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Organiser la coopération et la sécurité des peuples de la « Grande Europe » |
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Cette « nouvelle » Russie - que la fierté nationale et le dessien de puissance n'ont jamais quittée depuis la dislocation de son « empire » en 1991 - a entendu montrer à l'Occident, dans l'affaire géorgienne, que, requinquée par la croissance, les bénéfices du gaz et du pétrole, « l’ours » russe était sorti de son hibernation et que le Kremlin - sa détermination est totale, on le voit, avec désormais le « tandem » Menvedev-Poutine - n'accepterait plus la politique d'humiliation et d'encerclement de la Russie menée par les États-Unis et leurs satellites européens. Il est clair que, si les États-Unis et l'Union Européenne devaient continuer demain - sans avoir pris en compte la « leçon géorgienne » - à chercher à « grignoter » le champ géopolitique de la Russie à ses frontières occidentales (en encourageant l'Ukraine, berceau historique de l'État russe, à adhérer à l'OTAN,…), alors, on ne se hasarde guère à avancer que l'on rentrera dans une « nouvelle guerre froide » - et des risques majeurs de confrontation -, et notre vieille Europe pourrait se retrouver bientôt au centre d'un «cataclysme mondial » (Mikhaïl Gorbatchev) qu’on voyait désormais davantage, au XXIème siècle - dans le « contexte de globalisation turbulente et de nations émergentes » (Benoît VI) de notre monde « uni-multipolaire » - et de ces évolutions -, se dessiner entre les États-Unis et la Chine. • Face à cette perspective, à terme, de nouveaux conflits possibles sur le sol du Vieux Continent, il convient donc - « l’Union Européenne et la Russie ayant intérêt à chercher ensemble leur salut » (Alexandre Adler[1]) - de veiller à arrimer pour de bon la Russie… européenne à… l’Europe ; bref, de travailler à la constitution d'un ensemble « euro-russe » - en retrouvant l’esprit de l'axe « Paris-Berlin-Moscou », que nous préconisons depuis longtemps -, et, au-delà, de travailler à la constitution d'un ensemble « Euro-russo…méditerranéen » (élargi, en effet, à la Turquie et pays du Sud et de l’est de la Méditerranée) : il y a là, pour certains - on partage ce point de vue - le grand pôle susceptible de maintenir « l'Europe » au niveau de 5-6 grandes zones dominantes des années 2050. • La construction de cette « Grande Europe » (comprenant, donc, la Méditerranée, si possible) exige vraiment que « nous changions notre regard sur la Russie » (Roland Hureaux[2]) ; que nous refusions donc de considérer comme une donnée de départ, intangible, la division actuelle, sinon à se condamner au mieux à la recherche d'un « partenariat UE-Russie » officialisant ce schéma bilatéral, au pire, à l'affrontement de deux « blocs » dont l’un - le nôtre - a tendance à se poser en modèle de « civilisation » tandis que l’autre sera jeté dans les bras d’un triangle Russie, Inde, Chine[3] ; et qu'à l'inverse, nous voulions d’emblée l'organisation de la coopération et de la sécurité de ce seul ensemble « euro-russe» (sinon méditerranéen). L’outil qui peut sans doute, au départ au moins, être l’instrument permettant d’avancer dans cette direction existe : c’est l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe). On rappelle que l’OSCE est née - elle s'appelle alors CSCE (Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe) - en 1975 à Helsinki, dans une des phases de détente qui ont scandé la « guerre froide ». Cette CSCE s'est institutionnalisée en tant que structure pan-européenne de sécurité et de coopération lors du Sommet de Paris du 19 au 21 novembre 1990, seule institution ayant trait à la sécurité européenne dans laquelle se retrouvent les États-Unis et la Russie. La Russie et la France ont pensé alors faire de la CSCE la pièce majeure d'une vaste « toiture » de sécurité européenne. C'est dans cet esprit que le Sommet de Budapest de décembre 1994 décide du changement de nom : CSCE en OSCE, modification liée à la volonté de donner à l'institution plus de moyens. On sait aussi que l’OSCE ne parviendra pas à jouer véritablement ce rôle de coordination et de supervision de la sécurité en Europe, les États-Unis - on l'a vu - parvenant peu à peu, dans la décennie 1990, à imposer l’OTAN comme cadre de cette sécurité européenne. Mais on sait également que la Russie a remis en avant (depuis le discours du Président Medvedev à Berlin, le 5 juin 2008) l’idée d’un nouveau « pacte de sécurité européen » qui reprend la « filiation » CSCE/OSCE de la décennie 90. On se doute bien sûr - à l’heure où la Russie redevient… la Russie, c'est-à-dire, de toujours, un peuple, une histoire, un potentiel militaire, une grande puissance aspirant à la recherche d'un rôle dominant sur le continent européen - que cette démarche est au service de ses propres intérêts. Mais pourrait-on citer un « Etat-Nation » qui ait un autre comportement ?! À l’heure où le « nouvel ordre » élaboré après l’effondrement de l'URSS en 1991 est mis en cause en Europe et où on sent bien la nécessité d’une « Conférence internationale » pour tenter d’aménager le « désordre » et les « turbulences » résultant du « nouveau » rapport de forces de notre fin de décennie 2000 sur le sol du Vieux Continent, on croit donc indispensable que la France (elle doit, pour ce faire, garder son statut particulier actuel dans l’OTAN) prenne l'initiative, comme dans les années 90, de réactiver l’OSCE - présente d’ailleurs dans le Caucase - pour faire avancer le projet de « Grande Europe… européenne », au mieux dégagée des tutelles extérieures, qui demain, après-demain, pourrait bouleverser la donne sur la scène internationale. Et nul doute que si Nicolas Sarkozy parvenait à poser quelques pierres de cette « utopie… réaliste » dans la filiation gaullienne[4], sa place lui serait réservée dans l'Histoire. [1] Cf. Adler (A) : « L’Union Européenne et la Russie ont intérêt à chercher ensemble leur salut », Le Figaro, 06-07 septembre 2008. [2] Cf. Hureaux (R) : « Changeons notre regard sur la Russie, Le Figaro, 27 août 2008. [3] Dans le cadre de l’Organisation de Coopération de Shangaï (OSC). [4] Terminons - nous aurions d’ailleurs sans doute pu et dû commencer par elle - par la fameuse citation du Général de Gaulle (1949) : « Moi je dis qu’il faut faire l’Europe avec pour base un accord entre Français et Allemands. (…) Une fois l’Europe faite sur ces bases (…), alors on pourra se tourner vers la Russie. Alors, on pourra essayer, une bonne fois pour toutes, de faire l’Europe toute entière avec la Russie aussi, dut-elle changer son régime. Voilà le programme des vrais Européens. Voilà le mien ». |