Jacques
Myard
Député
des Yvelines (UMP)
Président du CNR
On ne
peut que se féliciter de la priorité donnée, par le Livre blanc, au
renseignement dans tous ses aspects
Dans
un monde de plus en plus chaotique, où les conflits de toute nature
surgissent à l’horizon, il est indispensable que le gouvernement ait
tous les outils pour savoir et prévenir.
La mise en place d’un
coordinateur du renseignement ainsi que d’un véritable conseil de
sécurité à la française doté de réels moyens, va dans le bon sens.
Il
est exact que la défense ne peut, au regard de ses missions, rester un
outil d’aménagement du territoire avec une dispersion totale des
équipements et des établissements militaires. La constitution de bases
de défense, avec la mise en commun des moyens logistiques, doit être
également saluée, même s'il convient, par ailleurs, d'aider les
collectivités qui vont perdre des régiments ou des bases.
L’interarmisation est un élément d’efficacité de nos armées à la
condition que les économies réalisées soient intégralement attribuées
aux équipements.
Néanmoins, on ne peut accepter la réduction du format des armées motivée
par des raisons budgétaires. Il existe de très nombreuses possibilités
de réduction de la dépense publique qui passe par une rationalisation de
l’organisation de l'Etat, telles que la suppression des Régions et le
transfert de leurs compétences aux Départements, la suppression des
multiples agences qui font doublon avec l’administration générale, la
mise à plat du budget européen qui va coûter à partir de l’année
prochaine 10 milliards d’euros nets à la France. Il ne s’agit pas là de
réduire les prestations à nos concitoyens, voire de remettre en cause
les politiques européennes ; on peut remplir les mêmes missions sans la
démultiplication des doublons administratifs générateurs de dépenses
publiques.
De
surcroît, l’approche du Livre blanc qui met l’accent sur la défense
européenne grâce au retour dans l’OTAN est une double faute.
Le
syllogisme :
1. « Mes partenaires européens sont dans l’OTAN et pour l’OTAN »,
2. « Je suis pour la défense européenne »,
3. « Je rallie l’OTAN pour rallier mes partenaires à la défense
européenne »
est
une grossière bévue !
D'une
part, notre réintégration dans l’OTAN constitue une faute diplomatique
lourde car elle sera interprétée comme un ralliement total à la
politique américaine. D'autre part, nous ne rallierons pas nos
partenaires à la nécessité de construire une défense européenne
autonome, puisqu'ils ont complètement aliéné leur défense à l'OTAN.
Il
faut renverser la proposition contenue dans le Livre blanc de façon à
muscler l’indépendance militaire de la France pour rallier nos
partenaires à l’indépendance de l’Europe : « Plus la France sera
indépendante, plus l’Europe sera indépendante. Moins la France sera
indépendante, plus l’Europe sera américaine ». C’est là une vérité
incontournable.
Il
faut, enfin, avoir le courage de dire aux Français qu’entre partir en
vacances et parer aux risques croissants d’un monde devenu de plus en
plus chaotique, le choix est de muscler notre défense. Nous
n'échapperons pas à ce débat.
Surtout ne baissons pas notre garde. Alors que l'effort de défense
représente à peine 2% de la richesse nationale, l'objectif nécessaire
est de le porter à 3% du PIB. Notre défense – garantie de notre
indépendance et de notre avenir – doit rester une hyper-priorité
nationale et, en conséquence, européenne. |