Réactions en chaine..
Rama Yade,
la secrétaire d'Etat chargée des Affaires étrangères et des
droits de l'homme se demande en tout cas si on peut "accorder
une confiance absolue à celui qui demande d'être traité comme
n'importe quel chef d'Etat et qui, avant même d'être arrivé sur
le sol français, affirme que le terrorisme est légitime pour les
faibles".
La France,
rappelle-t-elle, "ne tire pas seulement son prestige de sa
puissance économique, mais aussi des principes et des valeurs
qui font que la France est un pays semblable à nul autre".
Paris, selon Rama Yade, n'a "pas non plus" à "remercier"
Mouammar Kadhafi "d'avoir libéré les infirmières et le médecin
bulgares, car ces gens étaient innocents".
Rama Yade invite le
leader libyen à éviter "toute provocation" dans cette affaire,
"sans oublier les gestes forts indispensables pour les 170
victimes de l'attentat du DC-10" en 1989.
Bernard-Henri Lévy
s'est déclaré «choqué». «On n'invite pas en visite d'Etat un
grand terroriste et un preneur d'otages international» comme
lui, a déclaré le philosophe sur RTL. «Visite d'Etat,
peut-être les drapeaux sur les Champs Elysées. On nous parle
d'un recueillement sur la tombe du Général de Gaulle à
Colombey-les-deux-Eglises. On rêve !», s'est-il exclamé.
François Bayrou
a jugé pour sa part cette visite «indigne». «Le dictateur libyen
qui s'est rendu coupable d'actes de terrorisme parmi les plus
cruels des dernières décennies» et de «prises d'otages» avec les
infirmières bulgares «ne doit pas être honoré par la France», a
déclaré le président du MoDem. «Tout cela demande dans
l'opinion française une mobilisation d'indignation», a
estimé le député des Pyrénées-Atlantiques, en dénonçant «la
diplomatie business» menée en fonction «du carnet de chèques»
des interlocuteurs.
Kouchner résigné.
Le ministre des Affaires
étrangères Bernard Kouchner défend pour sa part la venue du
dirigeant libyen. "Je suis résigné à le recevoir", a-t-il
indiqué sur France Inter lundi, ajoutant qu'"il faut
constater que la Libye a évolué. "Kadhafi a renoncé au
terrorisme et aux armes de destruction massive", a-t-il
affirmé, ajoutant que contrairement aux autres pays qui se sont
"précipités" pour conclure des accords économiques avec Tripoli,
la France a tout d'abord poussé la Libye à libérer les
infirmières bulgares. "C'est une diplomatie de l'ouverture
que nous pratiquons. Il faut se mettre du côté de l'évolution",
a affirmé le ministre, assurant qu'il n'oublie pas les
victimes du régime libyen. Interrogé sur son absence au dîner
donné en l'honneur de Mouammar Kadhafi lundi soir, il a estimé
que celle-ci est due à un heureux hasard d'agenda. Il est
attendu à Bruxelles.
Fillon dénonce les "donneurs de
leçon". "Que les donneurs de leçon
tournent sept fois leur langue dans leur bouche ! Laisser les
infirmières bulgares croupir dans les geôles libyennes, c'aurait
été un crime", a indiqué le Premier ministre à Buenos Aires,
dans une allocution à l'ambassade de France.
"La France reçoit le colonel Kadhafi parce que le colonel
Kadhafi a libéré les infirmières bulgares et parce que le
colonel Kadhafi s'est engagé dans un processus de réintégration
dans la communauté internationale", a-t-il expliqué. Le
dirigeant libyen est aussi reçu, a-t-il ajouté, "parce que
nous avons besoin que la Libye, dans le cadre des relations
inter méditerranéennes, redevienne un pays avec lequel on puisse
discuter et redevienne progressivement un pays où les droits de
l'Homme soient respectés." |
Rarement visite officielle aura suscité une telle polémique. La
venue, lundi 11 décembre, du colonel Kadhafi, en France, à l’invi-tation de
Nicolas Sarkozy n’en finit de provoquer des remous.
Après les critiques samedi du député socialiste Pierre
Moscovici, c’est Ségolène Royal qui est montée au créneau
dimanche. Sur Canal +, l’ex-candidate à la présidentielle a
dénoncé la visite officielle en France du colonel Kadhafi, ainsi
que les félicitations adressées par Nicolas Sarkozy à Vladimir
Poutine après les élections en Russie, demandant s'il faut «se
mettre à genoux devant les intérêts financiers».
A la veille de l'arrivée à Paris du président libyen, elle a
jugé «tout simplement odieux, très choquant, même inadmissible
que la France aille cautionner un système de tortures en
prison», en référence aux soignants bulgares qui étaient détenus
en Libye, jusqu'à leur libération en juillet.
Même son de cloche de la part du chef de file des députés PS
Jean-Marc Ayrault, un proche de Royal. Dans un communiqué, il a
demandé dimanche l'annulation de la visite «inacceptable» du
colonel Kadhafi à l'Assemblée nationale, et a annoncé que son
groupe refusait de l'accueillir.
En réponse l’UMP Bernard Accoyer, président de l’Assemblée
nationale a fait savoir que le dirigeant libyen serait reçu à
l’Hôtel de Lassay (résidence du président de l’Assemblée) «comme
il est d’usage» pour une visite officielle.
De son côté, une association anti-nucléaire basée à Bordeaux,
Tchernoblaye, a annoncé dimanche dans un communiqué envoyé à
20minutes.fr avoir porté plainte pour «torture» contre le numéro
un libyen. Elle exige son arrestation lors de sa venue à Paris.
Elle invoque «le principe de compétence universelle», transposé
par la France dans son droit interne en tant que pays signataire
de la Convention internationale de 1984 contre la torture.
Pour sa part, l'ancien Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin
a estimé dimanche sur Radio J qu'il fallait recevoir le colonel
Kadhafi en France, ajoutant que «recevoir, ce n'est pas se
soumettre». «Nous sommes évidemment en désaccord avec de
nombreuses expressions et convictions du colonel Kadhafi», a
précisé le sénateur de la Vienne, interrogé sur une déclaration
du guide jugeant «normal que les faibles aient recours au
terrorisme». Mais, a-t-il ajouté, «les infirmières bulgares,
cela vaut bien une visite».
Autre raison, selon l'ex-chef de
gouvernement, le «grand projet de Nicolas Sarkozy d'Union
méditerranéenne. Il est important que la rive sud de la
Méditerranée se développe et que la Libye fasse plus d'efforts
pour développer le Maghreb». Sans oublier les milliards d’euros
de contrats qui doivent être signés cette semaine à Paris par
les Libyens.
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