Info du 27 juillet 2005
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  • Nicolas Dupont-Aignan : Reprendre en main le destin de la France.

 
  • Propos recueillis par Yves BARRAUD et Sophie HANCART pour

  • Nicolas DUPONT-AIGNAN s'est fait connaître du grand public en tant que partisan du "non" au Traité de Constitution Européenne au sein de l'UMP. Ancien élève de l'École Nationale d'Administration, député-maire de Yerres (Essonne), néo-gaulliste et républicain, il défend ses idées à travers son mouvement souverainiste Debout la République.

    À ce jour, il est le seul représentant de l'UMP à avoir accepté de nous recevoir, étonné du silence de Jean-Louis Borloo et de Gérard Larcher (qui n’ont pas daigné répondre à nos questions) : en cela nous le remercions.

 

Actuchomage : Après la victoire du "non", comment vous sentez-vous à l'Assemblée nationale et à l'UMP ?

Nicolas DUPONT-AIGNAN : Je me sens mieux dans le pays qu'à l'Assemblée nationale... Beaucoup de parlementaires qui ont fait campagne pour le "oui" ont compris ce qu'il s'était passé, malheureusement je n'ai pas le sentiment que cela ait franchi les grilles des palais officiels. Je n'accuse pas mon camp : je dis simplement que le message des Français n'a pas été compris ni entendu, et que cela est extrêmement préoccupant pour la suite. J'espère qu'avec le temps nous arriverons à le faire entendre de manière pacifique, et que cela ne se règlera pas dans la rue si nos compatriotes voient que rien ne change au niveau politique, à gauche comme à droite.
Au sein de l'UMP, je dirais qu'il y a un climat plus apaisé qu'au sein du Parti Socialiste ! Il n'y a pas eu du tout de règlements de compte ; ça s'est plutôt bien passé. Mais le problème n'est pas là : la question est de savoir si l'on va entendre le message, le cri d'angoisse de nos compatriotes qui vivent au quotidien des situations extrêmement difficiles, et qui ont fait le lien avec l'Europe. L'Europe n'a pas tous les torts, mais la manière dont elle se construit et comment la France est gouvernée depuis vingt ans vont de pair. Et c'est ce lien que j'ai voulu mettre en valeur. J'ai voulu essayer d'apporter des corrections à droite, comme d'autres l'ont fait à gauche.

Actuchomage : Qu'est-ce qui a été sanctionné ?
Nicolas DUPONT-AIGNAN : Plusieurs choses ! D'abord, même si la conjoncture nationale a joué, je crois profondément que les gens veulent reprendre en main leur destin. Ce qui a été sanctionné, c'est l'Europe comme mythe de substitution à l'absence de projet national. Les Français sont européens ! Mais ils veulent un projet européen qui s'articule avec un projet national. Le drame de notre pays dure depuis vingt ans, depuis la rigueur de 1983 où François Mitterrand a habilement placé la France dans un mythe de substitution de construction européenne factice en pensant échapper au jugement de ses concitoyens. Ensuite Jacques Chirac a fait la même chose. Cela fait donc vingt ans qu'on dit aux Français "Projetez-vous dans une aventure extraterritoriale (gérée par des technocrates irresponsables) et nous, on roule en pilotage automatique !"
Ce scrutin marque la fin d'une époque. Il montre que les Français ont dit à leurs hommes politiques : "Reprenez en main le destin de la France, faites de la politique, prenez des mesures". Ils ont exprimé des choses très simples et cohérentes, que ce soit à gauche ou à droite : un besoin de protection (de frontières à l'Europe), un besoin de croissance économique et de lutte contre le chômage (donc un appel pour changer la politique de la zone euro), et le besoin de rêver, d'avoir des projets d'avenir (comme Airbus ou autre…). Dans quantité de domaines, il devrait y avoir une politique européenne avec de vrais projets. Bien sûr, il y a eu aussi le rejet de l'arrogance et de la condescendance, du mépris de tout l'establishment médiatique, économique, financier et politique qui voulait un référendum avec deux bulletins : un "oui" et un "oui".

Actuchomage : Êtes-vous surpris que la première motivation de ce vote soit liée à la crainte du chômage plutôt qu'au texte lui-même ?
Nicolas DUPONT-AIGNAN : Il y avait le texte de Constitution, le chômage et la Turquie. Tout est lié, parce qu'on fait une Europe qui ne se défend pas, qui applique une politique malthusienne de création monétaire absolument ahurissante par le biais de la Banque Centrale, et qui, de surcroît, n'est pas capable de porter des projets forts à long terme dans le cadre de la mondialisation. Les gens ont exprimé leur ras-le-bol face aux délocalisations, face à l'entrée de la Turquie, face à l'immigration non contrôlée, et face à l'arrogance de gens qui ne vivent pas leurs difficultés.

Actuchomage : La nomination de Dominique de Villepin et les nouvelles orientations gouvernementales vont-elle dans le bon sens ?
Nicolas DUPONT-AIGNAN : Pas assez à mon goût. Pour autant j'ai voté la confiance parce que je ne fais pas de procès d'intention. Si certains députés se sont abstenus, moi je l'ai votée - du bout des lèvres, mais avec cohérence : j'attends de voir. De Villepin ne s'en sortira pas s'il n'y a pas un changement de politique économique au niveau européen. Mais je ne préjuge pas de la suite, et j'espère qu'il y arrivera.

Actuchomage : Que pensez-vous de ces effets d'annonces dont ce gouvernement semble si friand, notamment cet engagement de "100 jours" pour obtenir de vrais résultats ?
Nicolas DUPONT-AIGNAN : À chacun ses paroles. Ce n'est pas en 100 jours qu'on aura des résultats (si on en a…). Dominique de Villepin est quelqu'un que j'aime plutôt bien : c'est un vrai gaulliste, volontariste. Mais pour réussir, il doit prendre acte du référendum - ce que n'a pas fait le Président de la République - et tant qu'il ne le fera pas, il n'y aura pas de légitimité populaire à son action. D'ici le 3 octobre, pour moi, il doit rompre les accords d'ouverture avec la Turquie (un geste symboliquement fort) et revoir le statut de la Banque Centrale Européenne. Tant qu'il ne fera pas cela, il n'aura pas de légitimité politique et - à mon avis - de marge de manœuvre financière.
Au sommet de Bruxelles, le Président de la République aurait du être le porte-parole du "oui" et du "non", et dire : "La France aime l'Europe, mais c'est d'une autre Europe que nous voulons". Il aurait du affirmer : 1) que la France n'ouvrira pas les négociations avec la Turquie, 2) que la France demande une renégociation de l'accord avec la Bulgarie et la Roumanie, c'est-à-dire conditionne leur adhésion à la suppression de la directive Bolkestein et à un minimum d'harmonisation sociale et fiscale, 3) que la France demande une réforme du statut de la Banque Centrale. Il n'aurait peut-être pas eu l'accord de ses partenaires, mais le message aurait été entendu des Français et ceux-ci auraient pu se dire que leur Président, qui a défendu le "oui", a tout de même pris acte de leur vote et compris qu'on a besoin à la fois de frontières et d'un minimum d'harmonisation économique. Si le Président avait fait ça, le vote des Français l'aurait renforcé. Ce qui est très paradoxal, c'est que la classe politique estime que le vote des Français a affaibli la France alors qu'au contraire il l'a renforcée. J'en suis convaincu ! Loin d'être étriqué, c'était un vote pour une Europe plus juste, et le Président pouvait tout à fait rebondir. J'espère que Dominique de Villepin le comprendra petit à petit.

Actuchomage : Le "non", sur le plan intérieur, n'est-il pas aussi l'expression d'une demande de changement institutionnel ou de refondation démocratique ? Car si l'on additionne les abstentionnistes et les autres partis non présents, l'Assemblée nationale semble bien peu représentative de la société française...
Nicolas DUPONT-AIGNAN : Les gens veulent simplement être gouvernés. Il faut que la classe politique change de mode de fonctionnement et rajeunisse un peu ses cadres. Mais ce n'est pas tant un problème d'hommes qu'un problème d'idées et de projets. Je crois qu'on est à la fin d'un cycle, et pas seulement politique : c'est la fin du cycle post-soixante-huitard qui a pris le pouvoir et qui a prôné le "Faites ce que je dis et pas ce que je fais". Maintenant une nouvelle génération doit transformer l'essai sans que ce soit un problème générationnel (il y a des jeunes cons comme des vieux cons, la question n'est pas là).
Je ne crois pas un instant, comme Arnaud Montebourg et sa VIe République, au retour d'un régime parlementaire. Ce n'est pas ce qui intéresse les Français : un tel régime serait encore plus médiocre que le nôtre. On a deux grands atouts dans la Ve République : l'élection du Président au suffrage universel et le référendum (on l'a bien vu, d'ailleurs). Le grand drame, c'est qu'on a réduit le septennat au quinquennat. On a besoin simplement d'autres équipes, d'autres personnes et d'autres politiques. Je doute que le changement d'institutions modifie quoi que ce soit. Bien sûr, il est évident que beaucoup de Français ne se sentent pas représentés : mais ce n'est pas parce que vous réduirez les pouvoirs du Président que ça s'arrangera, et ce n'est pas parce qu'il a mal exercé ses pouvoirs qu'il faut supprimer le Président. Qu'il y ait une dose de proportionnelle à l'Assemblée nationale, qu'on revoit l'ordre du jour, je l'ai proposé et j'y suis favorable, mais ce n'est pas ce qui bloque le système. Il faut avoir des institutions qui permettent à un Président de faire son boulot.

Actuchomage : Que pensez-vous des mesures anti-chômage annoncées par Dominique de Villepin ?
Nicolas DUPONT-AIGNAN : C'est largement insuffisant. Il y a des choses positives, il y a des choses qui m'inquiètent, et il y a des choses qui manquent.
Sont de bonnes orientations le chèque-emploi-service (sous réserve qu'il y ait un contrôle approfondi pour éviter le travail clandestin régularisé), les mesures concernant la création d'entreprise et les jeunes. En fait, on relance le traitement social du chômage qu'on avait à tort supprimé, et c'est vraiment positif.
Ce qui m'inquiète, c'est le contrat de "nouvelle embauche" et sa période d’essai de 2 ans que l’on peut rompre à tout moment. Je suis hostile à la précarisation. En revanche, je pense qu'il y a besoin d'un contrat intermédiaire entre le CDI et le CDD, et je suis plutôt favorable à l'idée du contrat de mission. Une entreprise doit pouvoir négocier un contrat pour une période donnée - dix-huit mois, deux ans - en prévenant la personne de cette échéance (c'est d'ailleurs ce qu'on fait dans les collectivités quand on recrute quelqu'un pour un an). Si les entreprises sont actuellement bloquées par notre système, illusoirement protecteur, je souhaite vraiment qu'il y ait des protections pour les salariés dans ce nouveau contrat. Mon vote en dépendra. (NDLR : le vote par ordonnance est tout de même précédé de discussions en vue de son habilitation)
Mais ce qui manque, c'est une impulsion européenne en faveur de la croissance. Tant que la Banque Centrale pratiquera cette politique malthusienne de libre-échange international absolument folle, les délocalisations vont s'accroître et les bonnes choses que de Villepin va faire au niveau national risquent d'être perdues. Parce que, contrairement à ce qu'on dit, je ne crois pas un instant que la mesure miracle soit de permettre de licencier : on peut licencier en France ! Que les chefs d'entreprises aient le sentiment qu'on ne peut pas le faire ou que c'est compliqué, je peux l'entendre et je ne suis pas hostile à la souplesse, mais ce n'est pas ça qui fera une révolution en terme d'emploi. La révolution serait de simplifier le Code du travail (il est incompréhensible). Il faut aussi simplifier les dispositifs d'emplois aidés qui changent tous les deux ans, à chaque gouvernement… on n'y comprend plus rien ! Il faut une grande simplification de tous les traitements du chômage, une grande lisibilité des dispositifs, un peu plus de souplesse mais sans précariser le travail - même si l'équilibre n'est pas facile à atteindre. Et il faut ensuite des mesures équivalentes au niveau européen.
Moi, je préconise également une mesure-phare à laquelle nous travaillons depuis plusieurs années à Debout la République, c'est la TVA sociale : on supprime des cotisations sociales sur les salaires et on les remplace par un taux de TVA comme au Danemark. Les prix augmentent mais le salaire réel aussi, et surtout les produits importés - qui sont taxés - financent aussi la protection sociale, alors qu'actuellement seuls ceux qui sont fabriqués en France la financent. C'est la vraie révolution à mettre en œuvre, et il est dommage que le gouvernement n'en parle pas.

Actuchomage : Quel est votre parcours professionnel ? Avez-vous connu des situations de chômage ou de précarité ? Et parmi vos collègues députés ?
Nicolas DUPONT-AIGNAN : J'ai été fonctionnaire et sous-préfet, je n'ai donc jamais connu de période de chômage, et mes collègues députés non plus.
Mais j'y suis très sensible, car je reçois beaucoup de gens qui en souffrent. Je travaille beaucoup sur ces sujets et j'en suis imbibé, mais je suis peut-être un cas... Pour moi, c'est le défi majeur. La lutte contre le chômage, la TVA sociale, la Banque Centrale... À Debout la France, nous y avons consacré des dossiers que vous pouvez consulter sur le site (Pour un nouveau pacte économique et social et Gagner, oui, mais pour quoi faire ?).

Actuchomage : Le poids des précaires et des chômeurs pèse de plus en plus sur le plan électoral...
Nicolas DUPONT-AIGNAN : Bien sûr ! C'est la priorité numéro un, et pour cela il faut prendre des mesures ! On ne peut pas continuer à être le seul pays au monde qui taxe autant le travail. Le niveau des prélèvements obligatoires est stabilisé, et on ne le baissera pas. Il faut donc arrêter de taxer le travail, et la TVA sociale peut débloquer des centaines de milliers d'emplois.
Il faut prendre des mesures simples, simplissimes. Jean-Louis Borloo fait du traitement social du chômage : on en a besoin, mais ça ne suffit pas. Il faut faire tout un travail de fond, et ça se prépare. Les gens en ont ras-le-bol des recettes miracle, des coups de pub et du show-bizz. Ce qu'on a fait sur l'Europe a payé, et on le refera sur le chômage en 2007 : présenter un programme sérieux comprenant des réformes audacieuses. On a un vrai programme économique (Les dix défis, consultables sur le site de Debout la République).

Actuchomage : Un récent rapport de l'INSEE affirme que les 35 heures ont finalement profité aux entreprises (gains de productivité) et contribué à la baisse du chômage (création de 350.000 emplois), qu'en pensez-vous ?
Nicolas DUPONT-AIGNAN : C'est une fumisterie ! Les 35 heures ont été une catastrophe. Elles n'ont privilégié que les gens qui avaient un emploi. Cette loi a été une grande absurdité et on le paie aujourd'hui. Elle a augmenté les coûts de façon considérable, développé un stress au travail, généré une démotivation des cadres et des intermédiaires, et le pouvoir d'achat des gens a été réduit. Les gains de productivité ont été faits sur le dos des salariés.
Le coût des 350.000 emplois créés est colossal (15 milliards d'euros payés par le contribuable) : avec 15 milliards d'euros de charges en moins sur l'emploi, on pouvait en créer bien plus que 350.000, et sans les 35 heures. Je préfère travailler 39 heures et offrir des emplois à ceux qui n'en ont pas. Travailler 39 heures n'est pas un drame, sauf pour les emplois pénibles où je suis même d'accord pour descendre à 32 heures. Ça a été une réforme de classe moyenne démagogique !
Je suis pour le partage du temps de travail et j'étais un défenseur de la loi Robien à l'époque. Si le temps de travail doit baisser dans une économie développée, c’est sous la forme d’incitation et non d’obligation. La loi Robien était incitative : on ne peut pas obliger tout le monde à se mettre au même niveau. Une entreprise qui veut le faire, qui s'y prête et crée de l'emploi en échange, oui ! Mais une entreprise qui le fait par obligation et qui, en plus, est subventionnée par l'Etat, c'est néfaste et je préfère subventionner autre chose : la formation, l’éducation, la technologie, la recherche scientifique…
Je suis un volontariste, un gaulliste, donc je crois qu'il faut de l'intervention publique, mais je trouve ahurissant de dépenser 15 milliards d'euros (100 milliards de francs !) pour permettre à des entreprises de faire moins travailler des gens qui n'en ont pas besoin. Sociologiquement, c'était une réforme de privilégiés et qui n'a pas servi les chômeurs : les délocalisations se sont accélérées. Au "temps de travail" tel qu'il est actuellement réparti dans notre société (chômage après 50 ans et formation avant 30 ans, ce qui est tout à fait scandaleux), on a rajouté une autre contrainte qui a encore plus désorganisé les choses !
Je crois donc à la baisse progressive du temps de travail par l'incitation. L'accord de Robien était parfait, il fallait le généraliser. Les entreprises et les salariés auraient peu à peu fait des efforts : ce n'est pas à la collectivité publique d'en assumer l'intégralité des coûts.
Pour que ça marche - à la limite - il faudrait passer aux 32 heures afin de gagner une journée : si le salarié fait une économie de transport et de garde d'enfants par exemple, il peut accepter de voir son salaire stagner ou diminuer un peu. Les entreprises y gagneraient en productivité, puis recruteraient pour cela. Les 35 heures ont finalement fait travailler plus... et c'est la pause café qui a été supprimée.

Actuchomage : Vous vous dites gaulliste, qu'est-ce que cela signifie aujourd'hui ?
Nicolas DUPONT-AIGNAN : Cela veut dire que le progrès économique n'a qu'une valeur : être au service de l'homme et du partage social. Il faut à la fois du progrès économique et du partage social. Vous ne pouvez pas avoir l'un sans l'autre.
Je suis pour une réforme de la participation : je suis pour que les Français soient actionnaires de leur entreprise et présents au conseil d'administration. Je suis hostile aux privatisations où l'on ne laisse pas au moins 30% de l'actionnariat aux salariés. Je suis hostile à la privatisation de Gaz de France et d'EDF, encore plus à celle des autoroutes : je ne la voterai jamais !

Actuchomage : Comment réagissez-vous aux propos anti-chômeurs, notamment ceux de Jean Auclair ? (député UMP qui, le 2 février dernier, a déclaré à l’Assemblée nationale : "Les chômeurs ne veulent pas travailler. Être payés à ne rien faire, voilà ce qui les intéresse !")
Nicolas DUPONT-AIGNAN : Je trouve ça scandaleux. Insupportable. On ne peut pas vivre avec autant de chômage : ce n'est pas 10%, mais plutôt 20% de chômeurs que nous avons dans le pays ! Même chose en Europe ! C'est un gâchis humain phénoménal, les gens sont réellement dans la souffrance, et il est honteux de parler ainsi.