A une
voix seulement, le congrès de Versailles vient de donner le deuxième
coup de grâce (après celui du quinquennat) à notre Vème République.
Certes, il ne s’agit pas de la réforme du siècle. Pour autant, on
détricote un peu plus l’œuvre du Général De Gaulle et de Michel Debré,
qui avait apporté cinquante ans de stabilité institutionnelle.
Comme pour le quinquennat, il s’agit a priori d’une modernité. Mais en
vérité, cette réforme déséquilibre les institutions, efface un peu plus
le Premier Ministre, supprime l’obligation de référendum pour l’adhésion
de nouveaux Etats dans l’Union Européenne, renforce la
présidentialisation du Régime.
On y parle des droits du Parlement. Tout cela est bien factice quand on
sait qu’un seul parti a la majorité absolue des sièges de l’Assemblée
Nationale, et qu’il est directement piloté depuis l’Elysée. En vérité,
le Général De Gaulle avait voulu lutter contre le Régime des partis et
son lointain successeur, lui, reconstruit le régime du Parti.
La manœuvre est surtout politicienne. Il s’agit de faire croire aux
Français que le Parlement est revalorisé et que Nicolas Sarkozy est un
grand démocrate. Si vraiment le Président de la République avait voulu
démocratiser la Vème République, il avait l’embarras du choix :
instiller une dose de proportionnelle pour rétablir le multipartisme,
lutter contre le cumul des mandats, mieux contrôler les directives de
Bruxelles, et surtout faire usage du référendum.
Mais le président essaie davantage les manœuvres d’appareil, les petits
chantages sur Députés et Sénateurs un peu lâches, les récompenses pour
les radicaux toujours prêts de l’assiette au beurre, les petites
combines pour que Bernard Tapie retrouve sa fortune, les protections
pour que Jacques Lang continue de briller…
Cette après-midi à Versailles, il régnait un étrange parfum de IVème
République.
Pendant ce temps, les problèmes de la France ne sont pas vraiment
traités, on reste dans l’apparence, les effets de show biz, les
pressions sur les médias.
Tout cela ne peut pas durer, les Français ne méritent pas cela.
Honneur aux quelques députés de la majorité, vrais gaullistes, qui n’ont
pas cédé. Ce sont eux qui reconstruiront la France quand la tornade
sarkozienne sera passée.