Communiqué du 03 décembre 2008

 

Dupont-Aignan drague les orphelins du « non » au référendum sur l’Europe

 

Nicolas Dupont-Aignan mise sur le silence de la droite et de la gauche au sujet du référendum européen de 2005 pour faire émerger aux élections européennes le parti qu’il a créé le 23 novembre, Debout la République. Clairement anti-sarkozyste, il prône l’intervention de l’Etat pour résoudre la crise financière.

 

Député-maire de Yerres (Essonne), Nicolas Dupont-Aignan a quitté l’UMP en 2007 pour se présenter face à Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle. Faute de parrainages, il n’a pu aller jusqu’au bout. Puis il s’est positionné en opposant frontal au nouveau Président de la République. Dimanche 25 novembre, il a tenu le congrès fondateur du parti Debout la République (DLR), club de réflexion qu’il avait créé en 1999 au RPR, et qui revendique 10 000 adhérents à travers toute la France. Il présentera aux prochaines élections européennes des candidats dans toutes les grandes régions françaises.

 

 

Marianne2.fr. — En pleine crise financière, pensez-vous qu’il soit opportun de lancer un parti de droite ?

Nicolas Dupont-Aignan. — DLR n’est pas un parti de droite au sens habituel du terme. Il est gaullien et républicain et la crise financière prouve que nous avions raison avant tout le monde ! Aujourd’hui, on s’aperçoit que les idées défendues par le PS et l’UMP ne peuvent pas apporter les réponses nécessaires à la France. Dans le discours du gouvernement, comme dans ses actes, à l’exception de la création d’un fonds souverain, le mode de résolution de la crise a été très conventionnel. Pire : on a prêté des milliards d’euros aux banques sans assurer le moindre contrôle sur le capital. C’était un simple cadeau fait aux banquiers !

M. — En quoi votre discours se différencie-t-il de celui de la majorité que vous avez quitté ?

N. D.-A. — Il ne faut pas confondre le sarkoysme, qui s’adapte comme une girouette au sens du vent, et la réalité de l’offre politique à droite. L’UMP reste totalement morte et entretient de vieilles idées conservatrices et libérales. Sur le fond, nous avons trois points de divergence.

D’abord, sur l’économie : nous défendons une relance par l’investissement, quitte à laisser déraper un peu les déficits. De toute façon, ils exploseront et je préfère avoir 5% de déficit et une vraie relance que 5% de déficit et la déflation. Ensuite, c’est une vision de la société qui nous sépare : la laïcité positive, la discrimination positive, la privatisation de l’audiovisuel… Sur ces sujets, nous sommes en complète opposition avec l’action gouvernementale.

Pour finir, le Président a prétendu que l’Europe avait changé alors qu’il n’a opéré qu’un recul tactique. Les élections européennes nous permettront de présenter notre plan B. Depuis 2005, la classe politique cherche à évacuer complètement le débat sur l’Union européenne. Mais la Commission et tous les dirigeants européens font tout pour faire aboutir le traité de Lisbonne. Si Nicolas Sarkozy était cohérent, il acterait la mort de ce texte et proposerait vraiment une nouvelle Europe.

M. — Votre congrès a réuni des militants de divers horizons : villepinistes, chevènementistes… Sur quelle base électorale pensez-vous vous appuyer pour les élections européennes ?

N. D.-A. — Il y a certes d’anciens militants de gauche qui ont rejoint Debout la République mais je pense surtout aux millions d’abstentionnistes qui ne se disent ni de gauche ni de droite.

Le monde journalistique raisonne comme si chaque Français avait sa carte dans un parti politique alors que beaucoup de compatriotes se cherchent. Ils ont compris que la politique de dépenses de la gauche était incohérente et que la droite menait une politique de classe. Seulement, cela prendra du temps de réunir les militants, car nos idées vont à l’encontre de la pensée unique qui tient la France depuis 30 ans.

M. — Ne craignez-vous pas de marcher sur les plates-bandes de François Bayrou avec un tel discours « ni droite, ni gauche » ?

N. D.-A. — Nous avons beaucoup de points communs, et je n’en rougis pas mais il y a une différence fondamentale : je considère qu’il faut changer l’Europe pour reconstruire la France alors qu’il veut s’appuyer sur l’Europe existante pour le faire. Mais dans le refus et la lutte contre le terrorisme intellectuel, politique et médiatique qui règne dans notre pays, nous allons dans le même sens.

Sylvain LAPOIX
www.marianne2.fr