Alors
que les débats se poursuivent sur divers points de la réforme des
institutions, de Gaulle s’est trouvé cité à maintes reprises dans les
discussions. Dernièrement, c’est le secrétaire d’Etat chargé des
Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, qui a souligné que, « dès
1963, le général de Gaulle avait souhaité pouvoir s’exprimer devant les
assemblées et avait envisagé une modification de la Constitution à cet
effet ». Il a également fait valoir que « les mouvements de gauche n’ont
eu de cesse, depuis des décennies, de réclamer des droits nouveaux pour
les assemblées », concluant que cette réforme « est donc bien
l’aboutissement d’un long processus que toutes les forces politiques ont
appelé de leurs voeux ».
Edouard Balladur,
président du comité éponyme chargé de formuler les propositions de
réforme qui ont servi de base au projet de révision constitutionnelle, a
pour sa part exprimé son « très grand agacement envers tous ceux qui
utilisent à tort et à travers » le souvenir du général de Gaulle pour
critiquer la réforme. « Il est normal qu’au bout d’un demi siècle on
étudie les adaptations nécessaires à nos institutions », a-t-il déclaré
sur LCP.
« Le Général
n’a jamais hésité à modifier ce qu’il avait fait lorsqu’il estimait que
c’était nécessaire », a-t-il estimé, rappelant notamment l’élection du
Président de la République au suffrage universel direct ou la réforme de
la décentralisation. Sauf que, hormis la révision du 6 novembre 1962 —
qui était en germe dans la Constitution de 1958 — et le projet inabouti
de 1969, le Général n’a pas touché à la répartition des pouvoirs ni à
leurs relations. Par ailleurs, M. Balladur ne peut laisser entendre
qu’aucune évolution n’a eu lieu en un demi siècle : dans l’esprit, la
lettre et la pratique, la Ve République a traversé au contraire une
remarquable variété de contextes et de réformes qui en ont démontré
l’élasticité. Alors qu’il faille imaginer de nouvelles évolutions,
pourquoi pas, mais encore faut-il le faire sans trahir le génie du texte
ni par simple « bougisme institutionnel »...
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