Communiqué du 15 septembre 2006

 

Le copinage des milieux d’affaires l’emporte sur l’intérêt national !!!                                                                                         

 

Nicolas DUPONT-AIGNAN

Député de l’Essonne - Président de Debout la République

 

Le Monde - 06/09/2006 - Propos recueillis par Patrick Roger

L'interview donnée au Monde par Nicolas DUPONT-AIGNAN le lundi 4 septembre
et qui devait paraître le mercredi 6 septembre a été censurée.
 

  • Pourquoi refusez-vous toujours d’approuver le projet de fusion entre Gaz de France et Suez ?

Plus je creuse le dossier, moins je comprends l’intérêt de cette fusion. Je ne peux l’expliquer que par la volonté d’utiliser la puissance publique pour voler au secours de Suez. Une fois de plus, j’ai l’impression que le copinage des milieux d’affaires l’emporte sur l’intérêt national.

  • Les garanties apportées par le gouvernement ne vous paraissent pas suffisantes ?

Elles ne sont pas seulement insuffisantes, elles sont illusoires. On nous dit qu’il faut une fusion pour éviter une OPA sur Suez : mais le nouvel ensemble avec GDF sera opéable. On nous dit que le gigantisme est nécessaire pour mieux négocier l’approvisionnement. Or celui-ci dépend essentiellement d’accords d’Etat à Etat. De surcroît, l’activité « distribution gaz » de Suez ne représente que seulement 25 % de celle de GDF ! Cette fusion ne changerait pas fondamentalement l’échelle du groupe ainsi constitué. La seule fusion de poids serait entre EDF et GDF. On nous dit que cela va stabiliser les tarifs. C’est l’inverse : ce projet de loi s’inscrit dans la politique européenne de l’énergie qui vise précisément à abolir les tarifs réglementés. Après leur maintien transitoire, l’alignement par le haut sur des prix européens bien plus élevés sera facilité par le changement de statut de GDF. On nous dit qu’il n’y a pas d’autre solution. C’est faux. D’autres scénarios existent mais sont écartés par avance : que ce soit la prise de participations croisées entre Suez et GDF permettant de garder une majorité du capital de GDF à la puissance publique ou que ce soit la fusion entre GDF et les filiales énergie de Suez.

  • Le Parlement ne doit-il pas être le lieu de ce débat ?

Si justement, pour démasquer ce double langage destiné à forcer la main des parlementaires de la majorité et qui aboutira au démantèlement d’un de nos atouts majeurs dans la mondialisation. Il est stupéfiant de casser un outil comme EDF-GDF qui, fruit de l’effort de tous les Français, a offert à la France une électricité bon-marché et permettait une synergie gaz-électricité que tous recherchent aujourd’hui. Pourquoi détruire ce qui marche et que nous envient même les pays les plus libéraux, y compris les Etats-Unis ? Uniquement pour obéir au dogme de la concurrence alors que le double défi de l’énergie et de la réduction de l’effet de serre, au cœur des enjeux du XXIe siècle, exige l’intervention de la puissance publique. Arrêtons de faire croire que les marchés boursiers qui raisonnent à quinze jours permettront de relever des défis à 50 ans.

  • A vos yeux, le gouvernement commet une erreur ?

En 2004, je m’étais abstenu sur l’ouverture du capital d’EDF et GDF car j’avais cru en la parole de Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac de ne pas privatiser. Comment demander aux Français de respecter la classe politique si les dirigeants de l’Etat n’ont plus de parole ? Une fois de plus, la majorité se prend les pieds dans le tapis en faisant un cadeau politique à la gauche, alors même que Lionel Jospin a signé avec Jacques Chirac à Barcelone le premier acte de la dérégulation. En effet le PS, s’il demande à raison la fusion de GDF et EDF, n’en tire pas toutes les conséquences, se refusant à remettre en cause cette politique européenne néfaste à nos intérêts.
 

 
  • La manif du 12 septembre 2006 - Les photos (cliquez sur les photos pour les agrandir)