Refuser
le retour dans l’Otan et défendre le traité de Lisbonne ? «
Imposture ! », avaient crié les blogueurs du Vrai débat à
l’adresse de François Bayrou. Car si les déclarations
gaulliennes du président du Modem, voulant soumettre à
référendum le retour dans l’alliance atlantique, avaient séduit
quelques républicains, d’autres y voyaient une mascarade
populiste car incompatible avec l’adoption de la nouvelle
mouture de la Constitution européenne prônée par le même Bayrou.
La
défense européenne « fondée sur l’Otan »
Car, parmi les volets majeurs
de la réorganisation de l’Union européenne qu’impliquait ce
texte, la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD)
s’imposait comme un pilier du nouvel UE. Un pilier défini par
l’article 42 comme « conforme aux engagements souscrits au sein
de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord », l’alliance
atlantique étant présentée dans le traité comme « le fondement
de [la] défense collective et l’instance de sa mise en œuvre. »
Niveau indépendance gaullienne, on repassera…
La souveraineté ferait-elle
son entrée dans le programme du Modem ?
Souligné par les diverses
composantes républicaines du Mouvement démocrate, le manque de
cohérence était également pointé par Nicolas Dupont-Aignan : «
c’est l’un de nos seuls grands points de divergence », nous
confiait le fondateur de Debout la République. Et dans cette
incohérence, des milliers de précieuses voix perdues au profit
d’autres, plus fermes…
Qu’à cela ne tienne : à l’occasion de la convention thématique
européenne du dimanche 29 mars, Marielle de Sarnez, responsable
de la campagne européenne, devrait présenter un compromis. «
Nous nous opposons à l’Otan, nous soutenons le traité de
Lisbonne mais nous demanderons l’abrogation des points qui
remettent en cause la souveraineté des Etats », prévoyait, avant
la réunion, un membre du bureau politique. Un beau numéro de
funambulisme en perspective...
Construire la défense
européenne sans laisser l’Otan l’affaiblir
« Le programme n’est pas
encore totalement finalisé, insiste un candidat d’une liste
Modem. L’idée est de se concentrer sur la construction d’une
Europe de la défense qu’un retour précipité dans l’Otan pourrait
compromettre. » Une façon de revendiquer l’autonomie de l’Europe
vis-à-vis des Etats-Unis.
Cette
option convaincra-t-elle les gaullistes qui sommeillent en de
nombreux électeurs du Modem ? Il vaudrait mieux : après des
législatives décevantes et des municipales ratées, le Mouvement
démocrate, parti européen par excellence, ne peut pas vraiment
se permettre un nouveau dérapage sans prendre le risque de
sombrer dans l’oubli. Ou dans le ridicule.
Sylvain Lapoix |