"Coup de cœur" du 13 novembre 2007

 

Le gaullisme, une boussole pour l’avenir                                                                                                                                                                      de laurent Pinsolle

 

 

Il y a 37 ans, le plus grand homme de notre histoire disparaissait après avoir rendu d’immenses services à la France et aux Français. J’ai beau être né après sa mort et ne l’avoir découvert qu’à 18 ans, à travers de multiples lectures, je crois que son message est plus que jamais d’actualité.

Pour moi, le gaullisme est un romantisme politique. Le Général était commandé par une vision profondément romantique et chevaleresque de la politique. Comment ne pas qualifier de romantique l’appel du 18 juin d’un ancien sous-secrétaire qui, seul, disqualifie le gouvernement en place et prétend incarner son  pays, ce qu’il réussira à faire ? Comment ne pas voir une vision pure et un attachement viscéral à sa mission dans la résistance homérique qu’il opposa à toutes les tentatives de nos alliés d’empiéter sur la souveraineté de la France libre pendant la guerre ? La politique pour lui, c’était être au service de son pays et ne jamais transiger sur les principes auxquels il croyait. Une quête d’idéal qui semble tellement étrangère au monde politique d’aujourd’hui, à quelques exceptions près. Au-delà de cet appel historique, c’est sa conception même de la politique qui est romantique. Il est frappant de constater dans les livres consacrés au Général à quel point les petits jeux politiciens et les ambitions personnelles lui sont étrangères. La seule chose qui l’anime est l’intérêt du pays et ses convictions profondes. Nous aurions bien besoin d’avoir plus d’hommes politiques ayant cette vision de la chose publique.

L’héritage gaulliste, c’est aussi un attachement à la patrie. Le Général disait que « le patriotisme, c’est aimer son pays, le nationalisme, c’est détester celui des autres ». Il était profondément patriote. Bien sûr, avec la déformation du temps et de certains commentateurs, le patriotisme du Général a été présenté comme du nationalisme cocardier. Il n’en est rien. Le terme « patrie » évoque la notion de famille : ne dit on pas la « mère patrie » ? Pour moi, le gaullisme, c’est voir la nation comme une grande famille. Loin de la nation rabougrie qu’évoquent certains esprits chagrins, il s’agit du rassemblement familial d’individus solidaires entre eux, une communauté de destin qui s’aide comme on peut s’aider dans une famille. Et c’est cette identité forte qui, loin de nous refermer sur nous-mêmes, nous permet de nous projeter vers le monde. A mille lieux des cassandres dont notre histoire est malheureusement remplie, cette vision de la nation comme une communauté solidaire qui permet à chacun de se dépasser est un message clé pour que la France affronte sereinement les années à venir.

L’héritage gaulliste, c’est justement une France présente sur la scène internationale. C’est une France qui refuse d’être le vassal d’une autre puissance, aussi forte soit-elle et qui s’exprime en toute liberté. C’est une France tournée vers les autres : le Général fut le premier dirigeant occidental à visiter la Chine puis l’URSS. C’est une France qui, si elle porte un message universel de démocratie et d’humanisme, sait le faire en respectant les autres civilisations sans calquer bêtement notre modèle occidental sur des pays à la culture complètement différente. C’est une France qui sait également être ferme. Enfin, c’est une France qui joue un rôle dans un monde multipolaire, point d’équilibre entre les blocs pour permettre le dialogue et la détente. Le monde a besoin de notre pays comme l’épisode de la guerre en Irak l’a montré : un alignement de la France sur les Etats-Unis aurait pu faire dégénérer ce conflit en guerre de civilisations, ce qui a heureusement été évité. Cette vision de notre rôle dans le monde devient chaque jour plus pertinente sur une planète où l’hyper-puissance américaine est chaque jour davantage contrebalancée par l’émergence de la Chine et l’Inde et le retour de la Russie de toujours.

L’héritage gaulliste, c’est aussi l’alliance de la modernisation économique et de la justice sociale. En des jours où la première ne semble jamais pouvoir se conjuguer à la seconde voir exige de la remettre en question, cela est d’autant plus d’actualité. La modernisation économique, ce fut la Sécurité Sociale, une politique industrielle vigoureuse (Airbus, TGV, Ariane, la filière nucléaire sont le fruit d’initiatives des années 60), une très forte croissance du pouvoir d’achat des ménages qui accédèrent pendant ces années à de nombreux biens matériels comme l’automobile ou l’électroménager. Le Général de Gaulle fut constamment animé par le souci de faire progresser la France tout en s’assurant que tous les Français en profitent. La politique de la France ne se faisait pas « à la corbeille ». La participation, initiative qu’il n’a pas pu complètement mener à bien, est particulièrement significative de cette volonté d’assurer un juste partage des fruits de la croissance. Aujourd’hui, comme avant la crise des années 30, l’immense majorité des nouvelles richesses que crée le système économique vont à une petite minorité et dans les profits des entreprises. Cela donne une actualité brûlante au gaullisme.

Pour toutes ces raisons, et bien d’autres, le message du Général de Gaulle est plus que jamais actuel. Plus encore, l’évolution de la situation internationale et l’évolution économique illustrent chaque jour davantage la pertinence d’un message, qui peut être la boussole dont la France a besoin pour son avenir.

Laurent Pinsolle
http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com