le ridicule.

 
Sylvain Lapoix