04 mars
2009

 

Otan : Les opposants UMP rentrent dans le rang

 

 

  • L'engagement éventuel de la responsabilité de François Fillon contraindrait les députés de la majorité à la solidarité.

Ils préfèrent la soupe à la France

Avec moi ou contre moi : en annonçant qu'il envisage d'engager sa responsabilité devant l'Assemblée sur le retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan, François Fillon force les députés UMP à serrer les rangs derrière lui. Un éventuel désaveu de l'Assemblée en pareil cas forcerait le premier ministre à présenter la démission du gouvernement. «Fillon lie son sort à l'issue d'un vote éventuel sur l'Otan pour contraindre les députés UMP qui traînent les pieds à le soutenir», argumente le président de Debout la République Nicolas Dupont-Aignan. «Prise sans avoir été annoncée durant la campagne présidentielle ni fait l’objet d’aucune consultation des forces politiques ou du Parlement, la décision du retour de la France dans l’Otan est gravissime pour notre pays» affirme dans un communiqué le président du parti Gaulliste.

Refuser de voter la confiance à Fillon serait un véritable cas de conscience pour un député UMP. D'autant qu'une mesure de rétorsion - être privé de l'investiture du parti aux prochaines législatives et se voir opposé un autre candidat UMP - n'est pas à exclure pour les rebelles. Rares sont donc les députés de la majorité qui songent à franchir le Rubicon.

Adieu Michèle ; elle quitte le gaullisme !

Alors que Bernard Kouchner et Hervé Morin, respectivement ministre des Affaires étrangères et de la Défense, ont été entendus à huis clos par les commissions compétentes de l'Assemblée, Michèle Alliot-Marie, la ministre de l'Intérieur et ancienne ministre de la Défense soutient, dans une tribune du Figaro (16/02/09), journal atlantiste et notoirement anti-gaulliste, la décision du président de la République de faire revenir la France dans le commandement militaire de l'Otan. Adieu Michèle ! J'ai cru un moment en votre réaction. Cruelle déception.

Et Jacques Myard

Autre franc-tireur du groupe UMP, Jacques Myard (Yvelines) juge que la décision du chef de l'État est «une rupture avec un axe fondamental de notre politique étrangère depuis que le général de Gaulle a décidé de quitter le commandement intégré en 1966». L'ancien partisan du non au référendum du 29 mai 2005 prévoit cependant de ne pas prendre part au vote si le premier ministre engage sa responsabilité. «J'ai un point de désaccord important avec mes amis, mais je ne veux pas ruiner l'ensemble de la politique du gouvernement», plaide-t-il.

Hervé de Charrette : paroles, paroles, paroles … toujours des paroles

Longtemps proche de Myard, Lionnel Luca (Alpes-Maritimes) est plus sceptique qu'hostile sur le dossier de l'Otan. Hervé de Charette (Maine-et-Loire) s'est montré très critique lors de l'audition de Morin et Kouchner. Ancien ministre des Affaires étrangères de 1995 à 1997, il a attiré l'attention de ses collègues sur la disproportion entre l'influence de Washington et celle de ses alliés au sein du commandement intégré. Mais l'ancien fidèle de Valéry Giscard d'Estaing ne s'en est pas moins finalement rallié à la position du gouvernement.

Le combat pour l'indépendance nationale est engagé

Que reste-t-il ? Les gaullistes de conviction.

Dominique de Villepin, ancien premier Ministre et ex-ministre des Affaires étrangère, dont le discours du 14 février 2003 à l'ONU a redonné à la France son audience notamment auprès des pays les plus démunis, refuse fermement cette soumission.

Dominique de Villepin doit répondre à l'appel des gaullistes. De plus, il lui appartient de prendre toutes les dispositions pour fédérer, dans un consensus national indispensable, les oppositions à la réintégration de la France dans les organes militaires intégrés de l'Otan. Il ne sera pas seul.